Une cinquantaine de journalistes ont été formés les 4 et 5 avril à Cotonou par Afrika Stratégies France. Saluée par les bénéficiaires et financée par le gouvernement, cette initiative vise à les outiller pour la couverture médiatique des élections législatives du 28 avril. Communications, échanges, débats et exercices ont meublé l’atelier à la fin duquel un plan de suivi a été mis en place.
45 professionnels des médias dont le tiers vient de l’intérieur du pays, 5 délégués de l’Association béninoise du web activisme (Abwa) invités par la direction générale des médias y ont pris part. Placée sous le parrainage de la ministre béninoise de l’économie numérique et de la communication, Aurelie Adam Soulé Zoumarou, la formation a été ouverte par son secrétaire général. L’occasion pour Serge Edgard Koudjo d’insister sur l’importance de cette opportunité et d’appeler les uns et les autres « à y prendre activement part » et surtout, « à en appliquer les directives pour des élections apaisées« . Le responsable Formations et Marketing de Afrika Stratégies France, Brice Kodjo a tenu à exprimer sa gratitude « à Patrice Talon et à son gouvernement pour cette opportunité inédite« . Le rôle joué par Léandre Wilfried Houngbédji, directeur de la communication de la présidence ayant été déterminante pour la tenue de cette formation. Représentant l’Union des professionnels des médias du Bénin (Upmb), Zakiath Latoundji a appelé les participants « à prêter l’attention nécessaire pour tirer le meilleur de cette formation« . La vice-présidente de l’Upmb y verra « une chance que le gouvernement offre à la veille d’un important scrutin électoral« .
Ecriture, déontologie et code numérique
Deux jours. A la salle de conférence de la Cour d’appel de Cotonou. La formation proprement dite a été ouverte par un panel consacré au rappel de l’écriture journalistique. « C’est justement parce qu’on en sait beaucoup qu’il faille le rappeler suffisamment, pour que les techniques d’écriture journalistique ne soient pas une routine mais un ensemble de principes cardinaux » avertit Max-Savi Carmel. Le formateur, d’origine béninoise et membre de l’équiê d’Afrika Stratégies France venue de Paris la veille fera un rappel rapide suivi de quelques exercices. Le cœur de la formation aura été l’écriture pour le web et les réseaux sociaux. « Ils sont devenus incontournables qu’on le veuille ou non et sont à l’avant-garde de l’information en période électorale » concède Fabbi Kouassi. Ancien correspondante à Lomé de la radio anglaise BBC, cette togolaise qui dirige deux médias en ligne s’est occupée des panels liés au web, aux réseaux sociaux et à la radio et télévision. Plus qu’une formation, c’était un échange dont la pédagogie a été appréciée par les participants. « Le fait que les formateurs nous aient pris en égaux a été un facteur d’ouverture et d’assimilation facile » remarquent les apprenants venus des médias publics et privés. Une grande séance déontologique a permis à Max-Savi Carmel de rappeler les contours (notions, nuances et législations) autour des principaux délits de presse (la diffamation, la calomnie, l’injure, la fausse information) ainsi que les principes d’impartialité, d’équité, de rigueur. Un débat suivra sur les relations du journaliste avec l’argent et les réseaux d’influence. La formation prendra fin avec une courte séance d’une heure au cours de laquelle Levy Ayéyémi, directeur général des médias du Bénin a décortiqué pour l’assemblée le code de l’information et de la communication du pays, insistant sur ses innovations en matière numérique. « Il n’est pas parfait mais il reste un bon début » a-t-il souligné, saluant « des journalistes de plus en plus rigoureux« . Selon lui, « les choses vont beaucoup mieux qu’il y a quelques années« .
Un Label au service de la professionnalisation
La formation a pris fin avec la remise des attestations et diplômes d’honneur. Peu avant, un exercice auquel Afrika Stratégies France soumet ses apprenants aura eu lieu, des critiques, doléances et notations. Une note de 16,33 sur 20 a été attribuée sous les applaudissements bien nourris des participants. Mis en place depuis quelques années par des journalistes français et africains, Afrika Stratégies France (ASF) est à la fois une organisation française non gouvernementale mais aussi un média panafricain en ligne. Depuis deux ans, ASF multiplie des formations en Afrique, visant à relever le niveau, parfois déplorable, des journalistes du continent. « Même s’ils sont de plus en plus mieux formés qu’il y a quelques décennies, la presse en Afrique reste artisanale, peu professionnelle et souvent certains de ses acteurs maîtrisent peu les principes de base du métier » regrette Max-Savi Carmel, formateur mais aussi rédacteur en chef de www.afrikastrategies.fr . Cette année, ASF a déjà organisé une formation similaire à l’université Centrale de Tunis en janvier, avant celle du Bénin. « Nous devons en faire en moyenne 5 chaque année » rappelle Brice Kodjo qui promet d’autres rendez-vous notamment à Lomé, à Abidjan et à Addis-Abéba pour 2019. Les formations de Afrika Stratégies France sont labélisées par European school of business and international affairs (Esbia France) qui en délivre les parchemins et visent à recycler les professionnels des médias mais aussi à susciter des vocations de qualité notamment dans le journalisme d’investigation pour une Afrique minée par des crimes économiques. Une plateforme wathsapp a été mise en place par les participants afin d’organiser, même à distance, un travail de suivi.
Ces formations devraient, à défaut de véritables écoles de journalisme, contribuer à l’émergence de qualité pour le continent où la précarité et les pressions politiques planent en permanence sur l’indépendance des médias.
Josué Méhouénou, Maxime Sanny, Derrick Cakpo, Perpétue Egounléty, Bonaventure Agbon, James-William Gbaguidi, participants à la formation