De l’énergie pour tous les Ivoiriens à l’horizon 2020, c’est le défi que s’est lancé le président ivoirien dès son arrivée au pouvoir. Et depuis, Alassane Ouattara ne cesse de multiplier des initiatives pour atteindre cet objectif. Des projets d’envergure sont mis en route pour impacter l’ensemble du territoire en vue de fournir de l’énergie à moindre coût aux populations. A l’occasion de son « Spécial Côte d’Ivoire », Afrika Stratégies France s’intéresse à la question de l’énergie.
Décembre 2018. Un immense plan d’électrification vient d’aboutir. Avec l’aide de la banque africaine de développement (Bad), 60 villages près de Man (ouest) sont sortis des ténèbres dans la région de Tonkpi. Coût? Près de 90 milliards CFA grâce au Projet de renforcement des réseaux de transport et de distribution (Pretd). A terme, ce projet permettra l’électrification de 252 villages du district des Montages. Car Alassane Ouattara a fait du défi de l’énergie un élément pionnier du développement. « Sans énergie, pas de lumière et sans lumière, on ne sort point de l’ombre » aime répéter le président ivoirien. L’énergie, socle de tout développement est l’un des secteurs phares ayant requis l’attention du Chef de l’État ivoirien. Le président de la République de Côte d’Ivoire nourrit l’ambition d’éclairer tout le pays et partant, toute la région. De 2011 à 2017, le pays a investi 7 000 milliards de FCfa (plus de 10 milliards d’euros) dans le secteur, selon les données du ministère de l’Énergie. D’importants investissements ayant permis de satisfaire les besoins des ivoiriens et d’envisager l’exportation de l’électricité au Ghana, au Burkina Faso, au Mali, au Togo, au Bénin et au Libéria.
Doubler la capacité à l’horizon 2020
Pour satisfaire les besoins générés par l’accroissement de la demande, un programme de renforcement du parc électrique a été lancé en 2011 pour doubler la puissance installée à l’horizon 2020, avec priorité pour le mix énergétique. L’objectif est de développer le renouvelable, principalement l’hydraulique, pour réduire la part du thermique (gaz ou pétrole pour l’instant et peut-être charbon dans le futur), lequel reste prédominant : plus de 80 % du parc actuel. Par ailleurs, fidèle à ses engagements pris à la Cop21, de réduire de 28% de ses émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030, des efforts considérables ont été consentis par la Côte d’Ivoire pour réduire sa consommation énergétique dans tous les secteurs, tout en préservant l’environnement. Les secteurs visés de prime à bord sont ceux de l’industrie, du transport et du bâtiment. Une campagne de distribution des lampes à basse consommation, a permis de distribuer déjà 4 468 368 lampes à 758.556 ménages, ce qui permet d’économiser 117 GW d’électricité par an, et d’aller vers les lampes Led qui ne produisent pas de mercure. Au niveau du cadre réglementaire, des lois ont été votées pour favoriser l’efficacité énergétique. Une loi de 2014 portant code de l’électricité par exemple encourage la sensibilisation des consommateurs à adopter des éco-gestes et à se détourner des équipements énergivores. Ainsi qu’un décret de novembre 2016 rendant obligatoire l’étiquetage des équipements est entré en vigueur à partir du premier janvier 2019. La construction de nouveaux barrages hydrauliques est programmée et la volonté de faire évoluer les énergies renouvelables est présente, ce qui devrait permettre au pays de tenir ses engagements.
Des projets d’envergure
Doubler la capacité de production électrique du pays, à 4 500 Mw, c’est le défi majeur du Chef de l’Etat ivoirien. Et sous l’impulsion d’Alassane Ouattara, d’importants projets sont engagés. Dans cette perspective, le Programme national d’électrification rurale (Proner) est initié et vise l’électrification des villages de plus de 500 habitants avant 2019. Adopté en Conseil de ministres en juillet 2013, le programme devrait avoir un coût global d’environ 600 milliards de F Cfa (1,4 milliard de dollars). Selon les données disponibles, à la fin 2017, les localités impactées s’élevaient à 4 600 sur 8 000 pour dépasser les 5 000 en 2018, ce qui permet d’atteindre les objectifs en 2020. D’autre part, instauré en mai 2014, le Programme électricité pour tous (Pept) vise de son côté à « favoriser l’accès de l’ensemble des populations à l’électricité », notamment en facilitant les modalités de paiement du coût de raccordement. Avec un apport initial de 1 000 FCfa, les bénéficiaires du « Programme Electricité pour tous » disposent d’un branchement électrique et d’un abonnement au réseau électrique dont le coût total, d’environ 150 000 FCFA, sera payé sur une période de 10 ans. L’initiative répond à la volonté du Chef de l’État, de faire de la Côte d’Ivoire, « un pays émergent à l’horizon 2020 ». Et pour répondre à une demande d’électricité de plus en plus importante, induite par la reprise économique et la croissance démographique, le gouvernement a décidé d’augmenter la capacité de production électrique qui, estimée à quelque 2 000 MW en 2015, devrait passer à plus de 4 000 MW à l’horizon 2020. Par ailleurs, un ambitieux Projet de développement et de réhabilitation du réseau électrique (Proderci) a été lancé en juillet par le Premier ministre. D’un coût de 460 milliards de Fcfa (environ 822 millions de dollars), il prévoit la construction de 11 nouveaux postes haute tension, la réhabilitation et l’extension de 15 postes haute tension existants, la construction de 1 685 km de lignes haute tension et la création de 41 nouveaux départs de 30 kW et de cinq nouveaux départs 15 kW à Bondoukou et Bouna, dans le nord du pays.
La promotion du Photovoltaïque
Soucieux de la protection de l’environnement la Côte d’Ivoire a consenti d’importants investissements dans les énergies renouvelables. Mardi 30 octobre 2018, le Conseil des ministres a adopté un décret portant approbation de la Convention Galilea pour la conception, le financement, la construction, la détention en pleine propriété, l’exploitation, l’entretien et la maintenance des ouvrages d’une centrale solaire de 66 MW à Korhogo ». D’un coût estimé à 47,2 milliards de FCfa (environ 73,8 millions de dollars), la centrale permettra de produire environ 118 GW d’énergie par an. La centrale de Korhogo vient s’ajouter à celle de Boundiali (nord), la première centrale solaire du pays, qui d’une capacité de 37,5 MW, permettra d’alimenter environ 30 000 ménages. La centrale de Benguébougou, dans le département de Korhogo vient quant à elle appuyer la stratégie de développement du photovoltaïque à grande échelle. D’un coût de 23,6 milliards de FCfa et d’une capacité de 25 MW, elle contribuera à réduire la dépendance du pays aux combustibles fossiles, et donc à respecter l’Accord de Paris. Le gouvernement ivoirien œuvre également au renforcement des partenariats internationaux afin d’atteindre ses objectifs. Un accord de 14,9 milliards de FCfa (environ 25 millions de dollars) a été signé le 19 octobre 2018 avec l’Espagne. Objectif : financer les secteurs de l’eau et l’électricité. L’accord permettra en effet la construction du poste source 225/33 KV d’Abobo-Anyama pour un montant de 9,6 milliards de F CFA (environ 16,6 millions de dollars) et la construction du château d’eau d’Abobo avocatier de 5 000 m3/h pour un montant de 5,3 milliards de F CFA (environ 9 millions de dollars).
La vision « Energie pour tous à l’horizon2020 » prônée par Alassane Ouattara livre déjà des résultats concrets qui impactent directement le quotidien des populations. 930 910 ménages bénéficient de la réduction de 20% du tarif social d’électricité, 1838 localités de plus de 500 habitants doivent être connectées au réseau électrique, quand 92 557 ménages, sur un objectif annuel de 200 382, jouissent, au 30 juin 2019, du Programme électricité pour tous (Pept). Par ailleurs, fin septembre, Alassane Ouattara accompagné de l’ensemble de son gouvernement pour une visite d’État dans la Région du N’Zi, Centre-est du pays, a procédé à une série de mise sous tension decertaines localités, dans le cadre du Programme national d’électrification rurale (Proner) 2020. Un programme qui, de 2012 à fin août 2019, a permis d’impacter plus de 80 localités dans le département de Dimbokro. Ahouniassou, Lengbe-Kouadiokro situé en périphérie de Kouassi-Kouassikro, le quartier de Blaidy avec extension à Bocanda, mais également, le quartier Koffi Ackant dans la commune de Dimbokro, sont autant de localités raccordées au réseau électrique. Pour sa part, Guiglo a connu le lancement par le premier ministre, du Programme d’extension des réseaux électriques. D’un coût d’environ 1,2 milliard de FCfa, il concerne 35.000 ménages, soit environ 100.000 personnes qui recevront de l’électricité. Les premiers quartiers seront servis à la fin 2019. La fin des travaux est prévue pour juin 2020.
Thomas Azanmasso, Afrika Stratégies France