Condamné par contumace pour « atteinte à la sûreté de l’État », l’ancien Premier ministre ivoirien conteste le verdict et se tourne vers la justice internationale.
« Nous avons introduit un recours en appel contre ce verdict et avons saisi des juridictions internationales, notamment la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples (CADHP) », a déclaré Me Souleymane Diallo.
Le 23 juin, la cour d’assises d’Abidjan avait condamné Guillaume Soro à la perpétuité et ses principaux coaccusés – Souleymane Kamagaté, son ex-chef du protocole, Affoussy Bamba, son ancienne ministre et Touré Moussa, son ancien chef de la communication –, à 20 ans de prison
« Ce procès s’est tenu au mépris et en violation des règlements et de plusieurs décisions de la Cour africaine », a estimé Me Diallo, soulignant que « la Côte d’Ivoire s’est illustrée de la plus mauvaise des manières vis-à-vis des juridictions internationales ».
Bras de fer à la CADHP
Le 22 avril 2020, la CADHP avait en effet ordonné à Abidjan de suspendre son mandat d’arrêt contre Soro et de remettre en liberté 19 de ses proches condamnés le 23 juin. Mais les autorités ivoiriennes avaient estimé que les décisions de la Cour africaine portaient « atteinte à la souveraineté de l’État de Côte d’Ivoire, à l’autorité et au fonctionnement de (sa) justice ». Le 23 juin, la cour d’assises avait également ordonné la dissolution du mouvement de Guillaume Soro, Générations et peuples solidaires (GPS), accusé de se livrer à « des actes subversifs ».
En réponse, l’État ivoirien s’était retiré du protocole de la CADHP. Une décision faisant suite « aux graves et intolérables agissements que la CADHP s’est autorisée et qui, non seulement portent atteinte à la souveraineté de l’État mais sont également de nature à entraîner une grave perturbation de l’ordre juridique interne des États », avait alors argué Sidi Tiémoko Touré, porte-parole du gouvernement.
Guillaume Soro, 49 ans, qui vit en exil, et ses coaccusés étaient accusés de « complot », de « tentative d’atteinte contre l’autorité de l’État » ainsi que de « diffusion et publication de nouvelles fausses jetant le discrédit sur les institutions et leur fonctionnement, ayant entraîné une atteinte au moral des populations ».
En avril 2020, Guillaume Soro avait déjà été condamné à 20 ans de prison dans l’affaire de la villa de Marcory Résidentiel pour recel de détournement de deniers publics. Il avait tenté, selon la justice, de s’approprier une résidence achetée par l’État pour le loger lorsqu’il était Premier ministre. Cette condamnation avait justifié l’invalidation de sa candidature à la présidentielle d’octobre 2020.
Afrika Stratégies France avec Jeune Afrique