Son rappel à Paris est plutôt lié aux relations maladroites que Gilles Huberson entretient avec les femmes. Que ce soit à Bamako ou à Abidjan, le diplomate qui enchaine des conquêtes parmi ses collaboratrices a souvent été « sexiste » selon de nombreux témoignages concordants. Mais il n’est pas écarté que cet acte protocolaire soit aussi symptomatique du refroidissement des relations entre Macron et Ouattara depuis que ce dernier a refusé de se désister pour son 3e mandat.
L’information, donnée par la presse, a été rapidement confirmée par le ministère français des affaires étrangères. Le Quai d’Orsay évoque des raisons personnelles et « privées » alors que la presse française et ivoirienne se passionnent d’un rappel qui « aurait » des liens avec la situation en Côte d‘Ivoire. Selon toute vraisemblance, le séjour de l’ambassadeur à Paris est plus lié à une enquête le concernant. Il a d’ailleurs été écouté plusieurs fois par des enquêteurs internes et le Déontologue du Quai d’Orsay. Mais si l’Élysée ne le laisse pas rejoindre rapidement son poste et ne le remplace pas dans la foulée, cela pourrait être un signal rusé à Ouattara d’autant que les relations sont de moins en moins bonnes entre Paris et Abidjan. C’est ce qu’on appelle faire d’une pierre politique deux coups diplomatiques.
Rappel inattendu
Personne ne s’y attendait. La semaine dernière, alors qu’il s’apprêtait à avoir une audience avec le président ivoirien, Gilles Huberson doit subitement rallier Paris. Depuis plusieurs mois, une enquête interne serait en cours au Quai d’Orsay contre celui qui fut aussi ambassadeur au Mali de 2013 à 2016. Dans ce pays, il a été accusé par plusieurs françaises de propos sexistes et d’au « moins une tentative de viol ». Dans ce même pays, l’ambassadeur a multiplié les conquêtes même auprès de femmes maliennes. Il aurait, à cet effet, favorisé des obtentions de visas et des facilités pour « plusieurs de ses conquêtes ». Selon les premières informations, il est venu à Paris pour être écouté et devrait normalement rejoindre son poste à Abidjan avant fin septembre. Sauf qu’avec la fuite de l’information et l’ampleur des dégâts qui lui sont attribués, Huberson pourrait ne plus jamais retourner à Abidjan, en tout cas pas comme ambassadeur. Une belle revanche sans doute pour Emmanuel Macron qui voit de très mauvais œil la candidature de Alassane Ouattara pour un 3e mandat alors que lors de sa visite en décembre dernier à Abidjan, le président ivoirien avait juré « ne pas se représenter, en aucun cas ». Le président français lui a récemment rappeler sa promesse.
Signe de relations troublées ?
C’est ce que pensent de nombreux observateurs. D’autant que lors des affectations qui ont lieu dans la seconde quinzaine d’août, l’intéressé a été confirmé à son poste. Nommé depuis 2017, Huberson était en fin de mission, suivant la tradition et la pratique diplomatique de la France dans les pays africains. La durée de la mission est de trois ans. Mais la sienne a été prolongée d’un an pour lui permettre de « suivre de près la présidentielle d’octobre prochain » pour la simple raison qu’il connait bien la Côte d’Ivoire. D’où l’étonnement face à son inattendu rappel. Malgré l’enquête ouverte à son encontre par le Déontologue du Quai d’Orsay, il aurait pu, à cause de la présidentielle, rester en poste jusqu’à novembre ou décembre. C’est ce qui alimente les fantasmes à Abidjan comme partout dans la presse régionale ou française. Surtout que le président français a vainement tenté de dissuader Alassane Ouattara de briguer un 3e mandat. Ce qui, depuis leur rencontre de début septembre à Paris, a refroidi les relations entre deux personnes qui s’estimaient pourtant fort bien.
La Côte d’Ivoire va à une élection présidentielle le 31 octobre prochain. Sur les 44 candidatures, 40 ont été écartées au nombre desquelles, celles sensibles de Guillaume Soro et de Laurent Gbagbo. Une décision du Conseil constitutionnel ivoirien qui a embarrassé la France, appelée au secours par l’opposition.
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