C’est le plus grand rendez-vous mondial sur la lutte contre la désertisation et la sécheresse. Abidjan accueille l’événement onusien du 09 au 20 mai, mobilisant chefs d’état, de gouvernement, ministres, sociétés civiles et experts. En tout 196 pays. Objectif « agir avant qu’il ne soit tard ».
Palais des Congrès du Sofitel Hôtel Ivoire. 9 mai. Faure Gnassingbé du Togo, Mohamed Bazoum du Niger ou encore Félix Tshisékedi de la République démocratique du Congo, une dizaine de dirigeants africains ont répondu présents. Alassane Ouattara a fait personnellement du lobbying auprès de ses pairs pour obtenir une mobilisation à la taille de l’événement. « D’un monde précaire vers un avenir prospère« , c’est sur ce thème que les 5 000 délégués et 1 000 experts présents à la Cop 15 plancheront durant les deux prochaines semaines. Le nombre impressionnant des délégations, 196, montrent l’intérêt que monde entier porte au sujet et le choix de la Côte d’Ivoire vient couronner une décennie d’efforts en faveur de l’environnement et de la protection de notre planète. Et malgré l’enthousiasme, le secrétaire général de l’Organisation des nations unies (Onu) a du mal à dissiper son scepticisme appelant « le monde à poser un acte historique et salvateur pour l’humanité« .
L’Onu inquiète et à raison
Cette 15ème conférence des parties (Cop) de la convention des nations unies sur la lutte contre la désertification (Cnulcd) aborde des questions tout aussi cruciales à l’heure ou l’Onu estime que 40% des terres sont dégradées dans le monde. Ainsi, la Cop 15 contre la déforestation s’est ouverte à Abidjan le lundi 9 mai 2022, la capitale économique de la Côte d’Ivoire, au Palais des Congrès du Sofitel hôtel Ivoire. Neuf (9) chefs d’Etats africains, dont le président nigérien Mohamed Bazoum, son homologue congolais Félix Tshisekedi, le ghanéen Nana Akufo Addo, le libérien Georges Weah, le nigérian Muhammadu Buhari encore le Togolais Faure Gnassingbé étaient présents autour du Président Alassane Ouattara. Ce dernier a présenté « l’initiative d’Abidjan» ou « Abidjan Legacy Program », proposition de la Côte d’Ivoire contre le changement climatique. Abidjan veut mobiliser lors de cette Cop 15, entre 600 millions et 1 milliard de dollars auprès des bailleurs de fonds pour restaurer les terres dégradées. Entre temps, la première dame a présidé le caucus sur le genre avec des personnalités féminies de haut niveau alors que les femmes et les jeunes ont une place privilégiée lors de cette conférence. Le forum des jeunes a d’ailleurs débuté le dimanche 8 mai et a duré deux jours, un appel de pieds aux générations futures.
La COP 15 en question
La 15ème Conférence des Parties (Cop15) de la Convention des Nations Unies sur la Lutte contre la Désertification et la Sècheresse (Cnulc) marquera l’histoire. Unique plateforme de discussions pouvant déboucher sur un accord international juridiquement contraignant sur la gestion durable des terres, la Cop 15 qui réunit dirigeants de haut niveau, gouvernements, secteur privé, partenaires stratégiques et société civile, a pour objectif général de léguer un héritage pratique pour promouvoir la gestion durable des terres en Côte d’Ivoire, en vue d’anticiper sur les effets de la désertification. Co-organisé avec le Gouvernement de Côte d’Ivoire et les représentants du secteur privé, ce forum qui réunira des chefs d’entreprises et responsables politiques du monde entier a pour but de partager les expériences sur les initiatives prises par les entités industrielles et commerciales afin de parvenir à la neutralité en matière de dégradation des terres. La Cop 15 enregistrera entre autres les réunions statutaires entre les délégations officielles des différents pays pour analyser les situations de leurs pays respectifs vis-à-vis de leurs engagements lors des précédentes Cop ; le Huit-clos des femmes (Caucus des Femmes) pour débattre des défis au féminin à relever pour l’épanouissement de la gente féminine dans les régions où cela est encore nécessaire ; et le Forum de la jeunesse au cours duquel les jeunes des pays présents partageront leurs expériences.
Perspectives
Au cours de cette COP 15, le Premier ministre ivoirien, Patrick Achi va conduire une opération de planting de 250 arbres qui vont constituer « la forêt de la COP 15 ». Le chef du gouvernement ivoirien a reçu les instructions pour coordonner ce rendez-vous hautement politique et diplomatique. Le Premier ministre est donc le manager exécutif de cet événement historique et le suivra de près pendant les deux semaines à venir.
Selon les Nations Unies, plus de la moitié du PIB mondial dépend des écosystèmes naturels. Pourtant, actuellement 40% de la population mondiale subie directement les conséquences désastreuses de la dégradation des terres, dues à l’urbanisation rapide et incontrôlée combinée aux systèmes d’exploitation et de production agricoles non durables, à la croissance démographique, l’industrialisation et le développement des infrastructures. Les conséquences de ces pratiques sont énormes tant aux niveaux économique, environnemental, sanitaire et du bien-être. Selon les estimations, l’économie mondiale accusera une perte énorme de 23 milliards de dollars d’ici 2050 du fait de la dégradation des terres, la désertification et la sécheresse. En Côte d’Ivoire, les experts confirment un niveau critique de dégradation des terres et des forêts, et soulignent qu’actuellement environ 60% du couvert végétal ivoirien est concerné par ce fléau.
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