Au moins 21 personnes sont mortes dans des troubles au Mozambique après que le Conseilconstitutionnel du pays a confirmé lundi la victoire du parti Frelimo, au pouvoir, lors des élections, a annoncé mardi soir 24 décembre le ministre l’Intérieur. Des scènes d’émeute ont éclaté lundi soir, après la validation définitive par le Conseil constitutionnel des résultats des élections générales du 9 octobre dernier. Le président élu, Daniel Chapo, candidat du Frelimo, parti historique au pouvoir, a appelé tous les Mozambicains à « travailler ensemble », alors que le candidat de l’opposition Venâncio Mondlane, depuis l’étranger, a appelé lundi soir ses partisans à « poursuivre le combat ».
Malgré deux mois de contestation populaire, le Conseil constitutionnel a bel et bien confirmé la victoire de Daniel Chapo, le candidat du Frelimo au pouvoir depuis 1975. Il remporte 65,17% des voix, un score raboté de près de cinq points, par rapport à celui qui avait été annoncé initialement par la commission électorale. L’opposant Venâncio Mondlane enregistre quant à lui 24,19% des voix.
Daniel Chapo appelle au dialogue
« J’en appelle à toutes les couches sociales de notre pays, en particulier à la jeunesse et aux militants de tous bords politiques. Je vous assure que votre voix a été entendue et nous allons travailler à rénover notre système électoral en profondeur. Nous devons construire une nouvelle architecture démocratique qui répond aux aspirations de notre société et pas seulement aux intérêts partisans », a déclaré le président élu Daniel Chapo.
Je suis prêt à diriger ce processus de réforme. Je veux profiter de cette occasion pour dire que le moment est venu de réfléchir ensemble, sereinement, à la création d’une réalité démocratique inclusive, qui représentera toute la richesse et la diversité de notre pays. C’est dans notre diversité que se trouve notre force. Le dialogue est la clé pour surmonter nos différences.
Venâncio Mondlane appelle ses partisans à « poursuivre le combat »
Pour l’opposition mozambicaine, les résultats des élections ne « reflètent pas la volonté du peuple » et leur ratification par la Cour constitutionnelle n’y changera rien.
Ce mardi 24 décembre, la capitale mozambicaine de Maputo est toujours figée dans la tension. La population a laissé éclater sa colère lundi soir après l’annonce des résultats : des boutiques, banques, supermarchés ont été mis à sac, et des barrages routiers incendiés, recouvrant la capitale d’une épaisse fumée.
Des scènes similaires ont eu lieu dans les villes du nord du pays – Nampula, Zambezia, Cabo Del Gado – où l’opposition est forte. La contestation post-électorale a déjà fait au moins 130 morts en deux mois.
Venâncio Mondlane qui se trouve à l’étranger, craignant pour sa sécurité, continue d’affirmer sa victoire et sa détermination à poursuivre la contestation. « C’est un moment grave. Soit, nous changeons notre pays maintenant, soit nous acceptons de nous plier face aux annonces du Conseil constitutionnel, mais cela revient à accepter la légalisation du vol, de la fraude électorale, la légalisation de l’humiliation du peuple même. Nous, Mozambicains, devons nous préparer pour les jours difficiles à venir », a-t-il affirmé lundi soir.
Ce sont ces temps difficiles qui nous permettront d’écrire une nouvelle page d’histoire. L’histoire des hommes n’est pas seulement pavée de roses, elle n’est pas seulement faite d’instants de bonheur et de plaisir, elle s’écrit aussi dans les moments difficiles. Mais la vérité, c’est que la victoire nous est garantie. À vous tous, dans ces circonstances, sachez simplement que nous en sortirons victorieux.
L’opposant Venancio Mondlane : «Ce sont des moments difficiles qui nous permettront d’écrire une nouvelle page d’histoire»
Washington s’est dit « inquiet » du « manque de transparence » constaté lors de ces élections générales au Mozambique. « Les États-Unis appellent toutes les parties prenantes à s’abstenir de toute violence et à s’engager dans une collaboration significative pour rétablir la paix et promouvoir l’unité », a prévenu la diplomatie américaine.
L’Union européenne se dit « extrêmement préoccupée » avec la violence post-électorale e le nombre « considérable » de pertes de vies humaines jusque-là et appelle à la « responsabilisation » de ses acteurs.
Le gouvernement annonce 21 morts
Au moins 21 personnes sont mortes, dont deux policiers, en 24 heures dans des troubles au Mozambique après que le Conseil constitutionnel du pays a confirmé lundi la victoire du parti Frelimo lors des élections, a annoncé mardi soir le ministre l’Intérieur Pascoal Ronda, dans une conférence de presse. En tout, 236 « actes de violences graves » ont été répertoriés dans les dernières 24 heures, faisant aussi 25 blessés dont 13 policiers, a détaillé le ministre devant la presse.
« Des groupes d’hommes utilisant des armes blanches et des armes à feu ont mené des attaques contre des commissariats, des centres de détention et d’autres infrastructures », a affirmé le ministre, précisant que 86 détenus s’étaient fait la belle dans le tumulte.
Afrika Stratégies France avec RFI