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Bénin : Ajavon de nouveau condamné, un cadre des Démocrates incarcéré pour « terrorisme »

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En exil en France, l’homme d’affaires et opposant Sébastien Ajavon a été condamné à cinq ans de prison par la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (Criet). Le même jour, la Cour a placé en détention un cadre du parti Les Démocrates, Bio Dramane Tidjani, et l’un de ses collaborateurs.

Le calendrier judiciaire de la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (Criet) a été pour le moins chargé en début de semaine. La juridiction béninoise a rendu deux décisions concernant des personnalités politiques, à quelques semaines seulement du premier tour de la présidentielle du 11 avril prochain lors de laquelle Patrice Talon briguera un second mandat face à deux candidats, Alassane Soumanou et Corentin Kohoué.

« Terrorisme »

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En garde à vue depuis le 22 février, Bio Dramane Tidjani, coordonnateur de la 8e circonscription électorale du parti Les Démocrates, a été placé sous mandat de dépôt, le 1er mars, de même que Mamadou Tidjani, son collaborateur. Ils sont tous deux poursuivis pour « association de malfaiteurs et terrorisme ». Nourénou Atchadé, vice-président du parti, et Justin Adjovi, trésorier général, qui avaient également été entendus par la Criet mi-février, avaient pour leur part été remis en liberté après  avoir été auditionnés.

Un mise sous mandat de dépôt dénoncée par Reckya Madougou, dont la candidature sous la bannière des Démocrates a été invalidée par la Commission électorale nationale autonome, faute d’avoir obtenu le nombre de parrainages nécessaires. L’ancienne ministre de Thomas Boni Yayi, qui fut ensuite conseillère du chef de l’État togolais Faure Gnassingbé avant de présenter un dossier pour participer à la présidentielle béninoise, a par ailleurs appelé « à l’ouverture immédiate d’une enquête indépendante et impartiale pour faire la lumière sur les motifs et circonstances de ces emprisonnements, et pour déterminer les responsabilités sur les violations des droits humains ».

Reckya Madougou et Joël Aïvo, dont la candidature à la présidentielle a également été rejetée, ont annoncé une prise de parole commune face à la presse, ce mardi 3 mars en fin de journée.

« La justice est indépendante au Bénin », balaie d’un revers de manche un député de la majorité présidentielle, qui refuse de commenter l’affaire. « Il faut laisser la justice faire son travail. Si ces gens n’ont rien à se reprocher, pourquoi tant s’agiter ? », lance un conseiller de la présidence. « Ce sont les mêmes qui ont parlé de « terrorisme politique » quand Ganiou Soglo a été agressé, avant même que la moindre enquête n’ait été menée. Patientons en attendant que la justice, qui instruit ces affaires, nous renseigne sur les tenants et les aboutissants », continue notre source.

Redressement fiscal

Le 1er mars, la Criet a rendu une autre décision, dans un dossier plus ancien cette fois et concernant Sébastien Ajavon, l’homme d’affaires candidat malheureux à la présidentielle de 2016, qui s’était ensuite allié à Patrice Talon avant de rejoindre l’opposition.

CINQ ANS DE PRISON FERME POUR « FAUX, USAGE DE FAUX ET ESCROQUERIE » ET UNE AMENDE DE 2,4 MILLIONS DE F CFA

Déjà condamné en 2018 par la même Cour à vingt ans de prison pour trafic de drogue, il a cette fois écopé d’une peine de cinq ans de prison ferme pour « faux, usage de faux et escroquerie » et d’une amende de 2,4 millions de F CFA.

Il a en outre été condamné à payer les sommes de 80,9 milliards de F CFA pour préjudices subis par l’administration fiscale et de 60 millions de F CFA pour les préjudices non fiscaux.

En février 2015, Ajavon avait obtenu des autorités béninoises le remboursement à sa société Coman S.A. de 13,4 milliards de francs CFA, au titre de crédits à l’importation sur des produits exportés vers le Nigeria. Exportations qui n’ont, selon l’accusation, jamais existé. Celui que l’on surnommait alors le « roi du poulet » aurait obtenu 9,9 milliards de F CFA avant que des doutes ne soient émis sur la validité de certaines pièces.

En l’occurence, des documents signés de la main de Mouftaou Laleye, alors ambassadeur du Bénin à Abuja, assurant de la réalité des exportations de produits congelés qui étaient, en vertu d’un accord datant de 2003, interdits au Nigeria. L’ancien ambassadeur du Bénin au Nigeria a d’ailleurs été condamné dans la même procédure à deux ans de prison et à 400 000 F CFA d’amende.

« À l’évidence, les demandes de remboursement introduites à l’administration fiscale béninoise l’ont été sur une base frauduleuse. Et il est normal que l’État, se rendant compte qu’il a été abusé, demande réparation », a estimé Alain Orounla, ministre de la Communication, interrogé sur le sujet lors d’un point presse.

Cette nouvelle condamnation « va dans la droite ligne de la volonté du président Talon de museler son opposant direct Sébastien Ajavon en l’empêchant de se présenter aux prochaines élections présidentielles », a réagi son avocat, Me Marc Benshimon, auprès de l’AFP.

L’homme d’affaires et opposant béninois, qui vit en France, où il a obtenu le statut de réfugié politique en avril 2019, a mené ces derniers mois une offensive judiciaire devant plusieurs instances internationales – Cour africaine des droits de l’homme et des peuples, Comité des droits de l’homme du Haut-Commissariat des Nations unies – pour faire casser les jugements de la Criet qui l’empêchent notamment de se présenter à la présidentielle du 11 avril prochain.

Afrika Stratégies France avec Jeune Afrique

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