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Forum mondial de l’eau : à Dakar, l’heure des « réponses » ?

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Le président sénégalais Macky Sall a donné lundi le coup d’envoi du 9e Forum mondial de l’eau à la Dakar Arena, à Diamniadio, près de Dakar, en vue de « sonner l’alerte » sur la « raréfaction des ressources hydriques » dans le monde, en particulier en Afrique. Macky Sall, également président en exercice de l’Uniopn africaine, a souligné dans son discours d’ouverture que le forum se réunissait au Sénégal « alors que la raréfaction des ressources hydriques et la dégradation de l’environnement continuent de s’aggraver ». Pour le chef de l’État sénégalais, qui cite un rapport l’ONU, « la situation n’est pas rassurante », notamment car « deux personnes sur cinq dans le monde vivent dans des régions où l’eau est rare ». « Tout laisse croire que, si rien n’est fait, la situation ira de mal en pis », a-t-il dit en assurant que le 9e Forum mondial de l’eau était « l’occasion de sonner l’alerte sur la gravité de la situation ». Selon les Nations unies, seul un Africain sur quatre a accès à l’eau potable.

Macky Sall appelle à une prise de conscience mondiale

Alors que ce forum, organisé pour la première fois en Afrique de l’Ouest depuis 1997, se déroule jusqu’au 26 mars avec pour thème « la sécurité de l’eau pour la paix et le développement », et en présence de nombreux dirigeants africains et d’Audrey Azoulay, la directrice générale de l’Unesco, partie prenante dans l’organisation du forum, Macky Sall a proposé sur le plan politique que « le G20 s’élargisse et élargisse sa composition ». Pourquoi ? « Compte tenu des enjeux globaux […], le moment est venu pour qu’une instance comme le G20 prête attention aux problématiques liées à l’eau, à l’image de ce que font la Banque mondiale et les autres institutions internationales depuis des décennies. […] L’UA pourrait ainsi en devenir membre » car « l’Afrique compte plus d’un quart des pays membres des Nations unies », a souligné le président du Sénégal.

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Dans une tribune parue à la veille de la rencontre sur le site officiel du forum, le dirigeant sénégalais donnait de la voix en plaidant pour que la communauté internationale place « l’eau au cœur de l’action du multilatéralisme et des politiques internationales pour bâtir des mécanismes de riposte efficaces face aux crises multiformes et pour la construction d’un monde post-Covid-19 résilient, prospère et stable ». Pour Macky Sall, il faut agir vite afin de trouver et renforcer les mécanismes de financement et de la gouvernance de l’eau, donner toute sa place à l’innovation en matière d’assainissement ou encore résoudre les défis que pose la problématique de l’eau potable en milieu rural et enfin appuyer la recherche scientifique pour maximiser l’utilisation de l’eau et la réutilisation des eaux usées.

Le Sénégal en première ligne

Le Sénégal, pays hôte de cet événement, est concerné à plus d’un titre par ces multiples défis. Depuis la fin des années 1960, le pays est soumis régulièrement à des périodes de sécheresse intense. Un phénomène qui s’accentue avec le réchauffement climatique. Rien qu’à Dakar, la capitale – souvent qualifiée de tous les extrêmes –, par exemple, de nombreux citoyens peinent à accéder à l’eau, et ce, malgré les efforts des autorités pour satisfaire la demande des 4 millions d’habitants. La ville est aussi régulièrement confrontée à des inondations importantes.

Le quotidien Enquête a publié un dossier fouillé titré « Eaux troubles » et qui revient sur la situation du Sénégal, pays dont les réserves d’eau sont appelées à s’épuiser très rapidement, « le niveau des prélèvements actuels devrait augmenter de 30 à 60 % d’ici 2035, renforçant le stress hydrique et mettant à l’épreuve la capacité de répondre à la demande d’une population en pleine urbanisation. Les phénomènes extrêmes liés à l’eau et à sa pollution coûtent déjà au Sénégal plus de 10 % de son PIB chaque année ».

Dans le même temps, le Sénégal est également cité en exemple pour son implication dans la gestion des bassins hydriques aux travers de l’Organisation de mise en valeur du fleuve Sénégal (OMVS) et l’Organisation pour la mise en valeur du fleuve Gambie (OMVG), deux institutions de coopération sous-régionale dont le pays hôte du sommet est membre. L’OMVS s’est vu décerner, lundi soir, le grand prix Hassan II pour l’eau, soit une distinction créée en 2002 conjointement par le royaume du Maroc et le Conseil mondial de l’eau en souveraine du souverain Hassan II et de ses actions en faveur de la coopération internationale et de la préservation des ressources en eau. Le prix est d’une valeur de 100 000 à 500 000 dollars. Selon le jury, l’organisation ouest-africaine, qui regroupe le Mali, la Mauritanie, le Sénégal et la Guinée, a été distinguée pour son travail en faveur de la « concrétisation de la sécurité hydrique et alimentaire » du grand bassin transfrontalier. Mais aussi pour son action pour « la paix, la prospérité et le développement territorial » de ses pays membres.

« La gestion durable de la ressource en eau est un enjeu majeur du XXIe siècle. Ce forum doit permettre de renforcer les actions multilatérales dans ce domaine. Mieux gérer l’eau, cela implique d’éduquer, de former et de sensibiliser. J’appelle à un engagement fort des États », a déclaré Audrey Azoulay dans un communiqué récent.

 

L’Unesco veut souligner le potentiel des eaux souterraines

Les débats s’ouvrent dans ce forum, au moment où l’Unesco vient de publier un rapport mettant en exergue le potentiel des eaux souterraines susceptibles de générer des bénéfices sociaux, économiques et environnementaux, à condition qu’elles soient gérées de façon durable. En effet, l’Unesco avertit dans ce rapport de 272 pages, intitulé « Eaux souterraines : rendre visible l’invisible », que les ressources en eaux souterraines « passent trop souvent inaperçues ou sont ignorées » et les réserves mondiales sont souvent mal gérées, sous-évaluées et exposées à des risques de pollution alors qu’elles représentent près de 99 % des réserves d’eau douce sur Terre. Les eaux souterraines fournissent la moitié du volume d’eau prélevé dans le monde, selon l’Unesco. Elles sont utilisées par la population mondiale à des fins domestiques, pour l’agriculture et l’industrie.

L’Unesco souligne également que la consommation d’eau devrait augmenter en moyenne de 1 % par an durant les trente prochaines années. Dans ce contexte, les eaux souterraines pourraient par exemple offrir « des solutions pour atténuer le changement climatique », selon le rapport qui précise que les aquifères « possèdent une capacité de tampon unique, capable de limiter l’impact des variations climatiques ». Le rapport recommande notamment l’irrigation via des systèmes de pompage d’eaux souterraines à énergie solaire.

Gouvernance

Désormais, l’enjeu est de parvenir à mettre en place une coordination à l’échelle mondiale. Le rapport de l’Unesco préconise une meilleure « gouvernance » pour gérer les ressources en eaux souterraines, avec « des connaissances de base, une capacité institutionnelle, des lois, des règlements et leurs outils d’application, des politiques et une planification, une participation des parties prenantes ainsi que des financements appropriés ». L’accès aux ressources en eaux souterraines se heurte à un problème d’expertise en particulier dans les pays d’Afrique subsaharienne, qui nécessitent un accompagnement. Le document encourage ainsi les gouvernements à « créer et enrichir une base de connaissances dédiée aux eaux souterraines » afin de partager les données. Il appelle notamment les industries pétrolières et minières à partager leurs « données, informations et connaissances » au bénéfice des acteurs de la gestion des eaux souterraines.

Afrika Stratégies France avec Le Point Afrique

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