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COTE D’IVOIRE : Rencontre Henri – Alassane – Laurent, un coup de maître de Ouattara pour la réconciliation

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Le chef de l’état ivoirien a reçu ses deux prédécesseurs pour une court échange, une rencontre symbolique pour l’histoire et surtout un pas vers la réconciliation 12 ans après une initiative similaire. Un geste qui confirme l’obsession d’Alassane Ouattara pour la réconciliation et qui contribuera à tourner les tristes pages de l’histoire ivoirienne.

Hier 14 juillet. A la présidence de la République au Plateau, sous le perron du palais, Laurent Koudou Gbagbo arrive en premier. Son véhicule se gare, il est aidé par un membre du protocole alors que l’ancien chef d’état a du mal à marcher et très vite, Alassane Ouattara vole à son secours. Suivra ensuite Henri Konan Bédié. Séance photo de ce moment mémorable et les trois hommes se retirent, pour une discussion à huit clos qui aura marqué toute la Côte d’Ivoire. Sans témoins ni modérateurs, l’échange a été une discussion franche entre chefs d’état. Il sera suivi d’une présentation à la presse d’un court compte rendu lu par le plus jeune d’entre eux, l’ancien pensionnaire de la Cour pénale internationale. 

« Convenir de se voir plus souvent »

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Si personne n’a été témoin de la rencontre horsmis le trio présidentiel, il n’y a pas de doute que la séance fut courtoise. Cela se lisait encore lors de leur présentation devant la presse, avec Ouattara au milieu de ses deux prédécesseurs. Ils étaient tous souriants. Après la présentation par Laurent Gbagbo du compte rendu de la rencontre, le président en exercice a, avec la permission des deux autres, « tenu à placer quelques mots ». il a rappelé combien cette rencontre lui semblait importante et insisté sur sa volonté de répéter le plus souvent des initiatives similaires, « tant que les autres auront un bout de temps ». En résumé, l’initiative vise à décrisper une atmosphère rendu tendue par des crises répétitives. Alors que la présidentielle de 2025 est dans tous les esprits, il n’est pas écarté que de nouvelles rencontres aient lieu dans les prochaines semaines selon une confidence faite à Afrika Stratégies France. Une contribution des anciens chefs d’état au processus de réconciliation qui est en cours. 

Un pas vers la réconciliation

La rencontre a été saluée par l’opinion nationale et internationale. Plusieurs chancelleries diplomatiques y ont vu un pas vers la réconciliation. La presse nationale en a d’ailleurs fait sa une ce matin, au lendemain de ladite rencontre. Voir des personnes qui se sont battues se réunir autour d’une table est la preuve que tout différend finit par le dialogue. Alassane Ouattara n’a jamais caché son envie de faire le pas. Il s’était déjà entretenu avec Laurent Gbagbo après sa libération par la justice internationale après avoir facilité son retour au pays. Il s’est de même entretenu avec Henri Konan Bédié. C’est aussi lui qui a souhaité la rencontre tripartite et surtout « tout fait pour qu’elle ait lieu » avant les vacances politiques. En créant un ministère de la réconciliation et de la cohésion sociale, le président ivoirien veut éviter à la présidentielle de 2025 le retour des vieux démons. Il aura réussi son premier pari.

2025 dans tous les esprits

Cette rencontre a lieu alors que le pays devrait, en 2025, avoir une élection présidentielle. C’est l’ombre de cette échéance électorale qui hantait tous les esprits pendant que les trois hommes échangeaient. Car alors qu’avec la création de son nouveau parti politique, l’opinion envisageait que Laurent Gbagbo soit de nouveau candidat pour la présidentielle de 2025, Alassane Ouattara qui n’a jamais caché son envie de quitter le pouvoir a déjà dit vouloir encourager Henri Konan Bédié et Laurent Gbagbo à ne pas se représenter et à s’associer à eux pour laisser la place à une jeune relève. Un projet de loi a d’ailleurs été initié dans ce sens par un député auprès de l’Assemblée nationale ivoirienne afin d’imposer une limite d’âge au-delà de laquelle nulle ne peut être candidat à la magistrature suprême. Une idée à laquelle ne s’opposerait pas les députés de la majorité, « sauf si les deux anciens présidents ne veulent pas se plier à la règle ». D’ailleurs, Mamadou Touré, porte-parole adjoint du gouvernement a déjà prévenu que « si Gbagbo et Bédié sont candidats, rien n’empêcherait Ouattara de l’être en 2025 ».

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