NEW YORK : Autour du sommet de la Cedeao, Ouattara grouille pour la libération des 46 soldats ivoiriens
Cela fait un peu plus de deux mois que 46 soldats ivoiriens sont pris en otage par la junte malienne. Si cette dernière a libéré les femmes du groupe grâce à la médiation de Faure Gnassingbé, elle exige une contrepartie pour le reste. En marge de la 77e Assemblée générale de l’Organisation des Nations unies (Onu), Alassane Ouattara fait tout pour leur libération. Entre pressions et négociations.
Pendant longtemps, la Côte d’Ivoire a voulu traiter cette affaire à l’amiable, allant jusqu’à reconnaitre quelques couacs administratifs. Pain béni pour la junte en panne de sensationnelle, elle a aussitôt ouvert la vague du chantage. Au-delà de l’humiliation qu’elle a voulu imposer à Abidjan qui avait obtenu des sanctions contre elle il y a quelques mois, les militaires qui s’accrochent au pouvoir depuis plus de deux ans à Bamako veulent que Ouattara leur livre des personnes politiquement menacées et refugiées en Côte d’Ivoire. Un chantage qui a fait sortir le gouvernement ivoirien de ses gongs. Après avoir aidé les familles de ces malheureux soldats à préparer la rentrée scolaire par une aide spéciale de 750€ (500.000 F Cfa) par famille, Ouattara veut obtenir par tous les moyens leur libération, ce qui justifie son séjour très actif à New York.
Unanimité de la Cedeao
La Communauté des états de l’Afrique de l’ouest (Cedeao) a été unanime pour exiger la libération de ses soldats. Macky Sall, président du Sénégal et en exercice de l’Union africaine (Ua) s’est d’ailleurs déplacé à Bamako afin d’obtenir leur libération. Depuis le début, le président du Togo assure une médiation à la demande de la Côte d’Ivoire mais aussi avec l’approbation de la junte malienne. Mais alors que Bamako joue le dur, le ton change au sein de la communauté internationale. Le secrétaire général de l’Onu a reconnu sur un média français que les soldats « ne sont pas des mercenaires« , rengaine que déversait Bamako depuis leur arrestation. Antoni Gutteres a donc demandé leur libération. Embalo Sissoco Umaro, président de la Guinée Bissau a fait de même, dénonçant les manipulations de la junte et exigeant leur libération. Ce dernier est aussi le président en exercice de la Communauté des états de l’Afrique de l’ouest, une position largement partagée par la communauté de quinze états. C’est en cela qu’un sommet a réuni les chefs d’état, en marge de l’Assemblée générale, à New York sur le sujet. Avec une position commune.
Un sommet qui n’écarte pas les sanctions
Le sommet tenu le 23 septembre à New York s’est voulu pratique. Il a été essentiellement consacré aux soldats ivoiriens pris en otage par le Mali et a insisté sur « une issue rapide à cette crise« . D’ailleurs, une mission de haut niveau des présidents Nana Akufo-Addo (Ghana), Macky Sall (Sénégal) et Faure Gnassingbé (Togo) devrait se rendre à Bamako le 27 septembre, un rendez-vous que Assimi Goïta, le chef de la junte veut reporter de quelques jours. Compte tenu de la nécessité d’une rencontre physique pour faciliter les échanges directs, le sommet de la Cedeao a eu lieu à New York alors que l’immense majorité des dirigeants des pays concernés y séjournaient pour le compte de l’Onu. Mieux, il se déroule dans un environnement international à l’ombre de la communauté internationale, très mobilisée sur le sujet. La France a déjà demandé à plusieurs reprises leur libération et l’Allemagne, que ces 49 soldats ivoiriens sont allés soutenir sous le statut d’Eléments nationaux de soutien (Ens) a clairement dit que ces ivoiriens n’étaient nullement des mercenaires. Le même sommet a été l’occasion d’étudier le cas de la Guinée Conakry qui a du mal à collaborer avec l’organisation régionale. « Des sanctions vont tomber graduellement si Conakry ne clarifie pas son calendrier électoral » a laissé entendre Umaro Sissoco Embalo. Avant ledit sommet, une rencontre entre Emmanuel Macron et de nombreux chefs d’état dont plusieurs africains a été consacrée à la crise internationale et à la guerre en Ukraine. Occasion là encore, pour le président français de s’informer de l’avancée du dossier.
Rappelons qu’alors qu’ils se sont rendus en mission dans le cadre de la force onusienne au Mali, 49 soldats ivoiriens ramenés par deux avions ont été arrêtés à l’aéroport de Bamako. Le Mali les accuse d’être des mercenaires, ce qui parait d’autant plus ridicule qu’ils sont arrivés en pleine journée, avec des armes et en treillis.
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