Burkina: l’enrôlement contre le terrorisme continue, le gouvernement veut alléger les formalités
Au Burkina Faso, lancé depuis le 25 octobre dernier, le recrutement de 35 000 volontaires communaux et de 15 000 volontaires nationaux se poursuit. Passées les périodes de réticences, de nombreux jeunes se font enrôler suite à l’appel du capitaine Ibrahim Traoré, qui demande à chaque burkinabè sa participation à l’effort de guerre dans le cadre d’une mobilisation populaire contre le terrorisme. Jeunes, personnes âgées, femmes ou hommes s’inscrivent, même si les documents exigés ralentissent un peu le processus.
Seuls ou en groupe, écrit notre correspondant au Burkina Faso, Yaya Boudani, les candidats au poste de volontaire pour la défense de la patrie continuent à se faire enregistrer au gouvernorat de Ouagadougou, suite à l’appel pour une mobilisation populaire contre le terrorisme : « Le terrorisme peut venir ici, à Ouagadougou. Pour aller défendre mon pays, moi je vois que non, ce n’est pas un problème », lance cet homme.
De son côté, à 42 ans, cette femme entend rejoindre certains membres de sa famille déjà engagés au sein des forces de défense et de sécurité : « Ce n’est pas seulement les hommes qui doivent aller, les femmes aussi doivent y aller. Mon petit frère, lui, est militaire, à l’heure même, il est à Déou. Sa femme est militaire, elle est RPC [parachutiste] à Bobo. J’ai un petit frère qui est policier. Et même moi, la grande sœur, je pense que je peux y aller. »
« Bureaucratie inadaptée »
Alouna Traoré, collaborateur du capitaine Thomas Sankara, estime cependant que les documents exigés constituent un frein à l’enrôlement de nombreux jeunes, pourtant motivés : « Pendant qu’on appelle les gens à se dévouer, vous avez vu en face, certificat de nationalité, carte d’identité, acte de naissance… Si on sait qu’il faut alléger les procédures, on devrait aller vite. Encore une fois, la bureaucratie est inadaptée. »
Même si les débuts étaient timides, les candidats se bousculent dans les couloirs du gouvernorat à Ouagadougou, à la satisfaction de l’équipe d’enrôlement : « Au premier moment on avait une inquiétude, parce que le premier jour on était à dix demandes. Mais en tout cas, on se réjouit maintenant, on a plus de 100 demandes par jour. Il y a des gens qui sont dans des localités où ils ne peuvent pas avoir accès, donc ils viennent s’enrôler ici ». Initialement prévu pour le 4 novembre dernier, le délai pour le dépôt des dossiers de candidature a été repoussé au 18 novembre prochain.
Instructions
Selon le gouvernement, à la date du 8 novembre dernier, plus de 25 000 personnes se sont déjà enrôlées comme volontaires pour la défense de la patrie. À l’issue du Conseil des ministre, le gouvernement a donné des instructions pour un allègement des formalités afin de faciliter l’enrôlement du plus grand nombre de personnes.
Au Burkina Faso, le Collectif contre l’impunité et la stigmatisation des communautés (CISC) espère que le recrutement de nouveaux volontaires pour la défense de la patrie (VDP), se fera de manière inclusive. Cette organisation de la société civile a publié, jeudi 10 novembre, un communiqué à ce sujet. Selon Daouda Diallo, responsable du CISC, pour fonctionner, cet élan doit concerner tous les Burkinabè et doit être très encadré par les autorités : « Par le passé, dit-il à Gaëlle Laleix, on avait reçu beaucoup de notifications où certains Burkinabè avaient été exclus de l’enrôlement, en novembre 2019. Aujourd’hui, on a la chance que les autorités aient décidé de recadrer les insuffisances de la mise en œuvre de la loi. »
Le terrorisme ne doit pas se renforcer
« Il est important et urgent de rappeler que le recrutement doit inclure tous les Burkinabè, explique Daouda Diallo, parce que l’insécurité frappe tous les Burkinabè, sans discrimination. Et deuxièmement, il faut que les formations, l’encadrement et le suivi également, soient de mise sur le terrain, parce que la volonté affichée aujourd’hui par l’opinion de faire la guerre, il faut que ce soit fortement encadré avec intelligence pour réussir vraiment à lutter contre l’ennemi. Si ces conditions ne sont pas mises en place, il y a une préoccupation majeure, c’est-à-dire que le terrorisme se renforce à travers les dysfonctionnements et à travers les conflits communautaires qui existaient déjà, et l’ennemi continue de gagner du terrain ».
Afrika Stratégies France avec RFI