AFRIQUE : En attendant Pau, Macron, les antifrançais, nos dirigeants et nos panafricanistes
Pendant 3 siècles, elle a entretenu et installé la traite négrière en Afrique. Un siècle durant, elle a été le soubassement d’une colonisation à divers égards sanglants. Depuis les indépendances et après une période de néocolonialisme, la France qui a enchaîné des plans Marshall au secours de l’Afrique, peine à se faire accepter par la majorité. D’un côté, une élite bourgeoise qui lui est favorable, de l’autre, des intellectuels de gauche, souvent nationaliste, parfois panafricanistes qui lui sont hostiles et entre les deux, une société civile qui, acalifourchonnée à une opinion ambiante, multiplie des attaques. Elles vont de la critique du CFA jusqu’à la chute de Gbagbo Laurent ou de Mouammar Kadhafi, parfois enchaînant, sous l’acclamation ourdie des réseaux sociaux, des contradictions et quelques contre vérités. Quelle est la part de responsabilité de la France ? Quels sont les intox sur le terrorisme, puisqu’il s’agit essentiellement de cela… ? Pourquoi la francophobie profite aux dirigeants irresponsables et aux panafricanistes aventuriers. Et comment la France peut-elle sauver la situation ?
Depuis quelques mois, une vague de francophobie envahit la toile. Elle provient essentiellement des pays de l’Afrique francophone et plus encore, de pays où la France est d’une présence militaire fragrante. Si traditionnellement, par un facile raccourci et en cerise à une subtile haine latente, résidu excusable de la colonisation, les pays francophones sont peu favorables à la France et à sa politique, un véritable sentiment anti-français, pour utiliser l’expression en vogue, naît. Et même s’amplifie. L’icône malienne Salif Kéïta, artiste musicien de renom international en a déclenché, en partie la manifestation publique. Il a accusé, ouvertement, sur les réseaux sociaux, le président du Mali de se soumettre au « Petit » Macron et surtout la France d’entretenir le terrorisme. Si Ibrahim Boubacar Kéïta a préféré répondre à l’artiste par le silence, l’ambassadeur de France à Bamako a pris, ce qui est normal, la défense de son pays. Depuis, l’expulsion manu militari de la Côte d’Ivoire de Nathalie Yamb, vite présentée après un pompeux discours anticolonialiste à Sotchi (Russie) comme une égérie de l’anti-francité, les principaux réseaux sociaux se sont enflammés et des images de « Français » fournissant motos, armes ou autres aide ou encore, exploitant de l’or dans un supposé « Nord Mali » ont refait surface, avec en teint de fond, des invisibles de complotistes ardus et d’incorrigibles panafricains.
La problématique terroriste
Ouagadougou. 15 Janvier 2016. Des terroristes s’en prennent à taxi Brousse, à l’hôtel Splendid et à Capuccino, grands symboles de Kwamé N’krumah, la plus célèbre avenue du Burkina Faso. Les forces de l’ordre prennent plus d’une demi-heure pour être sur les lieux. En quelques minutes, elles perdent une dizaine d’hommes. Il a fallu l’intervention des forces françaises pour neutraliser des terroristes qui avaient eu le loisir de se balader de chambre en chambre au Splendid, achevant les derniers agonisants. 02 mars 2018. C’est l’Etat major même qui est attaqué, au cœur de Ouagadougou, à un pas de l’ambassade de France et de la Radio Télévision publiques. Une vingtaine de morts. L’armée là encore, n’a compté que sur les forces françaises pour se sortir d’affaire. Depuis, l’Etat major des forces armées du Faso a déménagé, comme pour donner victoire aux terroristes. Cinq ans plus tôt, les terroristes armés jusqu’aux dents ont mis en déroute les forces armées maliennes et au bout de quelques jours, sont aux portes de Bamako. N’eut été la décision salutaire de François Hollande d’envoyer des militaires et de déclencher l’opération Serval qui deviendra Barkhane, la capitale malienne serait engloutie et peut être que les terroristes seraient à Cotonou, Lomé, Accra ou Abidjan, installant califat ici et là, nous coupant le zizi à la moindre escapade extraconjugale, coupant bras aux voleurs de poules et cravachant le dos au plus petit buveur d’alcool. Sans la France, nos armées n’auraient rien pu. Nos dirigeants seraient les premiers à prendre un hélicoptère Puma si ce n’est un Jet privé vers Paris. On ne peut pas ne pas ici, saluer la promptitude de la France et sa généreuse diligence.
L’accusation la plus récurrente est celle concernant le terrorisme. Aucune investigation sérieuse de presse, aucune enquête solide n’a pu, jusque-là, démontrer l’implication de Paris dans l’armement des terroristes. A l’exception d’images et de vidéos jamais authentifiées que des mains anonymes tournent en boucle sur les réseaux sociaux. L’idée selon laquelle la France entretient le terrorisme pour accéder à nos richesses est tellement farfelue d’autant que complexés et malveillants, la plupart de nos dirigeants donnent à Paris tout ce qu’il veut. Pourquoi utiliser le terrorisme pour obtenir ce que Macron obtiendrait grâce au moindre coup de fil ? La France a sans doute des intérêts dans nos pays mais sans son aide, où en serions-nous ? Et finalement, qui n’a aucun intérêt chez l’autre ?
La guerre des vérités
Quoi qu’on dise, la France a sa part dans ce qui peut être bien appelé le malheur des Africains. La colonisation et la traite négrière sont deux crimes horribles, l’un porté souvent par l’autre, les deux visant de pair, à avilir l’homme noir et à exploiter les richesses d’un continent qui n’a aucune raison d’être ce reflet résistant de la misère. L’amende honorable de Jacques Chirac à travers une reconnaissance des ces crimes contre l’humanité ne suffit pas, un dédommagement matériel est une hypothèse. Mais à quoi servirait-il quand nos peuples sont si intimement liés par l’histoire. Et le destin ? Poussant Paris à assumer, aujourd’hui encore, son devoir de mémoire et sa dette vis-à-vis de l’Afrique. Ces forces françaises au secours de l’Afrique face au terrorisme, c’est sans doute une manière de protéger le monde, l’Europe compris, mais aussi d’être redevable de ce que nos ancêtres ont combattu pour l’hexagone aux deux grandes guerres. La colonisation est un crime, il est évident. Mais c’est aussi un cheminement de partenariat entre une Afrique longtemps isolée et la France. A force inégale, avec des crimes, le mépris, le sang, l’humiliation mais elle porte en elle quelques bienfaits, quoi que ne compensant pas le préjudice subi. La langue française qui nous évite une confrontation de nos multiples et innombrables dialectes dont un petit pays comme le Bénin ou le Togo en compte chacun une trentaine au moins. La culture de l’Etat, la nouvelle hiérarchisation de nos sociétés (quoique contestable), les droits de l’homme et une internationalisation de nos problématiques mais aussi une ouverture à la fois commerciale et stratégique sur le monde. Si incarnant des valeurs d’humanisme, Paris n’était pas là pour sauver ce qu’il peut des droits fondamentaux, imaginez ce que nos dictateurs feraient de nous. On peut accuser la France de se taire parfois sur certaines dérives à cause d’intérêts liés à des mal élus. Mais quand on ose crier, s’indigner, reconnaissons-le !
Panafricanistes gueux et dirigeants lâches
L’invitation de dirigeants africains à Pau, pour un « franc dialogue » le 16 décembre prochain agace l’opinion nationale africaine. Et cela se comprend. Mais comment voulez-vous qu’il en soit autrement ? Quand, l’armée française perd des femmes et des hommes pour nous sécuriser alors que nos militaires gardent les châteaux barbelés des maitresses de nos présidents, font des travaux domestiques chez des officiers méprisants ou encore, jouent aux dominos, sous la moindre ombre d’arbre qui apparaît dans le coin du camp ? Macron n’a que raison de les convoquer, d’autant que certains d’entre eux, Chérif Sy, pour ne pas le nommer, contribue aux rumeurs. Le ministre burkinabé de la défense qui ne semble avoir aucune solution face à l’insécurité insinue que la France n’a pas mis fin au terrorisme parce qu’elle ne veut pas. Et alors ? Et l’armée burkinabé ? Ne doit-elle pas avoir honte, comme toutes nos armées, de n’être utile que pour réprimer des civils non armés ou des manifestations populaires ? Quelle honte ?
Et au secours de ces dirigeants lâches et vils, des panafricanistes. Les voilà, ceux-là. Ils ont le plus souvent un passeport européen, vivent chez le « Blanc », dépendent du social parce qu’au lieu de travailler, ils s’érigent en web activistes. S’ils aiment tant l’Afrique, pourquoi n’y vivent-ils pas ? Pourquoi ne vont-ils pas dans un pays voisin ? Ils profitent de l’Occident qu’ils décrient. Ovationnant le plus souvent quelques égarés dictateurs. Si Poutine, devenu le chouchou des panafricanistes est aussi bon, pourquoi ne vont-ils pas vivre à Moscou, troquant leur passeport rouge-au-vin contre des sésames russes ? C’est le grand ping-pong de l’hypocrisie.
En même temps on peut en vouloir à la France de tenir, aussi longtemps, notre monnaie, le CFA, instrument de souveraineté, en même temps, on peut lui dire « merci » de nous avoir protégé contre le terroriste. Chapeau gaulois, merci Macron. Et qu’enfin, nos dirigeants fassent autres choses que quémander de l’aide, entre deux coupes de champagnes.
MAX-SAVI Carmel, Tunis, le 11 Décembre 2019
Article publié ce jeudi 12 décembre 2019 dans la parution de l’Hebdomadaire togolais « Flambeau des démocrates »