La Libye est un pays divisé depuis la chute du régime de Muammar Kadhafi en 2011. Mais, grâce à de récents progrès, l’espoir reste permis.
Ce 17 février rappelle le début du soulèvement en Libye contre le pouvoir de Mouammar Kadhafi, il y a dix ans. L’ambiance est à la fête en Tripolitaine, grande région de l’Ouest, où les autorités locales ont prévu célébrations, discours, chants et feux d’artifice.
La manière dont les Libyens ont commémoré la révolution durant les années passées, permet de mesurer l’impact de celle-ci à ce jour.
Dans les villes de l’Ouest, dont Tripoli la capitale, on peut voir des scènes de célébrations avec des drapeaux qui sont agités. Les manifestations sont permises et les autorités se disent garantes de la révolution.
L’Est rebelle
Dans les villes de l’Est dont Benghazi, on estime que la révolution a plutôt ouvert la voie à l’extrémisme islamiste et qu’en fait, si quelque chose devait être célébré, ce serait le maréchal Khalifa Haftar et ses milices pour avoir protégé le pays contre cette menace supposée.
Mais pour ce dixième anniversaire, le contexte est un peu différent. Depuis octobre, les deux principaux protagonistes de la crise libyenne ont signé une trêve qui tient largement.
Et cette année, au mois de janvier, un accord a été trouvé en Suisse sur la mise en place d’un gouvernement d’union qui va fédérer les deux camps en conflit et amener le pays à des élections en décembre.
Il y a pourtant un obstacle qui persiste, selon Arturo Varvelli. Le directeur de la section de Rome du Conseil européen des relations étrangères pointe les nombreux intérêts des acteurs étrangers présents en Libye. « Le conflit libyen est fortement influencé par le contexte international. Il y a une guerre par procuration. Et je pense que le plus gros défi en Libye aujourd’hui, c’est de parvenir à freiner les acteurs régionaux », pense l’expert.
Le « vrai cadeau »
L’Onu a fixé au 23 janvier la date butoir pour le départ de tous les mercenaires déployés en Libye. Mais, cet ultimatum semble ignoré par des acteurs tels que la Russie et la Turquie.
Malgré tout, Tarek Megirisi, un autre expert de la Libye, dit avoir une raison d’espérer pour ce pays.
« Pour la première fois en 50 ans, les Libyens étaient libres de tracer leur propre chemin. Le fait qu’ils aient pris une trajectoire qui a conduit à la guerre n’était pas la meilleure des choses. Néanmoins, le fait que le peuple soit libéré et que l’espoir d’un changement soit possible, je pense que c’est le vrai cadeau de la révolution », estime Tarek Megirisi.
Aux yeux de Wolfram Lacher, chercheur à l’Institut allemand des affaires internationales et de sécurité, les nouveau dirigeants élus en Suisse auront du mal à imposer leur autorité. La Libye n’est donc pas près de voir le bout du tunnel, selon cet expert.
Afrika Strategie France avec Deutsche Welle Afrique