À Sainte-Anne de Kinshasa, l’église ne désemplit pas

Pays d’Afrique subsaharienne qui compte le plus grand nombre de catholiques, la République démocratique du Congo (RDC) témoigne d’un incroyable dynamisme missionnaire. À quelques mois du voyage du pape François dans le pays, les églises ne désemplissent pas. Reportage à l’église Sainte-Anne de Kinshasa.

Ses briques rouges et ses arcades, de style néogothique, ne passent pas inaperçues. Située à quelques mètres de la gare centrale de Kinshasa, la capitale, l’église Sainte-Anne attire tout de suite le regard. Construite par les Belges au début du XXe, elle accueille chaque dimanche des centaines de personnes venues assister à la messe. Et ce dimanche demars n’échappe pas à la règle.

L’église Sainte-Anne de Kinshasa (RDC).

À peine le premier office achevé, un second commence. « Nous avons au moins trois messes les dimanches, parfois quatre » confie Mercy-Jean, l’un des paroissiens. Et, malgré la pandémie de covid-19, l’église est pour chacune d’elles, pleine à craquer. Avec le rite zaïrois reconnu par le Vatican en 1988, la liturgie est plutôt dansante et gaie. « Cela a permis aussi de retenir certains de nos frères et sœurs tentés par les sectes charismatiques », reconnaît le catéchiste de 59 ans. La cérémonie des offrandes est plutôt truculente. Une procession avec des fruits, des céréales, des tubercules, « une manière de présenter à Dieu les fruits de notre travail », explique sœur Marie Rose. À 29 ans, alors qu’elle venait de décrocher un doctorat en droit, elle s’est tournée vers la vie religieuse. Pour elle, « le renouveau charismatique a aussi permis de redynamiser » les communautés catholiques.

Le renouveau charismatique à la rescousse

À la fin des années 1990, le cardinal Frédéric Etsou s’était inquiété du départ massif vers les nouvelles églises dites « églises de réveil ». Pour y pallier, l’ancien archevêque de Kinshasa avait alors encouragé un renouveau charismatique authentique qui intègre davantage le rite zaïrois de la liturgie. Depuis, si les églises du réveil connaissent une explosion, « il y a aussi beaucoup de fidèles qui sont partis et qui ne sont pas revenus » constate Mgr Donatien N’Sholé, secrétaire général de la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco) :“C’est la preuve d’une prise de conscience » qui se justifie par « des églises catholiques toujours pleines » et l’érection de nouvelles paroisses dans tous les diocèses, assure-t-il. Dès lors, encadré par des aumôniers très rigoureux, le renouveau charismatique connaît un énorme succès dans le pays. L’Eglise au Congo peut aussi compter sur des vocations à la vie religieuse et sacerdotale de plus en plus nombreuses.

Les vocations sacerdotales ne tarissent pas

Avec près de 5.000 prêtres, 8.650 religieux et presque autant de religieuses, la République démocratique du Congo concentre le plus grand nombre de ministres consacrés par habitant sur le continent. Et chaque année, avec plusieurs dizaines d’ordinations sacerdotales, la relève est assurée. Par ailleurs, 70% des écoles sont catholiques et l’immense majorité des dispensaires du pays où deux tiers de la population vit sous le seuil de pauvreté, appartiennent à l’Eglise.  Pour Mgr N’Sholé une chose est sûre : la visite du pape François dans le pays en juillet prochain pourrait « donner un élan aux communautés catholiques ».

Max-SAVI CARMEL

Eglise cathooliqueRépublique démocratique du Congo
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