En Tunisie, plusieurs centaines de personnes ont bravé un important dispositif de sécurité et l’interdiction de manifester prise dans le cadre de mesures sanitaires, vendredi 14 janvier, pour marquer leur opposition au président Kaïs Saïed, ont constaté des journalistes de l’AFP. « A bas le coup d’Etat ! », ont crié environ 300 manifestants rassemblés sur l’avenue Mohamed-V, dans le centre de Tunis.
Un imposant dispositif policier a été mis en place pour empêcher les manifestants d’accéder à l’artère principale de la capitale, l’avenue Habib-Bourguiba. Des manifestants ayant réussi à briser le cordon policier ont été dispersés à coups de matraques et de gaz lacrymogènes, selon des journalistes de l’AFP, qui ont également fait état d’interpellations.
Une cinquantaine de personnes sont parvenues à se rapprocher des bâtiments du ministère de l’intérieur, dans une rue adjacente à l’avenue Habib-Bourguiba. « Tu travailles pour Sissi et les Emirats », a lancé une femme à l’adresse d’un policier, allusion au fait que le dirigeant égyptien et le pays du Golfe sont accusés par leurs détracteurs d’avoir soutenu le coup de force de M. Saïed, le 25 juillet 2021, lorsqu’il s’est arrogé les pleins pouvoirs.
Vives tensions avec Ennahda
Malgré l’interdiction décrétée par les autorités mercredi en raison d’une forte résurgence de l’épidémie de Covid-19, plusieurs partis politiques, dont la formation d’inspiration islamiste Ennahda, avaient annoncé le maintien de leurs rassemblements vendredi. Ennahda, dans le viseur du président Saïed – qui a suspendu le Parlement que ce parti contrôlait depuis une dizaine d’années –, a affirmé « refuser l’instrumentalisation politique de la situation sanitaire pour anéantir ce qui reste des droits et libertés fondamentales ».
Ces manifestations surviennent alors que les tensions entre Ennahda et M. Saïed, déjà très vives depuis le coup de force de juillet, sont montées d’un cran après l’arrestation, le 31 décembre, et l’hospitalisation sous surveillance policière de l’un des hommes forts du parti, l’ancien ministre de la justice Noureddine Bhiri. Jawhar Ben Mbarek, une figure de la gauche tunisienne à la tête d’un collectif d’opposants au « coup d’Etat » du président Saïed, était également présent vendredi dans l’une des manifestations.
Afrika Stratégies France avec Le Monde Afrique