AFRIQUE : Berlin et Londres réajustent leurs pions, Paris sauve les meubles, Pékin en grande offensive

Comme un vent de la conférence de Berlin, les grandes puissances prennent d’assaut le continent africain. Angela Merkel et Theresa May y achèvent leurs visites pendant que la Chine abrite un géant sommet sur l’investissement en Afrique. Rattrapée, la France multiplie des initiatives pour sauver les meubles.

Plus rien n’est comme avant en matière d’investissements en Afrique. Même le Maroc a largement devancé la France en 2017 alors que, tout comme la Russie et la Turquie, l’Allemagne et la Grande Bretagne ne veulent plus jouer un rôle économique de second plan sur un continent dont les potentialités sont inestimables.

Londres et Berlin se bousculent

Therasa May et Angela Merkel. Les chefs des gouvernements britannique et allemand auraient pu se croiser en Afrique. Immigration, sécurité, terrorisme et accords commerciaux, c’est avec une trentaine d’hommes d’affaires que la première ministre de la Grande Bretagne a atterri à Abuja. Avec pour objectif de doubler, d’ici 2030, les 4,6 milliards d’euro d’échanges commerciaux entre les deux pays. Depuis 30 ans, le Nigeria n’a jamais reçu aucun premier ministre britannique. Avant le Nigéria, l’Afrique du Sud le 28 août et après Abuja, le Kenya, trois pays anciens colonies britanniques. Au même moment ou presque, Angela Merkel qui était à Dakar et à Accra finira sa tournée africaine au Nigeria. Elle non plus ne s’était jamais autant bousculée pour l’Afrique. Alors que la France peine à maintenir son monopole sur le continent, d’autres pays ‘Europe se bouscule. Que ce soit la Turquie ou la Russie, l’Afrique qui concentre plus de la moitié des riches minières de la planète restera, pendant les prochaines décennies, la convoitise de grandes puissances d’autant qu’elle connaît une croissance élevée, 5% en moyenne et devrait se rendre incontournable dans les grands défis économiques qui attendent la planète.

Pékin planifie de grandes offensives

La Chine l’a mieux compris et ne lésine pas sur les moyens pour rester en tête de peloton. Les 3 et 4 septembre, elle accueille un sommet de chefs d’Etat avec une cinquantaine de délégations attendues près de la moitié conduites par des chefs d’Etat. Pékin a prévu plusieurs rencontres économiques pour rapprocher les hommes d’affaires chinois et africains mais aussi maintenir le cap de principal investisseur sur le continent. Si dans l’exploitation des mines en Angola par exemple, elle ne compte que pour 28% derrière les Américains qui concentrent près de 50%, la Chine entend doubler les investissements des entreprises chinois d’ici 2025. Pékin qui concentre déjà la moitié des marchés de construction entend donner la priorité à l’agriculture et à l’éducation avec l’ouverture de plus en plus large de ses meilleures universités aux étudiants africains. Le 3e sommet sino-africain en cours sera pour le géant asiatique l’occasion d’une démonstration de force, comme un signal aux pays développés.

Paris peine à maintenir son hégémonie

La France qui n’a jamais atteint l’objectif de 0,7% d’aide au développement perd son monopole  même dans son ancien pré carré francophone depuis Nicolas Sarkozy. Paris qui a souvent su compter sur le soutien des pays africains à l’Organisations des Nations Unies (Onu) et qui dispose de cadres d’influence comme l’organisation internationale de la francophonie recule drastiquement et n’est même plus dans le Top 5 des principaux investisseurs en Afrique. Avec 7,7 milliards de dollars en 2017, elle est devancée par les Emirats Arabes Unis qui font peu de bruits mais aussi l’Italie. Mais aussi les Etats unis, 4e avec 10,4 à peine plus que les 8,1 milliards du Maroc arrivé en 5e position. Avec ses nouveaux projets, son retour au sein de l’Union africaine et sa volonté d’adhérer à la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (Cedeao), le royaume chérifien maintiendra son avance. Quant à la France, elle se tourne vers des projets culturels pour ne pas perdre définitivement l’Afrique.

redaction@afrikastrategies.fr

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