Au Sénégal, la majorité parlementaire a désapprouvé le 24 décembre dernier une proposition de loi visant à renforcer la répression de la communauté LGTBQ+, la qualifiant de « faux débat ».
Elle visait à modifier l’alinéa 3 de l’article 319 du code pénal pour punir désormais « d’une peine de cinq à dix ans d’emprisonnement ferme et d’une amende d’1 million à 5 millions FCFA (1.500 à 7.625 euros), sans possibilité d’accorder des circonstances atténuantes, quiconque aura été reconnu coupable d’actes contre nature« .
Maye Gaye, porte-parole de l’ONG islamique sénégalaise Jamra, revient sur les évènements qui ont conduit au durcissement de ton contre la communauté LGTBQ+. « Depuis quelque temps nous ne savons pas quelle mouche les a piqués, certains membres de la communauté homosexuelle sénégalaise commencent à envahir l’espace public à travers d’inquiétantes provocations. Les plus saillants étant l’acte qu’ils avaient commis le 25 décembre 2015. Cette date qui a une double signification religieuse parce que comme tout le monde le sait, c’était Noel pour nos frères chrétiens et ça correspondait aussi avec le Maouloud, la nuit célébrant la naissance du prophète Muhamed. Des homosexuels avaient fait exprès de choisir cette nuit doublement symbolique au plan religieux pour organiser onze mariages homosexuels à l’école Ibrahima Diouf de Kaolack« , explique le porte parole de Jamra.
La proposition de loi ne fait que créer des situations de panique et d’insécurité au sein de la population et la communauté LGTBG+, explique l’un des responsables du collectif Free Sénégal qui a souhaité garder l’anonymat. Il espère que les parlementaires vont prendre la bonne décision en rejetant cette loi. « Depuis trois, voire quatre ans, l’homophobie a commencé à prendre énormément de place. Il y a eu beaucoup de difficultés qui ont été notées au niveau du Sénégal par rapport aux personnes de la communauté LGBTQ+ qui se sont déplacés vers la Mauritanie pour devenir par la suite des demandeurs d’asile. Aujourd’hui, nous sommes au cœur de l’actualité, nous sommes au cœur d’un tiraillement entre l’Etat du Sénégal et ces mouvements islamistes homophobes« , renseigne l’activiste.
Les homosexuels exclus des discussions
Autre pays, autre contexte. En Côte d’Ivoire, c’est un tout autre débat qui a secoué la communauté LGBTQ+. En effet, le 28 octobre dernier, les députés ont décidé de manière unanime d’exclure les personnes homosexuelles de la modification d’un projet de loi concernant la qualification juridique de la discrimination.
Le débat a donné lieu à de vives discussions et des amalgames au sujet du mariage gay, explique Carlos Idibouo Toh Zwakhala, consultant au Réseau des Institutions Nationales Africaines des Droits Humains. »La société civile, des organisations LGBTQ+ et d’autres organisations se sont réunies dans toute une série de réunion où il a été décidé d’une part de clarifier qu’il ne s’agit pas d’une demande allant dans le sens de la légalisation du mariage gay en Côte d’Ivoire mais plutôt de la reconnaissance de la protection de leurs droits et d’autre part, de présenter un dossier de plaidoyer qui serait adressé aux parties prenantes pour éviter des amalgames, » s’indigne l’activiste.
Dans plusieurs pays en Afrique, l’homosexualité reste un crime, et dans d’autres, les membres de la communauté LGBTQ+ sont condamnés à la peine de mort. Cependant, il existe des avancées, comme en Afrique du Sud par exemple, où le pays a légalisé le mariage pour les personnes de même sexe en 2006, ou encore tout récemment le cas du Botswana, où la justice a maintenu sa décision de décriminaliser l’homosexualité, rejetant ainsi un recours déposé par le gouvernement.
Afrika Stratégies France avec Deutsche Welle Afrique