Fondateur et secrétaire général de Tunisa Africa business council (Tabc), Anis Jaziri est un homme d’affaire tunisien passionné de l’Afrique. Depuis cinq ans, son organisation multiplie des initiatives sur le continent, objectif, faciliter les investissements tunisiens en Afrique et vis versa. Une dizaine de voyages cette année, de multiples déplacement prévus l’année prochaine avec une stratégie de donnant-donnant. Pour JAziri, « La Tunisie doit dénicher des opportunités en Afrique subsaharienne et partout sur le continent, tout en accordant des opportunités aux investisseurs africains en Tunisie » car, la coopération sud-sud est la clé de développement selon le secrétaire général du Tabc. Alors qu’il revient d’un séjour début décembre de Conakry, il a accepté d’évoquer avec Afrika Stratégies France les objectifs de son organisation, le bilan 2019, les enjeux pour l’année prochaine avec un accent particulier sur le Fita. Le Financing investment trade in Africa est devenu un rendez-vous phare de la finance et du business à Tunis. Enrichissant entretien, réalisé dans les bureaux du Tabc sis à Menzah 4, à Tunis.
Jusqu’à récemment, on sent une certaine réticence de la Tunisie à s’engager en Afrique subsaharienne. Pourquoi ?
Ce n’est pas une réticence en tant que telle. Il y a des relations, il y a des coopérations, il y a un certains nombre de choses qui se font, même si on peut, bien évidemment faire beaucoup plus. Je suis d’accord qu’il faut faire plus. Mais ça commence petit à peu et pourrait aller très vite. Notre rôle en tant organisation est de mettre l’Afrique au centre des intérêts du gouvernement, des politiques et des chefs d’entreprises. Je pense nous avons réussi à le faire, aujourd’hui que ce soit au niveau du gouvernement ou la communauté des hommes d’affaires, l’Afrique devient une des priorités.
Votre organisation Tunisia Africa business council (Tabsc) initie et entretient des ponts entre l’Afrique noire et la Tunisie, comment cela se passet-t-il ?
Plutôt bien. Nous avons déjà organisé plusieurs visites dans différents pays. Et pour 2020, nous avons encore beaucoup de visites à faire notamment dans d’autres régions que l’Afrique de l’ouest. Nous seront sans doute au Ceo Forum d’Abidjan début mars mais aussi au Mali mais nous allons aussi aller à la conquête de nouveaux horizons, notamment en Afrique du centre. Le Kenya, l’Ouganda, le Gabon ou encore la République démocratique du Congo (Rdc). LE principal objectif de notre organisation est d’ouvrir la Tunisie sur l’Afrique, de scruter, de proposer des opportunités et de favoriser les échanges commerciaux et d’affaires entre la Tunisie et le reste de l’Afrique notamment l’Afrique subsaharienne mais aussi d’amener des hommes d’affaires africains à s’intéresser à la Tunisie et à y découvrir des opportunités. C’est pour cela que nous travaillons essentiellement avec les Etats, les gouvernements, les autorités mais aussi les chambres de commerces et d’industrie des pays où nous nous rendons. La Tabc existe depuis seulement cnq ans mais nos réalisations sont déjà énormes.
Vous revenez, il y a juste quelques jours, de la Guinée. Vous multipliez des séjours en Afrique au sud du Sahara, de quoi s’agit-il ?
Il s’agit essentiellement de mettre en contact avec des hommes d’affaires comme je le disais, de dénicher des opportunités là bas et de faire découvrir des opportunités ici aussi. Mais notre stratégie est aussi basée sur un transfert de compétences. La Tunisie ayant une énorme avancée dans les domaines industriels et de prestations peut, dans divers domaines, être utile au reste de l’Afrique. Car nous croyons beaucoup à la coopération sud sud, sans elle, l’Afrique ne connaîtra pas son développement.
En Afrique Subsaharienne, comment sont perçues vos actions ?
Très bien. Je peux vous rassurer sur ce point. Cela se ressent dans les résultats. Mais au-delà des visites, nous organisons d’autres manifestations qui regroupent du monde chaque année. Le Financing invesment and trade in Africa (Fita) est un rendez-vous qui mobilise des investisseurs de tout le continent ici à Tunis. La prochaine édition aura lieu début février, les 4 et 5 février. Il s’agit d’un ensemble de communications sur les enjeux dans les affaires et le financement, les opportunités mais aussi une occasion de rencontre et de lobbying entre des hommes d’affaires. C’est notre principale manifestation annuelle.
Quels sont les secteurs d’opportunités pour les affaires et l’industrie tunisiennes en Afrique ?
Il y a deux secteurs principaux dans lesquels nous sommes en avance. Il s’agit de la santé où nous avons une expertise et une expérience très proche de l’Europe. Puis l’enseignement supérieur où, après l’Afrique du Sud, nous largement en avant. D’ailleurs certaines écoles comme l’Université Centrale s’installent déjà dans des pays du continent. Puis il y a le secteur agricole où la Tunisie a beaucoup à donner en Afrique.
Le Maroc est déjà très présent en Afrique subsaharienne. Est-ce que la conquête de l’Afrique doit être une priorité pour les nouveaux pouvoirs ?
Bien sûr. Et je sais qu’ils en sont conscients. Il faut dire que le Maroc est en coopération avec l’Afrique du sud du Sahara depuis très longtemps. Cela fait des décennies, depuis Hassan II. Et l’actuel Roi, Mohamed VI a fait beaucoup dans le domaine. Nous sommes bien évidemment loin du Maroc mais ça avance pour la Tunisie. Nous irons très vite.
Il est presqu’impossible pour un ressortissant subsaharien de travailler ou d’investir en Tunisie. Est-ce que cela ne détruit pas les ponts que vous créez ?
Il n’est pas aussi difficile d’investir que ça. On peut facilement investir, oui. Il y a beaucoup d’étrangers qui investissent dans notre pays. Il y a sans doute quelques restrictions mais elles ne concernent pas que l’Afrique, elles concernent tout étranger. Pour le travail, il y a une priorité nationale, c’est vrai, mais il y a beaucoup qui travaillent ici. Certains dans le noir, d’autres normalement et je crois que ça va évoluer dans les années à venir.
Quelles sont selon vous les grandes réformes que la Tunisie doit faire pour faciliter l’investissement étranger direct (IDE) ?
Il y a quelques efforts à faire. Déjà, faciliter les voyages par l’annulation de visa. Nous l’avons déjà fait pour beaucoup de pays. Il y a eu pour le Bénin récemment et la desserte par Tunisair de Cotonou avec des vols directs, après celui de Conakry. Globalement, les lois favorisent les investissements étrangers avec quelques dispositions particulières qui n’empêchent en rien d’investir. J’invite des jeunes hommes d’affaire d’Afrique à se tourner vers la Tunisie, c’est important pour le développement de l’Afrique.
Quels sont vos grands programmes pour 2020 ?
Nous avons un grand nombre d’activités. Nous serons au Mali en début d’année pour le FEBAK puis suivra, en février le Fita à Tunis. En mars, nous serons au Ceo Forum à Abidjan. En avril, une mission multisectoriel avec un salon sur l’enseignement supérieur à Kinsahsa en RDC. Puis une participation au sommet Afrique-France en juin en France. Nous ferons ensuite des missions multisectorielles au Kenya, et au Nigeria ainsi qu’en Mauritanie puis en Tanzanie.
Propos recueillis à Tunis, par MAX-SAVI Carmel, Afrika Stratégies France