Son ombre plane sur la prochaine présidentielle, peut-être trop tôt mais tout de même. Alors que son mentor boucle en 2026 son 2e et dernier mandat et qu’il a clairement exprimé son intention de ne pas rempiler, Olivier Boko fait l’actualité ces derniers temps à cause des appels à sa candidature. A 60 ans, l’homme d’affaires n’a encore rien dit mais les supputations ont rarement été aussi vives. Nous repérons, en quatre doublets, quelques qualités de l’homme.
Il n’est nulle part mais partout à la fois. Très discret, Olivier Boko évite les manifestations officielles, notamment depuis qu’au lendemain de l’élection de Patrice Talon en 2016 déjà, il était ressenti dans la posture de vice-président et les chancelleries occidentales lui pronostiquaient un destin présidentiel. A la suite de son maître auquel, il fut l’incarnation de la loyauté, surtout pendant les trois années d’exil en France. Depuis quelques semaines, une nébuleuse qui se réclame de son nom, même si Boko n’a aucune relation particulière avec ledit mouvement, appelle à sa candidature. Et s’il ne semble pas insensible, l’homme d’affaire est bien loin d’une telle ambition d’autant que le très effacé ne se lancera pas dans une telle ambition sans la bénédiction du président sortant.
Loyauté et patient
Octobre 2015. Inoubliable image qui aura fait le tour du monde. Alors qu’une foule immense s’est mobilisée à l’aéroport Cardinal Gantin de Cotonou pour accueillir Patrice Talon à l’issue de trois années de prison, comme son ombre, Olivier Boko fit son apparition. Sourire discret, ému aux larmes, il n’a pas lâché d’un pas son mentor. En saluant le retour d’un potentiel candidat à la présidentielle à travers Talon, le peuple béninois saluait aussi cette loyauté à nulle autre pareille qui a fait qu’Olivier Boko a dû quitter son pays. C’est l’image qu’il a imprimée dans la mémoire collective, dans un pays où la transhumance et les trahisons sont légions. Ceux qui connaissent Boko le disent d’une impressionnante humilité, à la limite de l’obséquiosité et surtout, d’une patience à toute épreuve. Une qualité qui devrait, s’il devenait un jour président du Bénin, lui être plus qu’utile.
Prudent et déterminé
Il a compris, dans la foulée de l’élection de son ami, qu’il faille faire place au pouvoir. Alors que beaucoup le soupçonnent en vice-président et qu’on lui imagine des pouvoirs sans fin, Olivier Boko a vite compris, par prudence, une qualité qu’il a su cultiver, que le pouvoir est une chaise et non un banc. Et que, par ricochet, Patrice Talon est l’unique occupant. Tous ceux qui le connaissent admirent sa prudence et cette introversion quand il s’agit de parler du pouvoir. Même si dans l’ombre de Talon, il apprend très vite du pouvoir, Olivier Boko sait aussi donner des conseils quand il les juge nécessaires. Au-delà de la prudence, c’est un homme déterminé, qui sait ce qu’il veut et ne lâche jamais. Autant sa loyauté est obsessionnelle, autant sa détermination est coriace. Il sait aussi que la détermination ne suffira pas pour gouverner un pays aussi délicat et énigmatique que le Bénin.
Ambitieux et patriote
S’il a souffert le plus de quelque chose toute sa vie durant, c’est l’exil. Car plus que la fierté d’être béninois, Olivier Boko qui s’est toujours méfié d’acquérir d’autres nationalités aime profondément son pays. Sa fortune ne l’a pas poussé dans les travers de la bourgeoisie et aujourd’hui encore, il ne manque aucune occasion de s’engouffrer, pour ce bon vivant, de repas africains mais surtout béninois. Son ambition pour son pays est sans doute à la hauteur de sa détermination à servir un pays qu’il aime par-devant tout. Il n’est pas impossible qu’il ait envie de diriger le Bénin mais Olivier Boko ne s’imposera que s’il trouve judicieux ce que ses qualités et prédispositions peuvent apporter à son pays. Il sait aussi que quel que soit son rêve, il lui faut un grand soutien populaire. Les béninois l’aiment, la presse l’adule, le bas peuple le magnifie, mais ce croyant impénitent, membre actif d’une église évangélique ne forcera en rien et à aucun moment son destin, sans être certain que c’est la volonté de Dieu pour lui.
Croyant et visionnaire
Ses journées sont jalonnées par la prière. Profondément croyant. Dans un monde où la foi est devenue pour beaucoup désuète, Olivier Boko devrait en faire le socle de ses ambitions. Il aura aussi appris, aux côtés de Talon, le rêve des grandes réalisations. Qu’on l’aime ou pas, Patrice Talon a investi dans les grandes infrastructures. Cette propension mitterrandienne est un virus que Boko partage avec Talon. Si le premier succède au second, une certitude, le Bénin continuera ses grandes réalisations et devrait s’imposer, naturellement dans la sous-région. Même s’il est déjà incontournable au sein de la majorité, Olivier Boko a beaucoup d’amitiés dans l’opposition. Sa générosité légendaire en a fait un homme passe-partout, une posture qui sera décisive. Et à 60 ans, celui qui fait beaucoup plus jeune que son âge le sait mieux que quiconque.
Afrika Stratégies France avec RFI