Blaise Compaoré tente le tout pour le tout. Alors que son parti, le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), est déchiré par le duel fratricide entre Eddie Komboïgo, fer de lance des « réformateurs », et Achille Tapsoba, qui prône la fidélité absolue à l’ex-chef de l’État, l’ancien président essaie de prendre les choses en main.
Selon nos informations, du 23 au 25 mai, il a présidé un face-à-face entre les deux rivaux, dans sa résidence située à Cocody, le quartier huppé d’Abidjan où il vit depuis le début de son exil, en 2014. « Nous avons eu un conclave à Abidjan sur invitation du président d’honneur », a déclaré un membre de la délégation.
« Ambiance bon enfant »
Eddie Komboïgo, qui est toujours à la tête du CDP, avait à ses côtés son vice-président, Boubacar Sannou, tandis qu’Achille Tapsoba était accompagné par l’ancien ministre de l’Environnement, Salifou Sawadogo. L’ancien ministre des Mines et de l’Énergie, Salif Lamoussa Kaboré, réputé proche de François Compaoré, frère cadet du président déchu, et l’ex-ministre des Sports, René Émile Kaboré, ont, eux aussi, pris part aux débats. Ceux-ci se sont déroulés dans une « ambiance bon enfant », selon un participant qui précise : « Nous sommes des camarades avant tout, et non des ennemis. »
Selon nos sources, Blaise Compaoré a tenu à associer des personnalités neutres dans la guerre intestine du moment. L’ancien chef du parlement, Soungalo Ouattara, ainsi que l’ancien ministre Alain Yoda étaient également présents.
Consultations
Visiblement « en forme », selon nos sources, malgré la récente dégradation de son état de santé, Blaise Compaoré a insisté auprès de ses interlocuteurs sur la nécessité de réunir les deux camps. Il a ensuite écouté et recueilli leurs propositions pour qu’un apaisement soit possible. Achille Tapsoba a réclamé le départ d’Eddie Komboïgo à la tête du CDP mais proposé de ne pas exclure les dissidents après consultation des instances du parti. D’après nos sources, Compaoré n’a pas tranché entre les deux groupes, promettant de continuer les concertations.
L’ancien chef d’État réussira-t-il enfin à ramener la sérénité entre l’aile historique qui réclame le respect scrupuleux de son héritage politique et les tenants d’une rénovation radicale du parti ? Latents pendant plusieurs mois, les antagonismes au sein de l’ancien parti au pouvoir ont éclaté au grand jour lors du Congrès des 18 et 19 décembre dernier.
Blaise Compaoré, jusque-là président d’honneur du parti, s’était alors vu privé de l’intégralité de ses prérogatives par Eddie Komboïgo. Achille Tapsoba, qui a pris la défense de l’ancien chef d’État, et six vice-présidents avaient été suspendus de leurs fonctions. En outre, Komboïgo avait aussi mis en place un comité chargé de réfléchir à un nouveau nom et à un nouveau logo pour le CDP.
Afrika Stratégies France avec Jeune Afrique