Au Cameroun, 11 % de la population est en ce moment en situation « d’insécurité alimentaire aiguë ». Cela correspond à trois millions de Camerounais. Les chiffres ont été présentés par le ministère de l’Agriculture cette semaine. Les trois régions les plus touchées sont l’Extrême-Nord, le Nord-Ouest et le Sud-Ouest.
Avec notre envoyée spéciale à Yaoundé, Amélie Tulet
Quand on parle d’insécurité alimentaire aiguë, il s’agit de familles qui pour s’acheter à manger doivent mettre en place des stratégies dont les conséquences seront durables. Comme, vendre leurs biens, prendre un travail supplémentaire ou renoncer à envoyer un enfant à l’école.
Sur les 3 millions de Camerounais concernés par ces difficultés, 335 000 sont considérés comme étant en phase d’urgence. Ils ne mangent plus suffisamment au quotidien, sont en état de malnutrition avec un impact néfaste pour leur santé.
Dans l’Extrême-Nord, la production agricole est malmenée par la question de l’eau qui manque lors des phases de sécheresse ou détruit les cultures lors des inondations. Une situation aggravée par l’insécurité dans la zone du lac Tchad.
L’insécurité est également en cause dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest depuis 2017. L’accès aux champs est perturbé, les marchés désorganisés et de nombreux habitants sont déplacés par les violences entre forces gouvernementales et les groupes armés.
Des situations locales aggravées par un contexte mondial de hausse des prix des matières premières et des engrais.
Pour le Comorien Athman Mravili, représentant de l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture, la FAO, au Cameroun, les ressources manquent pour répondre aux besoins. Tous les bailleurs de fonds ne sont pas au rendez-vous. « C’est le gros problème qui se profile. Actuellement, c’est vrai que dans le monde il y a de plus en plus de crises et des plus graves que le Cameroun, on vient de voir l’exemple frappant du Soudan. Mais ça, c’est notre inquiétude, c’est le manque de ressources, de répondre de manière digne aux besoins de sécurité alimentaire et de résilience de ces populations. Ça, c’est clair. »