COTE D’IVOIRE : Abidjan débute 2022 avec tous les signaux économiques au vert

Poumon économique de l’Afrique de l’ouest, la Côte d’Ivoire s’en sort bien malgré la crise sanitaire. Avec une inflation maitrisée, un taux d’endettement largement en deçà des limites régionales et une croissance stable, le pays tient le coup. Et mieux, le Fonds monétaire international (Fmi) annonce une croissance record pour l’an prochain. Décryptage d’une économie à toute épreuve. 

Les institutions de Bretton woods (Fmi et Banque mondiale) et l’Union économique et monétaire ouest africaine (Uemoa) avaient craint, début 2020 que la pandémie ne crucifie les économies en croissance notamment celles africaines. Si par rapport à sa population, la Côte d’Ivoire a été beaucoup moins atteinte que d’autres pays, un peu plus de 80.000 cas début février et 780 morts, le pays a su, mieux que ses voisins s’adapter économiquement et surtout, reprendre le cap qu’il s’est donné ces dernières années. Ainsi, dès le début de cette année, les bonnes nouvelles tombent. Le pays s’en sort plus aisément que prévu et surtout, reprend sa croissance économique. « Nous avons la chance d’avoir un chef d’Etat qui, en matière de macroéconomie, s’y connaît » constate, à Abidjan, un fonctionnaire de l’Uemoa. Le pays a su aussi compter sur la résilience de sa population. 

Résilience sociale et résistance économique

Abidjan est, en Afrique de l’ouest, la capitale par excellence du « bien-vivre ». Cet état d’esprit porté par un mental équivoque a énormément joué en faveur de l’économie. Globalement, le pays a connu très peu de période de confinement et grâce à une prise de conscience rapide soufflée par le gouvernement, les ivoiriens ont respectés en général les gestes barrières. Dans les rues d’Abidjan, même si les maquis sont quasi remplis, le port de masque a été largement intégré aux habitudes. Cette flexibilité a permis à l’économie de tenir la route d’autant que des mesures sociales et économiques ont été prises. L’ex Premier ministre, Amadou Gon Coulibaly a immédiatement mis en place un fonds de soutien au secteur privé de 250 milliards. Les principales filières de l’économie ivoirienne que sont l’anacarde, le coton, l’hévéa, le palmier à huile, le cacao et le café ont été portés par un soutien financier direct là aussi, de 250 milliards. Ces dispositions sociales et économiques ont été reconduites pour beaucoup d’entre elles l’année suivante. Cette prévoyance a permis de sauver l’économie d’un chaos et surtout, d’assurer un rebond rapide de la croissance sur laquelle mise Alassane Ouattara depuis son arrivée au pouvoir en 2011 d’autant qu’il a retrouvé l’éléphant économique de l’Afrique francophone avec une croissance négative. 

 Chiffres rassurants

Avant la pandémie, l’économie se portait à merveille. Et pour preuve, la croissance économique était, en 2019, de 6,9%, ce qui était largement en avance sur les autres pays de la sous-région.  Cette croissance a été maintenue depuis quelques années par plusieurs facteurs. D’abord, le dynamisme de l’industrie extractive porté par l’or noir. Ensuite, la redynamisation de l’agro-industrie portée par la valorisation des produits de rente notamment le café cacao mais aussi l’hévéa. L’amélioration du transport a eu un impact direct sur l’économie alors que face à l’explosion des infrastructures, le secteur de la construction n’aura jamais été en si bonne forme. D’ailleurs, cette période coïncide aussi avec le record dans le domaine des constructions de routes et de logements sociaux, une politique infléchie en faveur du social par l’ex Premier ministre, Amadou Gon Coulibaly. D’ailleurs, en 2020, malgré la pandémie et ses répercussions, portée par le secteur l’agriculture, la croissance est restée à +2%. Du coup, dès 2021, la croissance a rebondi, à 6,2% et devrait tourner autour de 6,5% en 2022. La maitrise de l’inflation, qui contrairement aux autres pays de la sous-région, n’a dépassé que rarement les 3% a été d’un bon secours alors que le pays a conservé sa marche de manœuvre dans le domaine de l’endettement. A 49,4% du PIB, le taux d’endettement reste le plus bas de l’Uemoa, où les normes limites sont fixées à 70%. Elles sont d’ailleurs largement dépassées par plusieurs pays dont le Bénin, le Togo ou encore le Niger. 

Croissance bientôt en rebond

Si la croissance au niveau du continent ne devrait pas dépasser 3%, la Côte d’Ivoire va maintenir le cap du rebond et dépasser légèrement les 6,5% cette année. Selon la Banque mondiale et le Fonds monétaire international, le rebond devrait se maintenir au cours des années à venir. Ce qui est un gage pour les investisseurs étrangers qui devraient, d’ici 2025 se bousculer aux portes d’Abidjan. Mais l’autre défi sera le ressenti par les populations de cette performance économique, « les populations ne la ressentent pas comme cela se doit » selon l’opposant Mamadou Koulibaly qui fut ministre des finances sous le régime Gbagbo. Le pouvoir ivoirien doit donc renforcer le cap du social afin de décroître la pauvreté et surtout, d’assurer plus d’équité dans le partage de la richesse. 

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