Alors que le ministère en charge de la communication interfère souvent dans le domaine du numérique, ajouter ce dernier volet au portefeuille était devenu cohérent. Et même si Amadou Coulibaly a dû céder la Francophonie qu’il ressortait de ses cendres, sa reconduction est un renouvellement de confiance au porte-parole du gouvernement ardemment au four et au moulin.
Jeudi dernier en marge du conseil de ministre, apparition habituelle à la télévision nationale pour en livrer le compte rendu. Peu avant, Amadou Coulibaly a été reconduit comme ministre de la communication et des médias avec en cerise sur le gâteau, le numérique. Il a dû se passer de la Francophonie, devenue vite l’une de ses passions. Si, comme certains piliers du gouvernement, son maintien était attendu, il n’est pas moins un renouvellement de la confiance d’Alassane Ouattara qui a fait entrer ce député du nord du pays dans l’exécutif depuis la décès du Premier ministre Gon Coulibaly dont il est aussi le frère. Engagé dans les domaines de modernisation, du renforcement de la ressource humaine et de la visibilité de l’action gouvernementale, Amadou Coulibaly continuera sa mission auprès du chef de l’état avec en complément le numérique, un secteur étroitement lié à la communication et aux médias.
Le numérique en complément de cohérence
Désormais, le ministère de la communication et des médias doit s’accommoder avec le numérique et le détachement de la Francophonie. Il a procédé en fin de semaine à une double passation de charges dont celle avec Françoise Remarck. La nouvelle ministre de la culture s’est vu rattacher la Francophonie. Dans la foulée, une passation avec son collègue du numérique s’est aussi imposée, Roger Félix Adom. Désormais, le numérique est associé à la communication, ce qui crée une cohérence compte tenu de l’implication des médias dans le champ du numérique, Amadou Coulibaly était souvent au besoin d’une proximité entre les deux secteurs. Désormais, avec cet ajustement raisonnable, le ministère ne peut plus que s’illustrer avec davantage d’efficacité. Mais ce nouveau département est aussi un nouveau défi pour le ministre. Et Malgré son évidente polyvalence, rien n’est gagné dans un secteur en constante mutation. Amadou Coulibaly qui avait fait de la modernisation et de la qualité des ressources humaines les bases de son action devrait faire face aux subtilités et enjeux qu’impose le numérique.
Une vision axée sur la modernisation et le facteur humain
Dès son arrivée au ministère, Amadou Coulibaly a axé son action autour de deux défis. La modernisation notamment l’ajustement technologique qu’impose les nouvelles évolutions et la permanente mise à niveau du personnel. Ainsi, les médias publics ont vu leur capacité technique mises au pas alors qu’avec eux, les autres médias notamment les chaînes de télévision qui ont dû faire face à l’arrivée de la Télévision numérique terrestre, Tnt ce qui impose une remise à niveau technique et une modernisation de l’espace. La publicité, une autre importante entité du ministère a été totalement dépoussiérée. Elle a été assainie avec la lutte contre la publicité sauvage et l’organisation, en lien avec les agences accréditées, du secteur. Mais compte tenu de l’influence des nouveaux médias dans l’espace d’information en Côte d’Ivoire, la modernisation « doit rester un défi de permanence » selon le ministre. Et chaque défi technologique ne peut se passer de celui des ressources humaines, donc un recyclage adapté du personnel. Et compte tenu de l’explosion des fake news et les mutations en cours des médias traditionnels, la mise en lumière de l’action gouvernementale est une priorité du ministre. Sa mission de porte-parole de l’exécutif a été maintenue à cet effet et ce proche de Ouattara en est mieux que quiconque conscience.
Davantage de visibilité pour l’action gouvernementale
En tant que principal porte-parole, prérogative qui lui a été renouvelée, Amadou Coulibaly a pour première mission de renforcer la visibilité de l’action gouvernementale. Une mission d’autant plus délicate que malgré les performances économiques et diplomatiques et le succès en cours de la réconciliation, les ivoiriens attendent davantage de l’exécutif sur la question sociale. Ils ont, à raison, l’impression que les réussites économiques ne sont pas suffisamment ressenties dans le panier de la ménagère et ce, d’autant que le mandat en cours est placé sous le signe du social. C’est ce qui justifie la mobilisation de tout le gouvernement face à la cherté de la vie, une inflation mondiale dictée en partie par la guerre en Ukraine. Mais avec cette reconduction, le ministre porte-parole devrait faire de cette visibilité un défi de premier plan d’autant que le gouvernement a engagé 120 milliards, un record dans la sous-région en faveur de la lutte contre la cherté de la vie tout en mettant en place un mécanisme de contrôle des prix pour éviter la spéculation. Amadou Coulibaly devrait, compte tenu de ses excellentes relations avec les principaux médias privés du pays, les patrons de presse et les journalistes, y arriver aisément.
Cette confiance au ministre de la communication comme à une majorité du gouvernement a permis la mise en place d’un exécutif de combat, contre la pauvreté et la vie chère mais aussi, en ce mi-mandat, pour affronter les prochaines joutes électorales, soupçonnent les observateurs.
Houessou Houtondji Arsène, Afrika Stratégies France