Sous l’orientation du chef de l’Etat, la journée de la paix a eu lieu le 15 novembre à Yamoussoukro. Un pas vers la réconciliation d’autant qu’il s’agit de la première édition depuis la création au gouvernement d’un ministère en charge de cette thématique. Pendant pas moins de cinq jours, avec Kouadio Konan Bertin en cheville ouvrière, cet événement est un prélude à la réconciliation. Afrika Stratégies France l’a suivi, au jour le jour…
15 novembre 2021. Kouadio Konan Bertin (Kkb) marque la fin de la célébration de la journée de la paix par le dépôt d’une gerbe de fleurs sur la tombe de Félix Houphouët-Boigny, père de la nation ivoirienne. Pour la Côte d’Ivoire et l’Afrique, le premier président ivoirien est un prophète de la paix. Aux côtés du ministre ivoirien de la réconciliation, Birahima Ouattara. Le ministre d’état en charge de la défense représente, à l’occasion, le chef du gouvernement ivoirien, Patrick Achi. Cette cérémonie est le couronnement d’une célébration qui a commencé depuis le 11 novembre. Si cette 25e édition de la journée de la paix est toute particulière, c’est à cause du processus de réconciliation lancé depuis la dernière présidentielle et la nomination d’un ministre de la réconciliation et de la cohésion nationale.
Au jour le jour
Les manifestations se sont étendues sur plusieurs jours. C’est à la fondation Félix Houphouët-Boigny pour la Recherche de la Paix à Yamoussoukro que la cérémonie d’ouverture a eu lieu, lançant ainsi la 25e édition d’un événement devenu habituel dans la vie des ivoiriens. L’allocution du ministre Kouadio Konan mais aussi celles de plusieurs personnalités dont N’guessan Zéké Suzanne, représentante du Médiateur de la République de Côte d’Ivoire et le Ministre-Gouverneur, Augustin Thiam ont salué l’initiative du Ministre de la Réconciliation et de la Cohésion Nationale dont la mission démarre sur des chapeaux de roues par la consultation des chefs traditionnels et des guides religieux. Dès le 12 novembre, un forum scientifique lancé la veille a continué autour de divers thèmes. A la veille de l’apothéose le 14, cette manifestation pour la paix redore son envergure religieuse. Une messe d’action de grâces pour la Paix en Côte d’Ivoire a été célébrée à la Basilique, œuvre du Premier président, une cérémonie au cours de laquelle, autour de l’évêque du diocèse, prêtres, religieux, religieuses et fidèles ont prié pour le pays. Dans l’assistance, de nombreuses personnalités politiques, en l’occurrence le Premier Ministre Patrick Achi, le Président du Sénat Ahoussou – Kouadio Jeannot, le Président du Conseil Économique, Social, Environnemental et Culturel Aka Aouelé. Un succès pour le ministre de la réconciliation qui prépare ces événements depuis de nombreux mois, lui qui n’a de cesse de faire le tour du pays pour la prise en compte des aspirations des ivoiriens. Le dernier jour, placé sous le thème de ‘’La Côte d’Ivoire face au défi de la Cohésion Nationale et de la Paix’’ a été marqué le dépôt de la gerbe de fleurs sur la tombe du héros de l’indépendance qui n’a de cesse de rassembler autour de lui les ivoiriens, quelque soit leurs origines.
Le forum scientifique
« De la Fondation Félix Houphouët-Boigny au prix Félix Houphouët-Boigny pour la recherche de la paix : une quête permanente de la paix » ou encore « Politique étrangère de la Côte d’Ivoire de 1960 à nos jours et Cohésion Nationale », ce forum scientifique a été l’occasion d’un débat intellectuel de haut niveau mais aussi de discussions hautement politiques. Dès l’ouverture, le ministre Kouadio Konan Bertin a prononcé une allocation dans laquelle il a exhorté les chefs et les Ivoiriens au respect des lois et de la tradition. Pour lui, « le non-respect de ces normes sociales sont très souvent source de conflits dans nos sociétés humaines ». Le principal conférencier, Jean-Noël Loucou, Secrétaire général de la Fondation Félix Houphouët-Boigny a d’emblée présenté le rôle de celle-ci dans la quête et la préservation de la paix, le rôle de son fondateur avant de s’appesantir sur les recueils qui pourraient entraver les actions de ce temple de la paix. Intervenant ensuite sur le thème de la cohésion nationale, Dr Ouantchi Honoré, sociologue, a explosé les différents modèles de cohésion et il a invité les Ivoiriens à s’inspirer d’un modèle mixte qui mise sur les valeurs d’une société qui envisage la paix entre ses membres. En suite, Marie-Paule Kodjo de la CNDH, Commission Nationale des Droits de l’Homme, a, quant à elle, évoqué la question de la nécessité de la confiance entre les acteurs politiques. Notons qu’à la cérémonie d’ouverture, Dr Aka Aouélé, Président du Conseil Économique, Social, Environnemental et Culturel était présent et a prononcé une conférence inaugurale sur le thème « Paix : jeu et enjeux pour la Côte d’Ivoire ».
Perspectives
Cette activité de grande importance entre dans la ligne de mire des actions en vue de la réconciliation. Mais elle reste symbolique, il va falloir, selon de nombreux ivoiriens rencontrés sur place, « poser des actes concrets » afin de rassurer les uns et les autres. Certains ont l’impression que les exilés qui sont rentrés ces derniers mois ainsi que l’ancien président Laurent Gbagbo qui a passé une décennie hors du pays, entre la prison et une liberté provisoire ne soit pas suffisamment associé au processus. D’ailleurs, le rappel, par le procureur de la République, dans la foulée du lancement du Parti des peuples africains, sa dernière trouvaille, de la condamnation de 20 ans qui plane sur l’ancien président a suscité l’indignation sur les réseaux sociaux. S’il est vrai que Kouadio Konan Bertin fait tout ce qui est de son pouvoir pour faire avancer le processus, il n’est pas moins vrai que l’ultime décision revient au chef de l’Etat. Alassane Ouattara « a déjà fait plusieurs fois preuve de bonne foi » selon le ministre de la réconciliation, mais les ivoiriens attendent de lui « des actes concrets ».
Afrika Stratégies France