Le gouvernement ne lâchera pas tant que les afficheurs de panneaux sauvages continuent. Et la guerre devrait monter d’un cran cette année. D’ailleurs, à partir de ce mois de février, les opérations vont, non seulement, s’intensifier, mais seront mensuelles. Plus de répits pour ces agences de publicitaires qui contournent la loi.
06 décembre dernier, le ton est donné. En milieu de matinée au carrefour M’badon commune de Cocody, une opération inhabituelle. Adou Jean Martial, Adom Guillaume, Zouzouko Eloi et leur collaborateur prennent d’assaut le rondpoint. Le directeur de cabinet du ministère de la communication et des médias, le président de la Chambre des Afficheurs de Côte D’Ivoire (Cafci) et celui du groupement des Régisseurs en Publicité de Côte d’ivoire (Grepci) démantèlent symboliquement 63 panneaux aux propriétaires inconnus. Pour Adou Jean Martial, « cette opération qui devrait s’étendre sur six jours est la première phase d’un vaste plan d’actions de démantèlement de panneaux irréguliers initié par ledit ministère pour assainir le secteur de l’affichage publicitaire« . Il annonce par la même occasion la grande opération de février 2022 et promet que « des opérations similaires devraient se succéder tout au long de l’année 2022 de façon mensuelle« . Car le gouvernement est décidé à mettre fin à une pagaille qui perdure depuis de nombreuses décennies avec des conséquences néfastes aussi bien pour l’environnement que pour les finances publiques.
Une série d’avertissement
Tout au long de l’année 2021, plusieurs étapes ont été franchies dans la guerre contre les affiches irrégulières. Pendant plusieurs mois, les autorités ont multiplié des séances de sensibilisation. Fin juillet, les ministres de la sécurité, de l’équipement et de l’entretien routier ainsi que celui de la communication et des médias ont pondu un communiqué conjoint. Objectif, un appel pressant à « se conformer au strict respect de la législation en vigueur relative à l’affichage publicitaire« . Depuis, Amadou Coulibaly, Amédé Koffi Kouakou et Vagondo Diomandé ont instruit leurs services respectifs pour faire respecter la loi. Mais malgré cela et la sensibilisation du District autonome d’Abidjan, les contrevenants persistent et cherchent à échapper à la loi. Raison pour laquelle le ministre de la communication a procédé auprès du Conseil supérieur de la publicité, à répertorier et géolocaliser leurs supports. Une manière de savoir à qui appartient tel support et d’identifier aisément ceux frauduleux. Cette opération a démarré le 23 août 2021 et a duré un mois. Depuis, l’identification des panneaux sauvages est facile. Et compte tenu de l’impact environnemental et financier, y mettre fin devient une urgence.
Coût écologique et financier
Le coût n’est pas que financier. Il est vrai que le marché de la publicité en Côte d’Ivoire est colossal en comparaison aux autres pays de la sous-région. D’une dizaine en 2000, les agences publicitaires sont passées à une bonne centaine aujourd’hui. Et à côté, 200 régies publicitaires se partagent l’immense marché. Il est donc devenu urgent d’organiser le secteur pour permettre à l’état de percevoir redevance et autres taxes ainsi qu’au fisc d’entrer en possession effective des impôts. Une mission impossible sans assainissement du secteur. Des sources concordantes évoquent en tout « plus de 15 milliards qui échappent chaque année » aux divers services financiers de l’état. Mais l’autre enjeu est environnemental. La pause des affiches dans tous les coins de rue ne pollue pas qu’esthétiquement, mais aussi écologiquement. Les poseurs sauvages n’ont aucune responsabilité dans la gestion des déchets engendrés par leur activité. Cette opération vise aussi, en grande partie, à les responsabiliser. C’est d’ailleurs pour cela qu’Amadou Coulibaly ne leur laissera, dès ce mois de février, » aucun répit« , selon ses services.
Le dernier cap
La nouvelle opération qui sera lancée ce mois a un double avantage. Disposant de la géolocalisation des panneaux réguliers, elle aura plus de facilité à cibler ceux sauvages. Aussi, l’opération de démantèlement sera mensuelle et donc continue. Ainsi, chaque mois, les ministères concernés, notamment ceux de la sécurité, de l’équipement et de la communication feront conjointement la guerre aux panneaux sauvages. Cette concertation dans l’action et la constance porteront très vite leurs résultats.
Le gouvernement ayant fait de la salubrité publique une priorité, l’opération vient à point nommé d’autant que le pays organisera dans les prochaines années de grands événements dont la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) de football prévue dans un an. Bien accueillir ses hôtes, c’est aussi leur préparer un environnement sain.
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