Depuis sa nomination et malgré les tempêtes, le ministre ivoirien de la réconciliation s’accroche à la tâche. Kouadio Konan Bertin (Kkb) ne lâche aucun pan du processus, faisant le tour du pays et participant, sans répit, à de multiples activités. Avec un seul objectif, en attendant l’aboutissement de la réconciliation, veiller à ce que les braises ne s’enflamment point.
Pas de répit depuis le début de la nouvelle année. Et malgré son budget plutôt chiche, un peu plus de trois milliards CFA, l’ancien candidat à la présidentielle de 2020 ne lâche pas prise. Il y croit dur comme fer « la première étape de la réconciliation, c’est le dialogue ». Et il s’y met bien activement.
Ce weekend, en marge des obsèques de son oncle, l’honorable Allou Kouassi Bruno, le ministre a fait un détour rapide ce 12 février à Goli, un village du département de Bocanda. Objectif, « prendre des nouvelles et garder le contact avec le terrain » précise son cabinet. Il visite le chantier des 70 latrines et d’un ouvrage hydraulique qu’il a lancé dans la zone pour cette population fort isolée. L’accueil aura été chaleureux et la simplicité du ministre y colle. Le président de la mutuelle de développement du village a saisie l’occasion pour présenter de nouvelles doléances au ministre, attentif. « Les besoins sont énormes, les demandes colossales » constate, presqu’impuissant, Kkb. Il doit continuer ses incessantes tournées et vise à être « aussi présent que possible, partout où besoin sera ».
Des audiences qui en disent long
Depuis le début de l’année, il passe ses journées de travail au quartier administratif de Plateau à Abidjan, à recevoir leaders, chefs de partis, chefs de villages ou simples populations. Mi-janvier, il reçoit a son cabinet Aka Saye Lazare. Le président de la Fédération pour la Paix Universelle Côte d’Ivoire (FPU-CI) était porteur d’un message visant la paix universelle. Lui et sa délégation travaillent activement pour l’intégration de la réconciliation et de la cohésion dans les mœurs ivoiriennes. Début février, il recevra les membres de la direction de l’unité nationale. L’échange se porte sur leur contribution à la réussite de la mission de réconciliation. Et comme il a fait du dialogue sa cheville ouvrière, le ministre de la réconciliation et de la cohésion nationale enchaîne les audiences. Celle avec le professeur Méké Méité, le titulaire de la Chaire Unesco pour la Culture de la Paix aura marqué toutes les attentions. En marge de l’entretien, l’enseignant-chercheur a élevé au rang d’ambassadeur de la paix le ministre KKB. Une des nombreuses distinctions qu’a reçu le ministre depuis sa nomination. Au-delà des audiences et entretiens, les déplacements meublent l’agenda du ministre au quotidien.
Des activités qui pour « éviter que les braises ne reprennent »
Le 22 janvier 2022, Kkb était aux côtés des populations de Boundiali (600 Km d’abidjan) dans le cadre de la 1ère édition de la Journée de la femme rurale. Présent, le ministre de la Construction, du logement et de l’urbanisation, Bruno Nabagné Koné. Ce dernier a saisi l’occasion pour interpeller les têtes couronnées des régions du Tchologo et de la Bagoué sur les querelles incessantes de chefferie, défi permanent du ministère de la réconciliation. Peu après, le 01 Février Kouadio Konan Bertin s’est rendu au siège de l’Union Nationale des Journalistes de Côte d’Ivoire (UNJCI) dans le cadre d’une rencontre d’échange avec les professionnels de la presse ivoirienne. Il est convaincu plus que quiconque que la contribution des médias est fondamentale « pour une vraie réconciliation ». Quelques jours plus tard, le 04 février, revoilà Kouadio Konan Bertin aux côtés de la veuve Fologo (épouse du Laurent Dona Fologo) et des enfants du défunt à Korhogo (560 Km d’Abidjan) où il a atterri à bord d’un avion commercial d’Air Côte d’Ivoire. Il représente le chef de l’Etat aux funérailles de ce personnage clé de l’histoire de la Côte d’Ivoire. Longtemps ministre, il aura aussi présidé la Conseil économique et social du pays. Les 10 et 11 février 2022 il s’est rendu à Bonoua (60.7 km d’Abidjan) pour une longue visite de travail avec des forces vives (têtes couronnées, guides religieux, cadres, élus, femmes, jeunes, opérateurs économiques…) de la localité. « Je suis venu pour écouter. Écouter le roi, écouter les cadres et la population » a-t-il martelé. Un message bien reçu par le roi de Bonoua et ses sujets. L’infatigable ministre a déjà, pour la semaine prochaine, un agenda chargé, alors qu’il ne rentrera à Abidjan que ce lundi 14 février.
« Je suis candidat à la réconciliation »
Ses tournées, ses activités, sa participation à des funérailles, ses rencontres avec des ivoiriens de la base, ses contacts permanents avec les chefs traditionnels, tout cela est sans aucun doute à l’actif du gouvernement. « Je n’aurais rien réussi sans le soutien du Premier ministre et bien évidemment la bienveillance du président Ouattara » reconnaît-il, volontiers. Dans l’opinion ivoirienne, il est vite apparu comme l’un des ministres les plus actifs mais cet expérimenté du terrain préfère la discrétion. « Quand tout se fait aux vues et aux sues de tous l’efficacité est altérée » confie-t-il à Afrika Stratégies France qu’il a reçu dans ses bureaux d’Abidjan. Alors que l’espace politique connaît ses nouvelles configurations avec de nouvelles formations politiques et que les candidats potentiels se positionnement pour 2025, Kouadio Konan Bertin n’est candidat qu’à une seule chose, « à la réconciliation » s’en amuse-t-il. Pour l’ancien leader des Jeunes du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (Pdci), « réussir une mission si délicate, c’est oublier ses ambitions personnelles ».
Alors que la présidentielle de 2020 a été controversée et que celle de 2025 est dans tous les esprits, cette présence sur le terrain à un effet « rassurant » avoue un autre membre du gouvernement.
Afrika Stratégies France