Alassane Ouattara annoncera, dans la foulée d’une rencontre qui se tient à Sofitel Hôtel à Abidjan ce mercredi, sa candidature à la présidentielle prochaine. Une réponse aux nombreuses sollicitations qui se sont multipliées ces derniers jours, à travers des manifestations militantes dans le pays. La mort de Amadou Gon Coulibaly pousse celui qui avait déjà promis ne plus rempiler à revenir sur sa parole. « Inadmissible! » s’emporte l’opposition.
Une rencontre de cadres du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (Rhdp) se tient aujourd’hui à l’hôtel Sofitel à Abidjan. Des délégués venus de tout le pays devront appeler le président Alassane Ouattara à se présenter pour un troisième mandat. Un appel à laquelle, selon Adama Bictogo, « Ouattara donnera une suite favorable ». Le directeur exécutif de la majorité présidentielle est l’un des fidèles défenseurs d’un troisième mandat, même du vivant de Amadou Gon Coulibaly. L’ancien Premier ministre ivoirien avait été désigné par le président sortant comme son dauphin et devrait être le candidat du Rhdp à la présidentielle du 31 octobre. Mais à la suite d’une hospitalisation pour des problèmes de cœur à Paris, il rendra l’âme début juillet, quelques jours après son retour au pays. L’opposition ivoirienne dénonce déjà « les manœuvres du président Ouattara à se maintenir indéfiniment au pouvoir ». L’entourage de Henri Konan Bédié parle d’une décision inique. Jean-Louis Billon, très proche du Sphinx de Daoukro, surnom donné à Bédié, appelle le chef de l’Etat à tenir parole. La date limite des dépôts de dossiers de candidature était prévue au 31 juillet 2020.
Outre Alassane Ouattara, plusieurs autres ont annoncé leur candidature. Il s’agit notamment de Guilaumme Soro, ancien président de l’Assemblée nationale qui se trouve en exile en France, de Mamadou Koulibaly, leader du parti Lider ou encore l’ancien président Henri Konan Bédié. Ce dernier qui fut pendant 8 ans partenaire politique du président sortant devrait faire face à une fronde interne qui risque fort de diviser le parti, notamment la candidature annoncée de Kouadio Konan Bertin (KKB). La branche « autorisée » du Front populaire ivoirien de Laurent Gbagbo sera représentée à cette présidentielle par Pascal Affi N’guessan.
Alassane Ouattara, au pouvoir depuis 2010, devrait compter sur son luisant bilan ainsi que sa maitrise des rouages de la gouvernance. Il a aussi reçu le soutien tacite du président français. Emmanuel Macron a profité des condoléances téléphones à la suite de la mort du Premier ministre ivoirien pour rassurer le chef de l’Etat de ce que la France serait à ses côtés « quelque soit la suite ».
En 2010, la présidentielle avait été suivie d’une crise post électorale qui a fait au moins 3000 morts. La peur d’un retour des vieux démons agite les esprits alors que le gouvernement promet un scrutin « paisible, équitable, libre, démocratique et sans risque » à en croire Mamadou Touré, son porte-parole adjoint.
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