Dans le cadre d’une série de trois articles consacrés à la commune de Samatiguila (900 km d’Abidjan), Afrika Stratégies France revient sur une décennie qui a offert à cette cité de 10.000 habitants une nouvelle envergure. Ce 2e article de la série sera consacré aux enjeux budgétaires, à l’économie et au social.
En une décennie et notamment depuis l’arrivée au pouvoir de Lanciné Diaby, les enjeux sociaux de la ville de Samatiguila retrouvent une place de choix au cœur du budget. Un accompagnement économique s’en suit avec la mise en place d’infrastructures adaptées et des investissements de plus en plus accrus au bénéficie de l’industrie et du commerce. Décryptage !
Samatiguila n’est pas une ville riche mais l’administration communale en est fière. Kouassi Yao Eugène est d’ailleurs impressionnés par les miracles que réalise l’équipe municipale, « malgré les moyens si limités« . Il définit sa cité comme une commune agricole, insistant sur « la florissante production locale de cultures vivrières« . Le riz, le maïs, le sorgho, le mil et les tubercules notamment l’igname, la ville a atteint son autonomie alimentaire et exporte même dans des localités voisines de la Guinée et le Mali. Ces dernières années, cette commune a fait décoller sa production de rente ou de cultures industrielles comme l’anacarde et le coton notamment tout en dopant sa production en bétail. Ce sont donc sur ces potentialités naturelles et climatiques qu’est axé l’orientation économique de la ville de Samatiguila. Elle se définit par une priorisation du social et l’éclosion d’une économie constante, le tout porté par une austère orthodoxie budgétaire.
Le social, une priorité
Alors que sur le plan du développement, de la marche vers l’émergence de l’économie, Alassane Ouattara est ovationné par les citoyens et organisations internationales, le président ivoirien devrait se rattraper sur le plan social. D’où le Plan social du gouvernement dont les 725 milliards ont été investis, essentiellement dans des infrastructures de base en matière social. Cet élan donné par le gouvernement a été suivi par de nombreux élus locaux de la majorité présidentielle. Lanciné Diaby et le conseil municipal de Samatiguila en ont fait un parchemin d’orientation. Ce qui, dès l’élection de ce dernier en 2013, s’est immédiatement traduit par la construction de logements sociaux. Pour le budget de 2017, les logements sociaux ont absorbé 22 millions. En ce qui concerne l’assistance sociale pour la même année, 28.379.640 Fcfa ont été investis, aussi bien pour la réhabilitation du Centre social de Samatiguila que pour la réhabilitation, là encore, du logement du directeur dudit centre. Ces dernières années, le social a connu de visibles augmentations de la part du budget qui lui revient, avec une augmentation de plus de 100% entre 2018 et 2021. Cette priorisation est aussi due à la situation de pauvreté dans cette région de la Côte d’Ivoire et bien que chaque année, le gouvernement réduise de 4 à 6 points la pauvreté, il faut accompagner la dynamique avec de cohérentes actions sociales pour en observer des effets palpables. Structurant sa politique sociale autour d’une vision, à moyen terme, d’une autonomie économique des populations, les actions sont portées par un accompagnement économique conséquent.
Elan économique
La reprise de l’économie ivoirienne a été lancée dès 2011 avec l’arrivée au pouvoir d’Alassane Ouattara. Une dynamique qui a été maintenue et a suscité l’admiration des institutions financières mondiales comme la Banque mondiale, le Fonds monétaire international (Fmi) ou les banques régionales. Après le premier mandat de cet économiste chevronné à la tête du poumon économique de l’Afrique de l’ouest francophone et de l’Union économique et monétaire ouest-africaine, la croissance a parfois atteint les 9%. Une exception ivoirienne. Samatiguila n’est pas resté en marge de cette politique. L’agriculture et le petit commerce étant les socles de l’économie locale, l’investissement de 100 millions pour la construction du marché municipal de Samatigula a donné un souffle à l’économie locale. Suivra, en 2020 de la dotation du même marché d’une chambre froide moderne et répondant aux doléances des commerçants locaux de produits frais. De 2016 à 2020, pour ce seul marché, près de 118 millions ont été investis. Malgré les ambitions colossales du maire qui a fait ses preuves de grand constructeur à d’autres postes, la rationalisation du modeste budget s’imposait avec une rigueur à tout vent.
Une rationalisation du budget
Le budget, souvent moins de cent millions au début des années 2010, a connu un coup d’accélérateur de 375 millions spéciaux, soit près de 400% d’augmentation. Cela vise, exceptionnellement, avec l’accompagnement du gouvernement, à disposer d’infrastructures de base, hôtel de ville, marché municipal et commissariat communal. Depuis, il y a une stabilisation, étant donné que la ville ne dispose pas de ressources minières particulières exploitées par le conseil communal. Le grand ajustement de la politique budgétaire et le renforcement progressif de la partie consacrée aux investissements au détriment du fonctionnement de 2013 à 2015. Ainsi, en 2013, le budget d’investissement a battu tous les records pour atteindre 91% des 475.535.000. Une approche qui a favorisé les réalisations avec 89,7% et 82,3% des budgets de 2014 et 2015 consacrés aux investissements. Mais pour une ville qui prend de l’importance, il a fallu, dès 2016, dégraisser tout doucement les investissements pour construire une administration solide. Avec des recrutements d’experts et de fonctionnaires mieux formés mais aussi des recyclages qui visent à renforcer les capacités du personnel. Ainsi, un avantage a été donné entre 2016 et 2019 au budget de fonctionnement, qui a grimpé avoisinant les 30% en 2018-2019 contre 8,7% en 2013, consolidant les acquis sociaux et ajustant les rémunérations. Depuis, une sorte de stabilisation est de mise, avec environ 40% du budget consacrés au fonctionnement en 2021. Des chiffres reconduits en 2021. Un processus qui conduira en 2023 vers une sorte d’équilibre.
Rigoureux et intransigeant sur la gestion des deniers publics, Lanciné Diaby devrait continuer à faire des miracles avec le budget, bien modeste de sa ville qui, avec la pandémie de la Covid-19 est resté intacte à 168.545.000 Fcfa en 2020 et 2021.
Le 3e article de la série sera consacré aux grands défis opérationnels entre 2021 et 2023.
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