Dans le cadre d’une série de trois articles consacrés à la commune de Samatiguila (250 km d’Abidjan), Afrika Stratégies France revient sur une décennie qui a offert à cette cité de 15.000 habitants une nouvelle envergure. Ce 3e article de la série sera consacré aux enjeux budgétaires, à l’économie et au social.
Alors qu’il bouclera en 2023 une décennie à la tête de Samatiguila, la commune vient de s’octroyer un plan ambitieux trisannuel 2021-2023 qui devrait permettre à la cité de sortir la tête de l’eau dans différents domaines. La voirie urbaine, la modernisation des locaux, le renforcement de la sécurité, les logements sociaux, l’extension des bâtiments hospitaliers et la sauvegarde de l’environnement, il y en a pour tous les secteurs. Un budget de près de 400 millions sera alloué à ce plan. Explications !
Au bout de 8 années à la tête de la commune, Lanciné Diaby a travaillé en fonction du puzzle des priorités. Sa première guerre est ouverte contre la pauvreté et l’extrême pauvreté. Il a, dans ce sens, accompagné diverses structures de jeunes et de femmes tout en privilégiant le social, la santé et l’éducation. Aujourd’hui, alors que la ville se révèle progressivement, le Conseil municipal a une double mission, répondre à l’impatience de la population tout en faisant, en fonction du budget, les meilleurs choix. Afrika Stratégies France a jeté un coup d’œil aux opérations prioritaires prévues entre 2021 et 2023. Impatience, priorités, défis, les enjeux sont de taille.
Des populations impatientes
Le poste de Secrétaire exécutif adjoint du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (Rhdp) met, en permanence Lanciné Diaby avec des populations de toutes les régions du pays, faisant de lui, un homme de terrain. Il y a quelques semaines, comme il le fait de temps à autre, le maire de Samatiguila quitte Abidjan pour Odienné, principale ville qui a donné son nom à la région. Plusieurs arrêts se sont imposés à lui, tantôt pour rendre un service ponctuel, tantôt pour discuter avec des jeunes qui se mobilisent pour le rencontrer, tantôt pour expliquer, aussitôt qu’il est sur ses terres, ses priorités de maire. « La gare routière qui sera construite donnera un coup de main à l’économie de la ville » clame Gaoussou. A 40 ans, ce sociologue qui pilote un projet agricole est plutôt confiant. « Depuis l’arrivée du maire, on voit chacun la ville grandir » insiste ce quadragénaire originaire de la localité qui a été très touché par « la reconstitution d’une plantation de teck dans la commune » et ne sait comment remercier le maire. Il y a 3 ans, il a su compter sur la générosité de Lanciné Diaby pour lancer son projet d’agriculture et d’élevage. « Pour cette reconstitution végétale, notre commune mise un peu plus de 16 millions » précise Gaoussou qui semble bien informé. Mais pour le fait qu’il habite une zone périphérique isolée de la ville, il s’impatiente, comme une grande partie de la population, de l’extension du réseau électrique. Une opération qui a toute sa place dans le plan trisannuel de la ville et dont le budget, malgré la crise imposée par la Covid-19, approche les 400 millions. Ce projet devrait aboutir très rapidement car « l’énergie est le ciment du développement » confie Kouassi Yao Eugène. Le secrétaire général suit de près les nombreux projets prioritaires. « Pour nous, tout est prioritaire » sourit celui qui est l’épine dorsal dudit plan dont il n’occulte aucun détail.
De priorité en priorité
Les toutes premières priorités sont et restent aujourd’hui encore la santé et l’éducation. Que ce soit des centres de santé ou des écoles construites ou réhabilitées, malgré un budget modeste qui oscille entre 200 et 400 millions, la plupart des structures hospitalières de la ville ont été élargies et remises en état alors que des salles de classes, au moins une vingtaine, ont surgi de terre dans les diverses écoles publiques. Ecole primaire publique IV et II ont été au cœur des urgences, compte tenu de leur état de délabrement à l’arrivée de l’actuel maire. Depuis, le Centre d’éducation préscolaire de Samatiguila et le Secteur pédagogique de la ville ont bénéficié de divers soutiens allant de la fourniture en matériels informatiques à la construction de latrines ou encore des murs de clôture. Ensuite, vient la sécurité. Dans cette zone frontalière, le Commissariat central a été progressivement modernisé alors que le social n’a jamais été aussi privilégié. Logements sociaux, service d’assistance sociale, la culture ou encore l’industrie et le commerce, aucun secteur n’a été oublié dans cette ville plutôt pauvre qui résiste grâce à l’agriculture et l’élevage. Pour faire efficacement face aux défis qui attendent, le Conseil communal fait de la protection de l’environnement une priorité, il fallait adapter le budget communal aux besoins locaux qui ne cessent de s’accroitre.
Un plan budgétaire ambitieux
Pour les trois années (2021-2023), c’est un budget parallèle de 382.607.000 Fcfa qui est en cours de mobilisation. Avec comme toujours, des secteurs prioritaires. Compte tenu du déficit de locaux administratifs, 75 millions au moins iront à la construction de bureaux. Le besoin de modernisation impose à cette ville d’environ 15.000 habitants l’extension de certains de ses services. Le projet de gare routière, très attendue depuis des décennies par les populations est aussi une bonne nouvelle. Pour la voirie, l’aménagement d’un site de décharge publique est en cours, dont le cout avoisine 28.583.000. La ville se dote également à près de 17 millions, d’une unité communale de production d’attiékè, un met fabriqué à base de manioc et très prisé en Côte d’Ivoire. On peut aussi voir sur le plan global, la construction d’un bloc opératoire à l’hôpital général de la ville. Cette initiative devrait donner un élan à l’arrivée régulière de populations de villages voisins de la Guinée et du Mali. La construction de l’abattoir municipal pour 25.725.000 Fcfa et la mise en place de nouveaux logements sociaux pour près de 35 millions Fcfa sont quelques bonnes nouvelles pour les populations. L’usage raisonnable de budgets plutôt modestes est la marque de fabrique de cette commune qui travaille déjà à un géant plan pour 2023.
Alors qu’en 2023, Lanciné Diaby serait en train de boucler une décennie en tant que maire, Samatiguila entamera un nouveau cap, celui de l’émergence que vise Alassane Dramane Ouattara pour tout le pays.
Afrika Stratégies France