L’homme d’affaires russe Evgueni Prigojine, réputé proche de Vladimir Poutine et soupçonné d’être lié à l’opaque groupe paramilitaire Wagner, a salué mardi 25 janvier le putsch au Burkina Faso comme le signe d’une « nouvelle ère de décolonisation » en Afrique.
« Tous ces soi-disant coups d’Etat sont dus au fait que l’Occident essaie de gouverner les Etats et de supprimer leurs priorités nationales, d’imposer des valeurs étrangères aux Africains, parfois en se moquant clairement d’eux », a déclaré M. Prigojine dans un commentaire publié sur le réseau social russe VK par sa société, Concord.
« Il n’est pas surprenant que de nombreux Etats africains cherchent à se libérer. Cela se produit parce que l’Occident essaie de maintenir la population de ces pays dans un état semi-animal », a encore assuré le sulfureux homme d’affaires.
Saluant le putsch des militaires au Burkina Faso, M. Prigojine a estimé qu’un « nouveau mouvement de libération » a actuellement lieu en Afrique, ainsi qu’une « nouvelle ère de décolonisation ».
Des « instructeurs » russes
Surnommé le « cuisinier de Poutine » pour avoir été un temps l’un des fournisseurs du Kremlin avec sa société de restauration, Evgueni Prigojine est également accusé de financer la société militaire privée Wagner, dont la présence a été rapportée en Ukraine, en Syrie, en Libye et dans plusieurs pays d’Afrique subsaharienne.
Wagner, avec qui les autorités russes démentent tout lien et qui est visé depuis décembre 2021 par des sanctions de l’Union européenne, fournit des services de maintenance d’équipements militaires et de formation, mais est accusé, en particulier par la France, d’agir pour le compte du Kremlin là où il ne veut pas apparaître de manière officielle. M. Prigojine, lui-même sous sanctions européennes et américaines, dément toute connexion avec le groupe Wagner.
Mardi, Alexandre Ivanov, connu pour être l’un des représentants des « instructeurs » russes en Centrafrique, a lui aussi loué dans un communiqué publié sur Twitter les putschistes de Ouagadougou, estimant que la France n’avait obtenu « aucun succès » dans la lutte antiterroriste dans la région.
Il s’est dit prêt à « partager l’expérience » des « instructeurs » russes en Centrafrique pour la formation de l’armée du Burkina Faso si les autorités en faisaient la demande.
Lundi, le ministère russe des affaires étrangères s’était dit « préoccupé par la complication considérable de la situation politique interne » au Burkina Faso, disant « espérer une stabilisation rapide » du pays.
Afrika Stratégies France avec Le Monde Afrique