Au Zimbabwe, six millions et demi d’électeurs étaient appelés à choisir leur président, leurs parlementaires et leurs conseillers locaux, ce mercredi 23 août, dans un contexte de crise économique et d’inflation record. Les deux principaux candidats à la présidentielle sont le chef de l’État sortant Emmerson Mnangagwa, 80 ans, et Nelson Chamisa, avocat et pasteur âgé de 45 ans.
Déjà rivaux, adversaires, lors des premières élections générales post-ère Mugabe en 2018, cette fois encore, le scrutin opposant MM. Mnangagwa, dirigeant du pays et du parti au pouvoir depuis l’indépendance, la ZANU-PF, et Chamisa, de 35 ans son cadet, a lieu dans un climat tendu.
Il y avait de longues files devant les bureaux de vote, mais beaucoup de ces bureaux ont ouvert avec énormément de retard, et cela pourrait empêcher certains électeurs d’avoir voté avant la nuit, selon les observateurs locaux accrédités.
Ces derniers ont aussi remarqué des méthodes d’intimidation pour faire peur aux électeurs : des sondages de sortie des urnes où l’on exige le numéro de carte d’identité et le numéro de téléphone.
« Il y a une organisation appelée Forever Associates Zimbabwe qui est liée au parti ZANU-PF et qui a installé des tables aux portes des bureaux de vote, pour procéder à ce qu’ils appellent des sondages sortie des urnes », confirme Jestina Mukoko, de cette équipe d’observateurs locaux issus de l’association Zimbabwe Peace Project, dont elle est la directrice.
« Ce que nous craignons, dit-elle, c’est que ça instille la peur chez les gens, et que cela intimide les électeurs, pour influencer leur vote, étant donné que l’on relève leur numéro de carte d’identité et leur numéro de téléphone.»
Notre autre motif d’inquiétude, c’est que de nombreux bureaux de vote n’ont pas ouvert à l’heure et certains très tard. Ce qui veut dire que les gens vont devoir voter de nuit, et cela pourrait ne pas être très rassurant pour eux d’être dehors la nuit pour concrétiser leur vote.
Tout cela après une campagne déjà marquée par la répression de l’opposition, de la part du gouvernement du président sortant Emmerson Mnangagwa, qui se présente donc pour un deuxième mandat à la tête du Zimbabwe.
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Des militants de son principal rival, Nelson Chamissa, ont été emprisonnés. Une centaine de meetings ont été interdits. Internet a également été coupé et les accréditations ont été refusées à de nombreux journalistes étrangers et observateurs de la société civile.
Il y a de fortes craintes de fraude, des irrégularités ont déjà été constatées sur les listes électorales.
Pour rappel, M. Mnangagwa, qui avait préalablement délogé Robert Mugabe du pouvoir, avait en 2018 remporté de justesse la présidentielle contre M. Chamisa. Et il avait réprimé les manifestations qui avaient suivi, faisant six morts.
Afrika Stratégies France avec RFI