Près de 39 millions de Congolais se rendent aux urnes, dimanche, en RD Congo, pour choisir le successeur de Joseph Kabila, après un processus électoral chaotique marqué notamment par le report du vote dans plusieurs régions du pays.
« Certains observateurs et journalistes rapportent des anomalies dans certains bureaux de vote, par exemple des listes électorales incomplètes, certaines machines à voter qui ne fonctionnent pas (…) Quelques anomalies, quelques ralentissements, quelques couacs à Kinshasa et ailleurs, mais pour l’instant le vote se déroule dans le calme », rapporte depuis la capitale congolaise le correspondant de France 24, Thomas Nicolon.
« Dans l’après-midi, l’influence devrait être bien plus importante dans les bureaux de vote puisque la pluie a cessé à Kinshasa », ajoute le journaliste.
Certains bureaux de vote n’étaient toujours pas ouverts, selon la Commission électorale. D’autres ont ouvert avec retard à Goma et ailleurs, ont constaté des équipes de l’AFP. Les problèmes sont souvent dus aux machines à voter : derniers réglages, introduction du mot de passe, public peu habitué…
La machine à voter est un écran tactile qui permet à l’électeur d’imprimer son bulletin de vote et de le glisser dans l’urne. L’opposition dénonce une « machine à tricher ».
>> À lire : Portrait des trois principaux candidats à l’assaut du fauteuil présidentiel en RD Congo
Pour le jour du vote, le pouvoir a annoncé la fermeture de ses frontières terrestres, lacustres et fluviales avec ses neuf voisins, de Brazzaville à l’Angola en passant par le Rwanda. En revanche, Internet n’était pas coupé dimanche matin, contrairement à ce qui se passe lors des journées de fortes tensions.
De violentes manifestations avaient éclaté cette semaine après l’annulation du scrutin dans trois fiefs de l’opposition, en raison de l’épidémie de fièvre Ebola et de violences ethniques dans le nord-ouest.
À Béni, l’un des foyers de l’épidémie, des dizaines d’habitants décidés à voter se sont toutefois présentés dimanche et ont exprimé leur choix sur des feuilles volantes, rapporte un représentant local de la société civile.
« Le régime est en train d’organiser ces élections avec l’objectif de les gagner ; il est en train de déployer toute l’intimidation, toute la fraude, et peut-être toute la violence nécessaire », affirme Kris Berwouts, spécialiste de la RD Congo, sur l’antenne de France 24.
Selon des diplomates étrangers interrogés par l’agence Reuters, 60 % seulement du matériel électoral étaient en place vendredi. Des observateurs ont par ailleurs douté que les bureaux de vote de la capitale soient en mesure d’accueillir tous les électeurs qui se présenteront.
Au total, 21 candidats – dont la plupart n’ont même pas fait campagne – se présentent à ce scrutin à un seul tour, dont l’enjeu est historique : désigner le successeur d’un président sortant pour une première transmission pacifique du pouvoir.
Trois favoris
Le président Kabila a renoncé à briguer par la force un troisième mandat interdit par la Constitution. Sa décision est intervenue avec du retard, puisque les élections ont été reportées trois fois depuis la fin de son second mandat en décembre 2016.
Joseph Kabila a voté dimanche matin dans le même bureau et en même temps que son « dauphin » et ex-ministre de l’Intérieur Emmanuel Ramazani Shadary, sous sanctions de l’Union européenne, a constaté une équipe de l’AFP.
La campagne électorale a été rattrapée par la violence, avec une dizaine de morts selon une association de défense des droits de l’Homme, ce que nie le pouvoir.
Les 39 millions d’électeurs enregistrés peuvent voter jusqu’à 17 h (15 h GMT dans l’est et 16 h GMT à Kinshasa). Les résultats provisoires seront annoncés le 6 janvier, avant d’inévitables contentieux devant la Cour constitutionnelle.
France 24