L’Afrique de l’ouest francophone est en pleine crise avec des successions de coups d’état qui pourraient déstabiliser la paix si fragile déjà. Dans une telle situation, la Côte d’Ivoire joue un double rôle, celui de catalyseur de la croissance économique sous-régionale mais aussi, avec son président, celui de rempart contre l’instabilité. Alassane Dramane Ouattara est intransigeant et si prend avec détermination. Décryptage.
On l’a vu très actif et présent aux divers sommets de la Communauté des états de l’Afrique de l’ouest (Cedeao) mais on l’a aussi senti ferme sur les sanctions. Notamment à l’endroit du Mali, le pire enfant de la récente chaîne de putschistes. L’objectif du président ivoirien est de mettre fin à ce phénomène des années 70 et 80 qui refait curieusement surface et se montre très contagieux. Depuis, la Guinée Bissau a connu deux tentatives dont une très sérieuse a fait au moins 77 mors selon le gouvernement. L’engagement d’Alassane Ouattara a un double objectif, mettre fin aux putschs tout en imposant la sécurité sous-régionale face au terrorisme et surtout, porter le tout avec une croissance économique qui profite au peuple.
Discret patriarche
Il y a un peu plus d’un an, alors qu’il s’est décidé à se représenter, pour un troisième mandat comme l’y autorise la constitution ivoirienne, une partie de l’opinion africaine avait dénoncé « une tentative de se maintenir au pouvoir« . Il n’en était rien, la loi fondamentale de son pays le permettait. Aujourd’hui, il est plus qu’évident qu’il s’agit d’une décision de visionnaire. Comment peut-on imager, dans la fièvre si contagieuse des coups d’état, une Afrique de l’ouest francophone sans le président ivoirien ? La question mérite d’être posée, ce d’autant que l’accumulation de régimes illégaux renforcent la posture des terroristes. « Plus les pouvoirs sont affaiblis, mieux les terroristes s’en sortent » a prévenu Seidik Abba, spécialiste nigérien du terrorisme au Sahel. Il est donc plus qu’urgent qu’autour du président ivoirien, se construise un bouclier pour la démocratie et surtout, le maintien des dirigeants élus. C’est la première étape et la plus importante avant celle de la consolidation des institutions démocratiques dont la faiblesse sert d’argument pour les panafricanistes d’extrême gauche qui prennent d’assaut les réseaux sociaux sur le continent. A défaut aujourd’hui du président Ouattara, les coups d’état risquent de s’enchainer. Il est donc plus qu’important que ses autres pairs s’y mettent et créent avec lui le solide rempart dont la région a plus que besoin.
Mobilisation sous-régionale
La Cedeao a été ferme. En partie grâce à Alassane Ouattara. Dès le coup d’état au Burkina Faso, pays avec lequel la Côte d’Ivoire partage une longue histoire et un destin commun, il a réussi à convaincre son homologue sénégalais de la nécessité d’un positon commune de l’Union économique et monétaire ouest africaine (Uemoa) avant la réunion début janvier de la Cedeao. L’idée est que les dirigeants de cette organisation régionale entièrement membre de la Communauté économique des états de l’Afrique de l’ouest adopte une position concertée pour imposer leur vue au Ghana et au Nigeria notamment. En amont, un minutieux travail diplomatique a été fait. Le sommet étant consacré à la crise au Mali, Ouattara voulait d’une pression supplémentaire pour faire avancer la junte dans le sens d’élections générales et surtout, de chronogramme clair et net. Il l’a d’ailleurs réussi, avec des sanctions essentiellement économiques dont la fermeture des frontières communes avec le Mali. Option d’autant plus efficace qu’en tant qu’économiste, il sait combien sont efficaces les sanctions financières. Patrice Talon et Macky Sall du Bénin et du Sénégal l’ont ardemment soutenu. Le béninois qui ne se rend que rarement aux réunions régionales était à Accra pour les deux sommets de janvier, une première. Mais il n’avait pas le choix d’autant qu’une dizaine d’attaques terroristes ont déjà eu lieu aux frontières septentrionales de son pays, avec le Burkina Faso. Talon a donc intérêt à la stabilité. Idem pour le Niger ou encore les anglophones comme la Siérra Léone et le Libéria ainsi que le Ghana et le Nigeria. Cet intérêt conjoint qui a créé la collégialité dans la gestion des coups d’état doit continuer à prévaloir avec le soutien de la communauté internationale.
Appui de la communauté internationale
Les Etats-Unis, la France, l’Allemagne et l’Union européenne ont compris la stratégie et le leadership incontestable de Ouattara sur cette brulante actualité. Ils ont tous rompus tout ou partie de leur coopération bilatérale avec le Mali. Emmanuel Macron, très proche du président ivoirien a apporté à plusieurs reprises son soutien ferme à la Cedeao. Cette communauté internationale doit soutenir les diverses initiatives autour du président Ouattara dont l’expérience, l’influence, la détermination et la vision sont plus qu’utiles pour la stabilité sous-régionale en ce moment. Ouattara peut mieux que quiconque prendre la tête de ce nouveau combat pour la stabilité. Le poids économique de son pays, sa longue expérience d’économiste et son influence de chef d’Etat lui en donne, à près de 80 ans, la légitimité et surtout l’autorité.
Alors qu’un audio fuité et non authentifié d’un échange téléphonique avec Boubou Cissé, l’ancien Premier ministre malien met en exergue la détermination d’Alassane Ouattara à qui une voix est attribué, de faire reculer les putschistes de Bamako, la pression doit monter sur la junte. Pour que force reste aux constitutions que les peuples se sont librement données mais aussi pour que le seul et unique moyen d’accès au pouvoir soit l’élection.
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