La guinéenne Fadima Diawara, 33 ans, a créé la marque de smartphone Kunfabo, basée à Conackry, qui s’est donnée comme pari de répondre aux besoins spécifiques des consommateurs africains. Le téléphone qui est actuellement commercialisé uniquement en Guinée devrait très bientôt conquérir d’autres pays africains pour devenir incontournable dans le marché de la téléphonie mobile en Afrique. La jeune entrepreneure qui n’a pas froid aux yeux présente son concept à Afrikastratégies France.
Le rêve de la Guinéenne Fadima Diawara est devenu réalité avec la marque Kunfabo, qu’elle a lancé pour répondre aux besoins de ses compatriotes. Alors qu’au début personne ne croyait au projet de celle qui est née d’un père fonctionnaire et d’une mère enseignante, la jeune entrepreneure n’a, elle, jamais douté que son smartphone verrait le jour. Il faut dire que cette mère de deux garçons, qui a vécu plus de 11 ans en Espagne, où elle a travaillé pour de nombreuses multinationales dans le domaine de la logistique et du marketing, adore les défis et ne recule devant aucun obstacle quand elle a une idée en tête. Une fois son concept en main, elle s’entoure de jeunes ingénieurs, designers et développeurs, tous âgés de moins de 30 ans, qui croient autant qu’elle au projet et travaillent nuit et jour à le perfectionner. Fadima, qui a effectué des études de droit dans le but de devenir avocate, son rêve de petite fille, a finalement tenté sa chance dans le secteur des nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC), sa grande passion. Même si les femmes sur le continent sont encore très rares à y évoluer, elle a su de fil en aiguille s’imposer et convaincre sur la viabilité de son concept. Aujourd’hui son dur labeur commence à porter ses fruits. Elle voyage régulièrement partout dans le monde, où elle est conviée à de nombreuses conférences pour présenter Kunfabo, suscitant l’intérêt de nombreux grands médias internationaux, qui l’ont présenté à travers leurs articles comme étant l’une des femmes africaines les plus influentes de sa génération. La Guinéenne tient aussi toujours à préciser que Kunfabo est avant tout une entreprise sociale, qui a pour ambition de construire des écoles dans les zones reculées du continent africain, afin de contribuer à l’éducation des plus jeunes.
Comment vous est venue l’idée de créer un smartphone comme Kunfabo ?
Ce qui m’a poussé à créer Kunfabo c’est avant tout la volonté de vraiment répondre à un besoin de communication des consommateurs africains mais aussi de créer une nouvelle marque qui nous représente et avec laquelle nous pouvions nous identifier. Ce n’est pas forcément le cas dans la plupart des marques de smartphones qu’on retrouve sur le marché de la téléphonie mobile en Afrique. Nous sommes après tout au 21ème siècle, c’est donc logique que nous Africains puissions aussi avoir notre propre marque de téléphone mobile, qui nous ressemble.
Quelles fonctionnalités trouve-t-on dans Kunfabo ?
Kunfabo est un smartphone doté de la version 9.0 d’android. Il a une double caméra arrière de 13 mégapixels et une caméra selfie de 8 mégapixels. En ce qui concerne le stockage, il a 16 mégapixels de ram et 2 de room et une carte micro SD de 64 giga. C’est aussi un téléphone à double sim, donc compatible pour le continent. Il a une batterie de 3000 mah, un grand écran à goutte d’eau de 6,066 pouce. Et son réseau est en 4g. Sa différence par rapport aux autres marques, c’est que c’est un téléphone pensé, contextualité et conçu au niveau du design par des Africains.
Votre téléphone semble présenter toutes les fonctions que l’on trouve dans n’importe quel smartphone. Quels sont donc ses spécificités ?
Notre spécificité par rapport aux autres marques c’est que nous avons développé des applications qui sont propres au public africain. A savoir l’application Findme de géolocalisation des centres de santé, des hôpitaux et des pharmacies de proximité. Le but c’est de mettre la technologie au service de la santé, donc de sauver des vies. La deuxième, qui se nomme Afrocook, est une application qui présente plusieurs recettes de cuisines africaines, dans le but de faire connaître au plus grand nombre la diversité et richesse de l’art culinaire africain. La troisième application, Dikalo, qui n’est pas développée par Kunfabo mais par une start-up camerounaise avec laquelle nous collaborons, est une plateforme de communication africaine avec un mode de paiement mobile. C’est un plus que nous apportons au consommateur africain. Il est vrai qu’il n’y a pas mal de marques de téléphonie mobile sur le marché mais nous sommes particulièrement fiers de nous imposer avec notre africanité et notre différence.
En quoi concrètement Kunfabo répond aux besoins des consommateurs africains ?
Kunfabo répond parfaitement aux besoins des Africains grâce aux applications qu’on a ajoutées. C’est aussi un téléphone low cost, qui est certifié par les normes de l’Union européenne, donc il est de bonne qualité. Toutes nos applications encore une fois ont été pensées pour répondre aux besoins des populations. Certes il y a une multitude de marques en Afrique sur le marché de la téléphonie mais elles ne se sont pas posées la question comme nous de savoir ce qu’attendent réellement les consommateurs africains, leur objectif étant juste d’écouler leurs produits. Nous, nous avons mis le consommateur au cœur de notre stratégie. On a d’ailleurs mis en place un service après vente très fonctionnel, qui gère la réparation des téléphones en cas d’anomalies, de problèmes… et nos consommateurs ont la possibilité de prendre une assurance pour assurer leur téléphone pendant un an. On a mis en place une véritable structure pour valoriser le consommateur et lui faire comprendre qu’il est notre priorité et que nous sommes là pour répondre à ses besoins.
Ou fabriquez-vous vos téléphones et comment faîtes-vous face à la pénurie d’usine d’assemblage en Afrique ?
Kunfabo est fabriqué en Chine car nous n’avons pas encore d’usine d’assemblage ni de fabrication de smartphone en Guinée. Seul le Rwanda actuellement en Afrique s’est récemment dotée de telles usines. Le plus important c’est que c’est nous qui avons conçu entièrement le téléphone, fait le design, le packaging… Le fabriquant chinois ne fait qu’assembler le téléphone une fois que nous lui avons transmis toutes nos technologies. D’ailleurs, l’un de nos objectifs est d’avoir une usine d’assemblage sur le continent, ce qui nous permettra de créer de la valeur ajoutée. Avec un produit made in africa, nous pourrons former des professionnels, créer de la richesse et de l’emploi surtout pour la jeunesse.
Comment se déroule actuellement la commercialisation de Kunfabo ?
Kunfabo est officiellement lancé en Guinée depuis fin janvier. Nous avons noué un partenariat avec la société générale qui a permis la production de 3000 unités et qui assure la distribution à leurs clients, qui ont aussi la possibilité d’acheter le téléphone grâce à un crédit payable en six mois. Les smartphones se vendent actuellement comme des petits pains. Nous avons beaucoup de commandes et il nous faut assurer la production de 5000 unités pour répondre aux besoins de la clientèle. Nous espérons pouvoir effectuer une nouvelle levée de fonds pour en produire suffisamment pour tous.
Comment voyez-vous l’avenir de Kunfabo ?
L’avenir est très prometteur ! Nous sommes après tout dans un continent d’avenir. Kunfabo a beaucoup d’avenir car nous avons l’ambition d’être leader de la téléphonie mobile en Afrique. Le terrain est vierge même s’il y a de la concurrence avec le marché chinois, qui est roi sur le continent africain pour le moment. Mais nous avons pour objectif de conquérir tout le continent et de nous imposer petit à petit. D’autant que l’Afrique est jeune et dynamique, sans compter qu’il a une classe moyenne qui est en train d’émerger. J’en suis convaincue, Kunfabo a un bel avenir devant lui et de nouvelles opportunités à explorer !
Vous avez aussi pour projet de construire des écoles en Afrique. Pouvez-vous nous en dire plus sur ce projet ?
Kunfabo est d’abord un projet social car nous ne cherchons pas uniquement à nous faire du profit mais souhaitons avoir un impact positif en Afrique. Nous avons en effet l’ambition de construire des écoles dans les zones reculées du continent, où l’accès à l’éducation est beaucoup plus difficile pour les enfants. Nous voulons avant tout contribuer à l’essor de l’Afrique. L’éducation me tient particulièrement à cœur car elle est primordiale pour l’avenir du continent et le maintient de son dynamisme dans le concert des nations.
Assanatou Baldé, Afrika Stratégies France