Génocide au Rwanda: procès de Philippe Manier, les plaidoiries des parties civiles

Dernière ligne droite dans le procès de Philippe Manier. Cet ex-adjudant-chef de la gendarmerie de Nyanza, dans la préfecture de Butare au sud du Rwanda est poursuivi devant la cour d’assises de Paris pour « génocide » et « crimes contre l’humanité », notamment pour son implication présumée dans plusieurs massacres fin avril 1994. Des accusations qu’il conteste.

Avec notre envoyée spéciale à la cour d’assises de Paris, Laura Martel

Ce vendredi 23 juin était dédié aux plaidoiries des parties civiles dans le procès de Philippe Manier. La cour a notamment entendu maître Domitille Philippart au nom du Collectif des parties civiles pour le Rwanda (CPCR) fondé par Dafroza et Alain Gauthier, qui sont à l’origine de la plainte ayant mené à ce procès ; Dafroza Gauthier, quant à elle, représente également 55 rescapés et proches de victimes.

« L’engagement d’une vie »

Le CPCR, c’est « l’engagement d’une vie » pour les Gauthier. « Pendant des années, ils ont parcouru les collines du Rwanda à la recherche de témoignages et d’éléments pour étayer leur plainte », commence Me Philippart ; « un travail nécessaire », souligne-t-elle, puisqu’avant 2012 et la création du pôle crime contre l’humanité, il fallait une telle plainte pour qu’une enquête soit ouverte et qu’ « aujourd’hui encore, le collectif a ce rôle d’allumer la mèche », dit-elle.

Et l’avocate de fustiger la défense pour avoir critiqué cette démarche proactive, comme pour avoir voulu « décrédibiliser systématiquement » les victimes et témoins. « J’avais parlé dès l’ouverture de la petite musique des faux témoins, manipulés ou vengeurs ». Cette « stratégie de défense » qui veut « faire des victimes les persécuteurs », on l’entend « dans tous les procès » du génocide dénonce encore Me Philippart.

« Il avait pouvoir de vie ou de mort »

Pour elle, les débats ont montré que Philippe Manier a – non seulement – participé aux massacres mais en tant qu’adjudant-chef de la gendarmerie, il a « incité » la population aux tueries, donnant souvent lui-même l’exemple. « Ses ordres étaient respectés », « il avait pouvoir de vie ou de mort », pointe-elle. Dans le box, Philippe Manier reste impassible.

« Jamais on n’a vu d’accusé aussi absent de son procès, incapable de montrer son humanité. On a eu des témoignages atroces, il n’a pas levé un sourcil », assène l’avocate. Une « attitude effrayante » et « une stratégie de défense » dit-elle, qui sonnent « comme un aveu ».

Afrika Stratégies France avec RFI

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