Silvio Berlusconi, le magnat des médias qui a dirigé l’Italie durant neuf ans, est mort à 86 ans des suites d’une leucémie, selon son entourage. Surnommé « l’immortel » pour sa longévité en politique, le sénateur et homme d’affaires a profondément marqué le paysage politique de son pays. Celui qui avait été empêtré dans des scandales sexuels et des affaires judiciaires sans fin régna près de 30 ans sur la vie politique italienne, repoussant sans cesse la fin de sa vie publique.
Le dernier épisode vient de s’achever pour Il Cavaliere, Silvio Berlusconi est mort à l’âge de 86 ans d’une leucémie. Il avait été de nouveau admis vendredi dernier à l’hôpital San Raffaele de Milan où il a séjourné de multiples fois. Sa vie, telle une série à rebondissements, a tenu les Italiens en haleine jusqu’au bout.
Aîné d’une famille milanaise de la classe moyenne, animateur de croisière avant de se lancer avec succès dans l’immobilier puis dans la finance et dans les médias, président du club de l’AC Milan pendant 31 ans, il avait fait une entrée fracassante en politique en 1994 en remportant les élections législatives avec son tout nouveau parti Forza Italia.
Quatre fois chef du gouvernement, député pendant 18 ans, élu européen à deux reprises et à nouveau sénateur, à l’âge de 85 ans, il avait fait un énième come-back en septembre 2022, toujours sous l’étiquette Forza Italia. Mais son assiduité à la chambre haute du Parlement était quasi nulle. Silvio Berlusconi, dont le parti appartient à la coalition soutenant le gouvernement de Giorgia Meloni, avait en effet multiplié ces derniers temps les séjours à l’hôpital.
Une vie bling bling et « bunga bunga »
Jusqu’au bout, ses faits et gestes furent scrutés, tant dans le domaine politique que pour les poursuites judicaires dont il faisait l’objet pour corruption, fraude fiscale ou prostitution de mineure.
Père de cinq enfants issus de deux mariages, plusieurs fois grand-père, ce milliardaire hors du commun a occupé par ses frasques les Unes des journaux durant de longues années en raison d’une vie blingblingassumée, entre jets privés, villas somptueuses, divorces coûteux et très jeunes femmes invitées à des fêtes « bunga bunga » dans les années 2000.
Des fêtes qui se sont achevées devant les juges avec l’affaire dite du Ruby Gate, du nom d’une jeune Marocaine. Silvio Berlusconi est accusé d’incitation à la prostitution de mineure et d’abus de pouvoir avec des versements d’argent aux participantes de ses soirées, en échange de leur silence. Pas moins de dix millions d’euros furent versés entre 2011 et 2015, dont sept millions pour la seule Ruby, qui était mineure à l’époque des faits.
La part d’ombre
Des pratiques financières délictueuses, un entourage proche de la mafia, Silvio Berlusconi n’eut de cesse de minimiser ses liens avec la loge P2, une loge maçonnique qui dans les années 1970 avait infiltré toutes les institutions du pays et était impliquée dans la faillite de la banque Ambrosiano, liée au Vatican.
En 2014, poursuivi pour fraude fiscale dans le cadre de l’achat et de la revente de droits de séries télévisées américaines pour Mediaset, il fut condamné à dix mois de travail d’intérêt général dans un centre pour personnes âgées. Une punition au goût amer pour cet homme toujours en quête de l’éternelle jeunesse.
Son dernier fait d’arme remonte à octobre 2022. Dans deux enregistrements audio rendus publics et alors que l’Ukraine fait face à l’invasion de la Russie depuis le mois de février, Silvio Berlusconi déclare avoir renoué le contact avec le président russe Vladimir Poutine. Un ami de longue date.
Les deux hommes se sont rencontrés à de très nombreuses reprises lorsque le « Cavaliere » présidait le Conseil -d’ailleurs les échanges commerciaux entre les deux pays ont été multiplié par dix entre 1994 et 2004. L’ancien président du Conseil explique par ailleurs que Vladimir Poutine a été « poussé » à envahir l’Ukraine. Des déclarations qui font tâche alors que sa formation politique, Forza Italia, doit prendre part au futur gouvernement de Giorgia Meloni. Quelques mois avant, il avait pourtant affirmé son soutien à l’OTAN, l’UE et les États-Unis.
Pourtant, malgré les nombreuses affaires et les articles de presse raillant la vie privée du dirigeant politique, sa popularité défia longtemps tous les pronostics des commentateurs politiques qui voyait régulièrement pointer sa retraite politique. Pour de nombreux Italiens, il restait toutefois un modèle de réussite avec sa holding Fininvest qui contrôlait entre autres le groupe Médiaset et l’éditeur Mondadori. Pour ses détracteurs par contre, il était le symbole d’un affairisme douteux.
En 2022, il imagina même devenir président de la République et succéder à Sergio Mattarella au palais du Quirinal. Son casier judiciaire long comme le bras eut cette fois raison de ses ambitions et il dut jeter l’éponge, ses alliés étant réticents à le soutenir jusqu’au bout.
Afrika Stratégies France avec RFI