Tous les regards sont désormais tournés vers la Cour suprême et en particulier sa présidente Martha Koome, au Kenya. Lundi, Raila Odinga a déposé un recours devant cette juridiction, la plus haute du pays, pour tenter de faire invalider la victoire de William Ruto à la présidentielle du 9 août. La Cour suprême a 14 jours pour se prononcer. Nommée en mai 2021, Martha Koome a donc la lourde responsabilité de trancher le litige et de décider de la suite du processus politique en cours.
Avec notre correspondante à Nairobi, Florence Morice
Peu d’observateurs avaient misé sur sa nomination à ce poste-clé. Le parcours de Martha Koome lui vaut pourtant la réputation d’être une femme courageuse et intègre. Avant de rejoindre la magistrature en 2003, elle était avocate, connue pour avoir défendu des prisonniers politiques, dont Raila Odinga, à l’époque où il combattait le régime de Daniel Arap Moi.
Ce passé aux côtés de Raila Odinga n’a pas empêché la magistrate, en début de cette année, de retoquer un projet de réforme constitutionnelle que ce dernier défendait aux côtés du président Uhuru Kenyatta. Un camouflet de taille pour le chef de l’État sortant et un signe d’indépendance pour la magistrate. En 2019, Martha Koome s’est également fait remarquer, pour avoir rejeté un appel destiné à empêcher une organisation de défense les droits des homosexuels.
Ce parcours, et ses 34 années d’expérience, lui seront sans doute utiles. Car le Kenya reste connu pour les interférences du politique dans le judiciaire. Et la pression est forte sur ses épaules. L’annulation de l’élection de 2017 a érigé la Cour suprême kényane en modèle régionale, il s’agit donc pour Martha Koome de prouver qu’elle mérite cette réputation d’arbitre impartial, tout en sachant que sa décision déterminera en partie le climat politique et sécuritaire du pays pour les semaines à venir.
Afrika Stratégies France avec RFI