Khadidiatou Sow est artiste plasticienne, maquilleuse, mais aussi costumière et réalisatrice ; Lauréate du Poulain d’argent du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (Fespaco) pour son court métrage « Une place dans l’avion« , elle vient d’offrir au cinéma sénégalais sa plus belle récompense de l’édition 2019. Elle a reçu à Dakar Afrika Stratégies France. Entretient !
Comment êtes-vous arrivée dans l’univers du cinéma?
Ma passion pour le cinéma a commencé depuis le bas âge où j’ai toujours aimé les images. Toute petite, je regardais avec beaucoup d’attention n’importe quelles émissions, films ou documentaires qui passaient à la télévision. Ce qui explique que j’ai toujours aimé le cinéma. Je suis artiste-plasticienne de formation. En 2004, il y avait un film français qui se tournait à Saint-Louis du Sénégal, et la maquilleuse avait besoin de pigments naturels pour les guerriers Saraounya qui devaient figurer dans le film. J’ai fait le test. Et ça a marché. C’est comme ça que je suis arrivée dans l’univers du cinéma en qualité d’assistante maquilleuse. Quand je suis arrivée sur le plateau du tournage, je me suis beaucoup intéressée à suivre le réalisateur qui m’a fascinée sur sa technique à matérialiser en images, le scénario. A partir de cet instant, j’ai eu cette envie de devenir réalisatrice.
De maquilleuse et costumière, vous êtes devenue réalisatrice, qu’est-ce qui explique cette métamorphose?
Je ne dirais pas que c’est une métamorphose, mais plutôt la continuité. Parce que je suis une plasticienne et j’estime que comme les costumes, la décoration, l’écriture et tout ce qui est lié à l’art, il y a une forme de continuité. Je considère que le cinéma me sert de support comme la toile me permet d’exprimer mes sentiments à travers la peinture. C’est donc une continuité où je reste dans la création et dans l’art.
A ce jour, combien de films et courts métrages comptez-vous?
J’ai commencé par la fiction. J’ai tourné cinq courts métrages en documentaires. J’ai eu à faire quelques documentaires et deux courts métrages dont « La punition » qui dure cinq minutes et « Une place dans l’avion« . En gros, j’ai cinq courts métrages et documentaires.
Pourquoi »Une place dans l’avion »?
Parce que je voulais expliquer les raisons qui motivent les gens à ne rêver que de partir. On parle de misère, de guerre mais il y a des gens qui risquent leur vie parce qu’ils ont un rêve. Personnellement, je crois que c’est une illusion de penser que tout le monde est riche aux Etats-Unis alors qu’il y a des personnes pauvres et des clochards qui dorment à la belle étoile. C’est pareil pour la France si l’on croit que toutes les femmes son belles alors que ce n’est pas forcement la vérité. Du coup cela donne l’envie d’y aller pour vivre ce que l’on voit à travers des films, à la télé ou dans des magazines. C’est ce que j’ai voulu montrer. Parce que le contexte est actuel, j’ai utilisé l’humour pour faire passer le message. Il y a la misère et la pauvreté dans ces pays puissants et riches mais on ne nous montre pas ça. Dans ce film, je voulais absolument raconter une histoire, même si c’est dramatique; on peut en rire.
Poulain d’argent du FESPACO, quel est votre ambition majeure?
Le Poulain d’argent, c’est quand même un grand prix. Le Fespaco est le plus grand festival de l’Afrique de l’Ouest. Franchement, ce prix est une source de motivation qui m’encourage à travailler dans la persévérance. Je ne suis pas là pour faire la morale à qui que ce soit mais mon objectif est de continuer à raconter des histoires. Si cela arrive à toucher voire, conscientiser des gens, c’est bien.
Quelles sont les difficultés que rencontre le cinéma africain ?
Tout le monde sait que le cinéma demande beaucoup de moyens. Malheureusement en Afrique, on est souvent confronté à des difficultés financières pour réaliser des films avec de gros budgets. Mais cela n’empêche pas que malgré nos maigres moyens, nous arrivons à produire des films. Les moyens ne sont pas là mais notre créativité originale fait que nous arrivons à raconter nos histoires à travers le cinéma.
Propos recueillis par Almami CAMARA, Dakar Afrika Stratégies France