A Nairobi, les participants au sommet sur la sécurité ont discuté de la situation dans l’est du Congo et notamment de la résurgence du mouvement rebelle du M23. Le sommet a ainsi conclu à la mise en place d’une nouvelle brigade régionale pour pacifier la région.
Celle-ci sera commandée par la RDC et aura pour mission de combattre les groupes armés.
Mais la RDC se retrouve dans une communauté avec des pays voisins qui sont souvent désignés comme co-responsables, justement, de la déstabilisation de son territoire. L’EAC va-t-elle donc pouvoir aider le pays à résoudre ses problèmes sécuritaires?
Négocier avec les groupes armés
A l’issu de ce sommet, les chefs d’Etat présents ont décidé que le président kenyan Uhuru Kenyatta faciliterait des consultations qui devront avoir lieu entre la RDC et différents groupes armés opérant dans ce pays. Le président congolais Félix Tshisekedi rencontrera le 22 avril les leaders de certains groupes armés.
Un mini-sommet sur la question de la sécurité dans la région s’était déjà tenu à Nairobi, il y a plus d’une semaine, réunissant les présidents rwandais, congolais, ougandais et kenyan. C’était en marge de la signature de l’accord d’adhésion de la RDC à la Communauté de l’Afrique de l’Est.
La question de la résurgence du M23 était alors sur la table des discussions, pendant que des dizaines de réfugiés fuyaient vers l’Ouganda lors des affrontements entre ce mouvement rebelle et les forces armées congolaises.
La RDC adhère à une communauté dont elle accuse certains pays membres, comme le Rwanda, de soutenir les offensives militaires du M23. « L’adhésion de la RDC à la Communauté de l’Afrique de l’Est rendra difficile toute intervention d’un quelconque pays de la même organisation. Il faudra désormais une autorisation. Cela alors est en quelque sorte une solution à la question du M23 qui a longtemps été une menace pour la région en général » explique Dismas Nkunda, un spécialiste ougandais de la région des Grands Lacs.
La question des Congolais d’expression rwandophone
L’insécurité dans l’est de la RDC est aussi la conséquence du grand nombre de Congolais réfugiés dans les pays voisins, notamment le Rwanda, le Burundi et la Tanzanie, pour ne citer qu’eux.
La plupart de ces réfugiés sont d’expression rwandophone, comme les membres du M23.
Pour différentes raisons, ceux-ci ont commencé à fuir leur pays à partir de 1997 lorsqu’éclate la guerre qui a renversée l’ancien président Mobutu.
Pour Muganwa Gonzague, journaliste politique rwandais, la question des réfugiés congolais d’expression rwandophone, éparpillés dans la région, constituera toujours une menace sécuritaire pour la RDC.
« Il y a la question récurrente des nombreux Congolais d’expression rwandophone dans l’est de la RDC qui sont devenus des réfugiés au Rwanda et dans d’autres pays. Les enfants de ces réfugiés deviennent des soldats et ce sont eux qui cherchent toujours à rentrer chez eux, mais avec une solution militaire. Il devrait y avoir une discussion honnête à propos de ce problème, si on veut le résoudre une fois pour toute » précise t-il.
Les différentes missions de maintien de la paix, y compris celle de l’Onu, la Monusco, présente depuis plus de 20 ans, ou celles que la RDC a signé de manière bilatérale avec des pays voisins comme le Rwanda et l’Ouganda, ne sont pas parvenues à venir à bout de l’insécurité dans l’est du pays.
Afrika Stratégies France avec Deutsche Welle Afrique