Les dissensions entre les autorités de transition tchadiennes et les principaux chefs rebelles pourraient remettre en cause le dialogue national.
Au Tchad, les autorités de transition militaires peinent à convaincre les principaux chefs rebelles de prendre part au prochain dialogue national.
Au cours d’une conférence de presse animée ce jeudi matin à N’Djamena, le Premier ministre de transition, Albert Pahimi Padacké, a affirmé que le gouvernement n’exclut personne de ce dialogue. Mais la participation des chefs rebelles, au regard de l’histoire politique du Tchad, est loin d’être acquise.
Un dialogue en vue d’une véritable réconciliation nationale est-il possible sans la participation des principaux chefs rebelles ?
Refus de la main tendue
Si une vingtaine de membres des groupes armés qui étaient en exil ont accepté la proposition des autorisations de revenir au Tchad, les principaux chefs rebelles ont refusé cette main tendue.
Selon certaines sources, plusieurs chefs rebelles, craignant pour leur sécurité, auraient réclamé un retour en compagnie de leurs éléments armés pour participer à ce dialogue.
Ce que refusent les autorités de transition militaire. Albert Pahimi Padacké est le Premier ministre de transition. Il rappelle toutes les « expériences de réconciliation » qu’a déjà connues le Tchad.
« En 1978, rappelez-vous, entre le CCFAN (Conseil de commandement des forces armées du Nord dirigé par Hissène Habré) et le CCM (Conseil de commandement militaire) du général Félix Malloum, il y a eu réconciliation à Khartoum et le CCFAN est arrivé à N’Djamena avec armes et bagages. Et le 12 février 1979, c’était la grande guerre dans la capitale. Est-ce que les Tchadiens veulent que les politico-militaires viennent aujourd’hui à N’Djamena avec armes et bagages ? La réponse est certainement non. L’objectif n’est pas de replonger notre pays dans la guerre », expique-t-il.
Il faut convaincre
Mais pour le Togolais Kag Senoussi, président de l’Institut international de gestion des conflits (IIGC) et coordinateur de l’Initiative panafricaine pour le dialogue, la paix et le développement au Tchad, il appartient aux autorités de transition militaire de convaincre ces chefs rebelles. Selon lui, le dialogue ne sera « sincère en vue d’une réconciliation, [qu’avec]la participation de tous les acteurs, y compris les groupes rebelles ». D’où la nécessité selon lui de développer, au sein des autorités de la transition militaire, de « l’art de la négociation. Parce que c’est eux aujourd’hui qui sont au pouvoir ».
Pour appuyer ses propos, Kag Sanoussi cite un adage du Togo : « c’est celui qui est grand qui se baisse pour saluer celui qui est petit et ça ne lui enlève rien ». D’après lui, « tous les travaux que les autorités ont engagés sont des travaux utiles qui doivent être amplifiés. Il faut réussir à instaurer dans les éléments préparatoires à ce dialogue la sensibilisation que nous pensons très importante. ‘’
Un pari difficile à réaliser car les groupes rebelles et les autorités militaires de transition sont plus que jamais méfiants les uns envers les autres. Déjà, fin août, le président du Conseil militaire de transition, le général Mahamat Idriss Deby, s’est opposé à l’idée d’un retour des groupes rebelles tchadiens de Libye.
Afrika Stratégies France avec Deutsche Welle Afrique