Les conteneurs renfermant quelque 2,5 tonnes d’uranium signalés disparus en Libye mercredi par l’AIEA ont été retrouvés dans le sud du pays, a annoncé jeudi un général de l’Armée nationale libyenne (ANL) de l’homme fort de l’Est libyen, Khalifa Haftar. Le général a estimé que les conteneurs avaient été volés avant d’être abandonnés « par une faction tchadienne ».
L’un des deux camps rivaux dans une Libye en proie au chaos a annoncé jeudi 16 mars avoir retrouvé des conteneurs renfermant environ 2,5 tonnes d’uranium naturel, signalés comme ayant disparu par l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA).
Le général Khaled al-Mahjoub, commandant de la direction de la communication des forces de l’Armée nationale libyenne (ANL) de l’homme fort de l’Est libyen, Khalifa Haftar, a indiqué sur Facebook que les conteneurs avaient été retrouvés à « à peine cinq kilomètres » du site où ils étaient stockés dans la région de Sebha, dans le sud du pays.
Il a publié une vidéo montrant un homme portant une combinaison de protection comptant, en anglais, 18 barils de couleur bleue, soit l’ensemble de l’uranium qui était stocké sur le site. « La situation est sous contrôle. L’AIEA a été informée », a déclaré le général Mahjoub à l’AFP.
« Nous sommes au courant des informations de presse selon lesquelles le matériel a été retrouvé et l’Agence s’efforce activement de les vérifier », a réagi l’AIEA à Vienne.
Mercredi, l’AIEA avait signalé la disparition d’environ 2,5 tonnes d’uranium naturel d’un site en Libye, selon une déclaration transmise à l’AFP. Au cours d’une visite mardi, des inspecteurs de l’instance onusienne avaient « découvert que dix conteneurs avec environ 2,5 tonnes d’uranium naturel sous forme de concentré d’uranium (UOC, aussi appelé « yellow cake ») n’étaient pas présents là où ils avaient été déclarés par les autorités », avait écrit le directeur général, Rafael Grossi, dans un rapport aux États membres.
Risques « non négligeables »
Les risques de la disparition de cet uranium sont « limités mais non négligeables », avait alors indiqué un diplomate occidental à Vienne. « La disparition de matières nucléaires pose un problème de garanties et de sécurité nucléaire, d’autant plus que le site n’est pas sous le contrôle de l’autorité de régulation en Libye », selon cette source.
Sur Facebook, le général Mahjoub a affirmé qu’après que la disparition des conteneurs avait été constatée lors d’une visite des inspecteurs de l’AIEA, « une force de l’ANL les a retrouvés à à peine cinq kilomètres du dépôt en direction de la frontière tchadienne ». Il a estimé que les conteneurs avaient été volés, avant d’être abandonnés, « par une faction tchadienne, en croyant qu’il s’agissait d’armes ou de munitions ».
Affirmant que les personnels chargés de surveiller le site étaient postés à une certaine distance pour éviter de s’exposer à des radiations, le général Mahjoub a appelé l’AIEA à leur fournir les équipements de protection nécessaires pour qu’ils puissent le contrôler de plus près. « Assurer la protection d’un tel site nécessite un important effort international » pour éviter les vols et les trafics vers des pays voisins, a pour sa part déclaré une source de sécurité dans le camp du maréchal Haftar.
Profitant du chaos et de frontières poreuses, plusieurs factions tchadiennes et soudanaises ont établi leurs bases arrière dans le Sud libyen, voisin de leurs pays, pour s’y adonner à divers trafics. La Libye traverse en effet une crise politique majeure depuis le soulèvement de 2011 qui a provoqué la chute de Mouammar Kadhafi après 42 années de dictature.
Deux gouvernements se disputent le pouvoir, l’un installé à Tripoli (Ouest) et reconnu par l’ONU, et l’autre basé dans l’Est et soutenu par le camp du maréchal Haftar et le Parlement.
Afrika Stratégies France avec AFP