Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, préoccupé par les violations des droits humains au Mali, appelle dans un rapport remis cette semaine au Conseil de sécurité l’armée de ce pays et ses « partenaires bilatéraux » à respecter lors des opérations antiterroristes leurs « obligations internationales ». « Je souligne le devoir de l’Etat de faire tout ce qui est en son pouvoir pour favoriser la responsabilisation et veiller à ce que ses opérations militaires, y compris celles menées avec ses partenaires bilatéraux, soient menées dans le respect de ses obligations internationales », indique-t-il dans ce document confidentiel obtenu jeudi 31 mars par l’AFP.
En utilisant le terme de « partenaires bilatéraux », le chef de l’ONU vise implicitement les paramilitaires russes de la société Wagner, réputée proche du Kremlin et déployée depuis plusieurs mois au Mali. Son rapport est le premier remis au Conseil de sécurité depuis l’annonce, mi-février, du retrait des missions militaires française « Barkhane » et européenne « Takuba ». Bamako dément recourir aux mercenaires de Wagner, n’admettant qu’un déploiement d’« instructeurs » russes en application d’un accord de coopération bilatéral conclu avec Moscou.
Des opérations aux « conséquences désastreuses »
Au Mali, « la situation des droits humains est restée précaire, principalement en raison d’attaques délibérées et généralisées contre des civils par des groupes armés présumés extrémistes. Dans certains cas, les opérations antiterroristes ont également eu des conséquences désastreuses pour la population civile, en particulier dans le centre du Mali », indique Antonio Guterres dans son rapport. « Certaines des opérations menées par les forces de sécurité nationales pour contrer les activités violentes de ces groupes extrémistes – apparemment aux côtés de membres du personnel de sécurité étranger – ont fait l’objet d’allégations de graves violations des droits humains », affirme-t-il.
« Par exemple, il a été allégué qu’entre le 26 et le 29 janvier, des éléments des Forces armées maliennes (FAMa) ont exécuté sommairement ou arbitrairement au moins 20 personnes (19 hommes et un garçon) et détruit délibérément de nombreuses habitations civiles et d’autres biens lors de trois événements dans la région de Bandiagara », précise Antonio Guterres. « Le 7 février, les FAMa auraient lancé des frappes aériennes sur un hameau près du village de Bouka-were, dans la région de Ségou. Au moins dix civils auraient été tués et plusieurs autres blessés. Cette situation continue d’éroder la confiance entre les militaires et la population touchée », avertit le chef de l’ONU.
Les Nations unies disposent au Mali d’une mission de casques bleus, la Minusma, dont le mandat est renouvelé chaque année en juin et qui comptait au 15 mars 12 266 militaires et 1 720 policiers.
Afrika Stratégies France avec Le Monde Afrique