Mali: des taxes supplémentaires sur la téléphonie, pour les entreprises et les consommateurs

Un projet d’ordonnance dévoilé à l’issue du Conseil des ministres au Mali du mercredi 5 février prévoit une augmentation de la taxe sur l’accès au réseau des télécommunications ouvert au public (Tartop). Cette taxe est payée par les opérateurs téléphoniques. Mais le gouvernement malien de transition annonce également la création de nouvelles taxes, toujours dans le secteur de la téléphonie, qui seront quant à elles payée par les usagers.

La taxe sur l’accès au réseau des télécommunications, payée par les opérateurs, passera de 5 à 7% du chiffre d’affaires des entreprises concernées. Cette augmentation de la fiscalité des entreprises est justifiée par « l’essor prodigieux » du secteur des télécommunications « au cours des vingt dernières années. »

Comment les opérateurs accueillent-ils cette décision ? Y a-t-il un risque de répercussion sur les tarifs appliqués aux usagers ? Sollicités par RFI, ni Orange Mali, ni la Sotelma-Moov Africa, ni Telecel, les trois opérateurs présents au Mali, n’ont souhaité commenter.

Pour Modibo Mao Makalou, président du cabinet de conseil IBS, l’objectif est clair : renflouer les caisses de l’État. « Un projet de loi de finances 2025 a été adopté en décembre, rappelle l’économiste malien, ancien conseiller à la Présidence, les recettes budgétaires vont se chiffrer à 2 649 milliards de francs CFA [environ 4 milliards d’euros], et les dépenses budgétaires à 3 231 milliards de francs CFA [environ 4,9 milliards d’euros]. Il y a donc un déficit d’environ 581 milliards de francs CFA [soit 885 millions d’euros]. Il s’agit pour l’État de combler cet écart. »

Des taxes aussi sur l’achat de crédit ou les boissons alcoolisées

Mais le gouvernement malien de transition ne cible pas seulement les entreprises. Les simples citoyens vont aussi devoir mettre la main à la poche : de nouveaux « prélèvements spécifiques » sont annoncés sur « la consommation des services commerciaux des communications téléphoniques », par exemple les achats de crédit, et « les opérations de retrait dans le cadre des transferts d’argent via le mobile money ».  Aucun chiffre n’est précisé à ce stade, mais c’est bien le consommateur qui va payer.

La taxe sur les boissons alcoolisées sera aussi augmentée.

Alors que les Maliens font déjà face à la cherté de la vie et souffrent du manque généralisé d’électricité, ces nouvelles taxes sur des services utilisés au quotidien pourraient être diversement appréciées.  Les autorités maliennes de transition assurent que cet argent servira à des projets d’infrastructures et de développement social, pour « améliorer les conditions de vie des populations ».

Afrika Stratégies France avec RFI

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