Un influent homme d’affaires a été arrêté lundi au Cameroun dans le cadre de l’enquête sur le meurtre du journaliste Martinez Zogo, qui dénonçait régulièrement l’affairisme et la corruption dans son pays.
Un influent homme d’affaires, Jean-Pierre Amougou Belinga, a été arrêté, lundi 6 février, au Cameroun dans le cadre de l’enquête sur le récent meurtre du journaliste Martinez Zogo, enlevé puis tué après avoir été torturé, ont annoncé son groupe de média et un responsable du ministère de la Communication.
Martinez Zogo était le directeur général de la radio privée Amplitude FM, et animateur vedette d’une émission quotidienne, Embouteillage, dans laquelle il dénonçait régulièrement l’affairisme et la corruption dans ce pays d’Afrique centrale dirigé d’une main de fer depuis plus de 40 ans par un même homme, le président Paul Biya, et son tout puissant parti.
Jean-Pierre Amougou Belinga, réputé proche de plusieurs ministres et hauts responsables de l’État, a été « interpellé (…) aux aurores » et « se trouve actuellement dans les locaux du Secrétariat d’État à la Défense (SED) », l’institution à la tête de la gendarmerie, a annoncé le groupe de médias L’Anecdote, dont Jean-Pierre Amougou Belinga est propriétaire.
« Jean-Pierre Amougou Belinga a été arrêté très tôt ce matin, il est cité comme suspect dans l’assassinat de Martinez Zogo », a confirmé à l’AFP Denis Omgba Bomba, directeur de l’Observatoire national des médias, organe rattaché au ministère de la Communication.
Engagé contre la corruption
Martinez Zogo dénonçait particulièrement au micro de son émission Embouteillage de présumées affaires de corruption dans lesquelles il mettait régulièrement nommément en cause Jean-Pierre Amougou Belinga, propriétaire de nombreux groupes d’entreprises dans les domaines de la banque, des finances, de l’assurance, de l’immobilier et des médias, dont le quotidien L’Anecdote, les télévisions Vision 4 et Télésud ainsi que la radio Satellite FM, tous réputés en faveur du pouvoir.
Plusieurs personnes ont été arrêtées au Cameroun, « fortement suspectées » d’être impliquées dans le meurtre, avait déjà annoncé il y a quelques jours la présidence.
Enlevé le 17 janvier par des inconnus dans la banlieue de la capitale devant un poste de gendarmerie, Arsène Salomon Mbani Zogo, dit « Martinez », 50 ans, avait été retrouvé mort cinq jour plus tard. « Son corps a manifestement subi d’importants sévices », avait annoncé le gouvernement.
Afrika Stratégies France avec AFP