L’un des premiers dirigeants africains à arriver à New York après une escale chez le pape au Vatican, Alassane Ouattara a connu un agenda chargé et actif d’autant que le sort de 46 soldats ivoiriens pris en otage à Bamako était à l’ordre du jour des différentes rencontres. Entre les nombreuses audiences, avec notamment Eric Adams, maire de New York et Antonio Guteres, secrétaire générale de l’organisation des nations unies, Ouattara a pris part à un dîner de travail avec Emmanuel Macron, à une réunion de haut niveau avec le chancelier allemand et au dîner offert part Joe Biden en l’honneur des chefs d’état.
Samedi 17 septembre. Alassane Ouattara arrive à l’aéroport de New York en fin de journée. Il aura droit au repos alors qu’il a bouclé ce même jour une visite d’état en Italie, auprès du président et au Vatican chez le pape François. Dès le lendemain, une audience avec le maire de la ville. Mayor Eric Adams s’est en une demie heure entretenu avec le président ivoirien à qui il a souhaité la bienvenue. Pendant quatre jours, Alassane Ouattara n’aura pas de répit, d’autant que la Communauté économique des états de l’Afrique de l’ouest (Cedeao) a organisé en marge de l’Assemblée générale, un sommet extraordinaire consacré aux soldats ivoiriens détenus à Bamako. Alors qu’ils se sont rendus en mission officielle au Mali et pour des couacs administratifs, la junte malienne a pris en otage 49 militaires ivoiriens, les accusant de mercenariat. Accusation rejetée successivement par le secrétaire général de l’Onu, le président du Sénégal qui préside l’Union africaine mais aussi Embalo Sissoco Umaro, président en exercice de la Cedeao. Même le Nigeria, le principal instigateur de la création de la communauté régionale a récusé les accusations de Bamako. Sachant que le sort de ces soldats se joue en partie dans cette messe internationale, Alassane Ouattara ne s’est donné aucun répit.
Nombreuses audiences
Le président ivoirien a, dès le lendemain de son arrivée le 18 septembre, eu une audience avec le maire de New York. C’est la première rencontre officielle entre les deux hommes d’autant que Mayor Eric Adams n’est maire de la ville que depuis janvier dernier. Afro-américain, ce dernier porte beaucoup d’intérêt aux pays du continent, ce qui a rendu les échanges plutôt cordiaux. Le Maire de New York a salué les progrès importants réalisés par la Côte d’Ivoire au cours de ces dernières années, et souhaité le renforcement de la coopération entre la Côte d’Ivoire et la cité de New York. Une audience à laquelle, outre la première dame, Dominique Ouattara, Kandia Camara, ministre ivoirien des affaires étrangères, Ally Coulibaly, ministre conseiller du président ivoirien et Masséré Touré, secrétaire générale ajointe à la présidence ont pris part. Une autre audience importante, celle avec Antonio Guteres. A l’ouverture de l’Assemblée générale, ce dernier avait dénoncé sur une chaine française la détention de militaires ivoiriens. Début septembre, le secrétaire général de l’Onu s’était entretenu avec Alassane Ouattara, avec à l’ordre du jour, toujours le cas des militaires ivoiriens injustement détenus au Mali. Dès le 20 septembre, c’est la sortie remarquée de Ouattara qui fera date. Il a pris part à l’ouverture officielle des cérémonies et y a tenu un discours sur les enjeux auxquels notre monde est confronté.
Un message vivement salué
Le 21 septembre, l’allocution d’Alassane Ouattara tombe à une heure de grande écoute. Belle aubaine pour le président ivoirien qui à 15h de New York (19 h GMT) gravit les quelques marches qui mènent à la célèbre tribune, gris verdâtre. La salle était encore bien pleine. Ouattara ne traîne pas à planter le décor, « 46 soldats ivoiriens, déployés en qualité de 8e détachement de l’Élément de soutien national (Nse) au sein de la Minusma au Mali, y sont injustement détenus depuis le 10 juillet 2022″ rappelle-t-il avant de réclamer à nouveau » leur libération, sans délai« . La salle est attentive. Un peu plus loin, en guise de conseils, il insistera : « mon pays encourage les autorités maliennes à concentrer leurs efforts sur la lutte contre le terrorisme et à mettre en œuvre, de façon résolue, les différentes étapes du chronogramme de la transition, pour le bien-être du peuple frère du Mali« . Il reviendra sur les enjeux de l’heure, notamment la question environnementale. Pour lui, « la Côte d’Ivoire respectera ses engagements au titre de l’Accord de Paris sur le climat et entend œuvrer à la protection de son patrimoine forestier et de sa riche biodiversité. C’est tout le sens de l’Initiative d’Abidjan lancée à l’occasion de la #COP15 à Abidjan.« . Et face à la crise mondiale engendrée par l’Ukraine, Ouattara lance un appel pressant « aux institutions financières internationales et aux partenaires au développement de l’Afrique » en vue de mobiliser les ressources nécessaires pour soutenir les pays les plus fragiles afin de faire face aux effets multiformes du conflit en Ukraine. Un discours dont la fin est applaudie unanimement.
Des rencontres parallèles
Au-delà des activités liées à l’Assemblée générale, Ouattara a maintenu sa dynamique diplomatique. Il prendra part à un dîner de travail organisé par Emmanuel Macron. Le président français qui est venu l’accueillir à son arrivée au dîner entretient avec son homologue ivoirien d’excellentes relations. Cette rencontre porte les fragilités et conjonctures imposées par l’invasion de l’Ukraine. Le 20 septembre déjà, Alassane Ouattara était convié à une rencontre de haut niveau entre Olaf Scholz, le Chancelier de la République Fédérale d’Allemagne et le groupe des chefs d’état et de gouvernement africains. Les défis mondiaux actuels, notamment la sécurité alimentaire, les changements climatiques, l’approvisionnement en énergie et les infrastructures, les points de vue sur l’Afrique et le rôle de l’Europe dans l’élaboration conjointe d’un ordre multilatéral équitable ainsi que les possibilités d’amélioration de la coopération, ont été au cœur des échanges. Il faut aussi noter l’autre rendez-vous diplomatique de première importance, le dîner qu’offre traditionnellement le président américain. Joe Biden n’a pas manqué de renouer avec la tradition en veilleuse depuis que la pandémie de covid-19 avait empêché des assemblées onusiennes en présentiel depuis 2019.
Rappelons que le débat général, qui s’est tenu du 20 au 26 septembre a eu pour thème « un tournant décisif : des solutions transformatrices face à des défis intriqués », est l’occasion pour les chefs d’état et de gouvernement de débattre sur les défis mondiaux. Depuis 2019 et à cause de la pandémie, c’est la première rencontre physique, ce qui justifie l’enthousiame des participants.
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