Deux explosions, que la police a qualifiées d' »attentat », ont fait au moins trois morts et 33 blessés mardi, dans le centre de Kampala, la capitale de l’Ouganda, déjà théâtre récemment de deux attaques à la bombe. Selon un porte-parole de la police, l’auteur de ce double « attentat-suicide » est un « groupe local lié aux ADF », rébellion islamiste née en Ouganda.
Au moins trois personnes ont été tuées et 33 blessées le matin du mardi 16 novembre dans la capitale ougandaise, Kampala, lors d’un double « attentat-suicide » mené par un « groupe local lié aux ADF », une rébellion islamiste affiliée à l’organisation État islamique (EI), a affirmé la police.
Le gouvernement avait déjà attribué deux attaques à la bombe menées fin octobre à Kampala aux Forces démocratiques alliées (ADF), groupe né en Ouganda et qui a fait souche depuis plus de vingt-cinq ans dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC) voisine, où il est accusé de nombreux massacre de civils.
L’organisation État islamique désigne les ADF comme sa « Province d’Afrique centrale » (Iscap en anglais). En mars, les États-Unis les ont officiellement déclarés affiliés à l’EI.
Les attaques n’ont pour l’instant pas été revendiquées, mais « leurs caractéristiques correspondent aux ADF », a déclaré un porte-parole de la police. Les deux explosions se sont produites à trois minutes d’intervalle peu après 10h locales (7h GMT) dans le quartier d’affaires de Kampala.
La première attaque a été menée à un check-point situé près du quartier général de la police par un homme transportant une bombe dans un sac à dos. La deuxième par deux hommes « déguisés en moto taxis » à proximité de l’entrée du Parlement, selon la police. Les forces contre-terroristes ont arrêté un quatrième kamikaze et « récupéré un engin explosif artisanal non explosé […] chez lui », a précisé Fred Enanga.
Le porte-parole du ministère de la Santé a déclaré sur Twitter que 24 personnes étaient soignées à l’hôpital Mulago de Kampala, dont quatre en état critique. « Suite à l’acte lâche et regrettable de terrorisme, nos personnels de santé travaillent sans relâche pour sauver les vies des blessés », a-t-il écrit.
Le quartier bouclé, les bâtiments en cours d’évacuation
Les attaques de mardi ont semé la panique dans le quartier d’affaires, où des corps « déchiquetés » et « dispersés » jonchaient le sol, selon le porte-parole de la police. Kyle Spencer, directeur exécutif d’une ONG, a entendu les explosions et décrit à l’AFP la panique ayant gagné les personnes se trouvant dans le quartier. « La route du Parlement est fermée, il y a des gens qui pleurent et les autres ne cherchent qu’à quitter la zone », a-t-il raconté. « Tout le monde évacue les immeubles de bureaux et les bâtiments sont verrouillés et personne ne peut plus entrer ».
La détonation près du QG de la police a détruit des vitres, tandis que celle du Parlement a mis le feu à des véhicules garés tout près, selon le chef adjoint de la police. « Nous avons déployé une équipe [dans le secteur] », a déclaré à l’AFP une porte-parole de la Croix-Rouge ougandaise.
Le Parlement a annulé sa session prévue mardi, demandant à ses membres d’éviter le secteur « car les forces de sécurité travaillent dur à rétablir l’ordre ». En début d’après-midi, les alentours du Parlement étaient bouclés par des soldats lourdement armés et des membres de la police scientifique, vêtus de blanc, inspectaient le site. L’ambassade américaine à Kampala a demandé à ses citoyens de rester éloignés de la zone et de suivre les médias.
Deux autres attentats en octobre
Ces attaques « montrent clairement que les groupes liés aux ADF ont toujours la volonté de mener des attaques meurtrières contre des cibles faciles […] avec des kamikazes et des engins explosifs artisanaux », a déclaré le porte-parole de la police.
Kampala a été visée en octobre par deux attentats, attribués par la police aux Forces démocratiques alliées (ADF), groupe rebelle musulman apparu en Ouganda et qui a fait souche depuis plus de vingt-cinq ans dans l’est de la RDC voisine, où il sème la terreur.
L’explosion d’une bombe dans un restaurant de la capitale, le 23 octobre, a tué une jeune serveuse et un attentat suicide dans un bus près de Kampala, deux jours plus tard, a fait de nombreux blessés. La première attaque avait été revendiquée par l’Iscap.
La police ougandaise avait arrêté le mois dernier un certain nombre de membres présumés des ADF, affirmant soupçonner une attaque contre des « installations majeures ». Les ADF sont considérés par les experts comme le plus meurtrier des quelque 120 groupes armés qui arpentent l’est de la RDC, beaucoup d’entre eux étant le produit de deux guerres régionales menées il y a un quart de siècle.
Afrika Stratégies France avec France 24