A une semaine du premier tour, le Collectif « SORTIR du franc CFA » appelle à Paris, les Sénégalais, à voter pour le candidat de leur choix. Après avoir écouté 3 des 5 candidats sur leur position en ce qui concerne » la monnaie coloniale », le Collectif publie un communiqué à la suite des échanges ce lundi.
Très actif sur le continent et au sein des diasporas africaines, le collectif « SORTIR du franc CFA » multiplie des initiatives politiques pouvant en Afrique, contribuer à l’atteinte de ses objectifs. C’est dans ce sens qu’il entend influencer sur la présidentielle du 24 février au Sénégal, proposant aux électeurs les positions des candidats an qu’ils choisissent « le plus apte à défendre ses intérêts » et donc à combattre la monnaie coloniale et favoriser son abolition. A une semaine de la présidentielle sénégalaise, c’est le moment choisi pour un communiqué envoyé à notre rédaction dès sa publication par le collectif. Alors que l’opinion s’attendait à un appel à voter pour Ousmane Sonko, « SORTIR du CFA » laissera les sympathisants du leader de Pastef sur leur faim.
Un choix délicat
Il fallu pour, y arriver, discuter avec tous les candidats à l’exception du président sortant. Idrissa Seck, Macky Sall et Ousmane Sonko se sont tous prêtés à l’exercice, expliquant leur position sur le CFA et comment en sortir pour ceux d’entre eux qui sont contre, à travers divers représentants. Les positions très tranchées de Sonko auraient dû jouer en sa faveur. Sauf que le collectif n’a pas voulu être partisan. Mais cet exercice a aussi permis de retenir que l’opinion africaine est très mobilisée contre cette monnaie commune à 14 Etats de l’Ouest (Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Guinée Bissau, Niger, Mali, Sénégal, Togo) et du centre du continent (Cameroun, Centrafrique, Congo Brazzaville, Gabon, Guinée Equatoriale, Tchad). Pour arriver à la position exprimée à travers son communiqué, le collectif a dû discuter longuement avec chacun des candidats soumis à un rigoureux questionnaire. « Nous avons décidé de ne pas prendre position » insiste Makhoudia Diouf, coordonnateur du collectif dont Afrika Stratégies France publiera une interview sur le sujet. « … rester neutres » ajoute le communiqué.
Sonko, l’ennemi juré du CFA
Il ne s’en est pas caché dès le début de sa campagne. « Le franc CFA est une calamité » clame l’ancien inspecteur des Impôts. Le candidat de Pastef joue sur les comparaisons, notamment avec les pays qui ont leurs propres monnaies, « ils s’en sortent mieux » constate-t-il. Il dénonce aussi par la même occasion le fait de garder au trésor français la moitié des devises des pays utilisant cette monnaie en guise de garantie. Mais il n’aura pas le soutien explicite du collectif, ni même aucun autre candidat. Le communiqué fait juste part des diverses positions. Macky Sall a toujours été un défenseur de la monnaie communautaire comme le rappelle le communiqué qui la qualifie de « mauvaise monnaie ». Le porte parole de Idrissa Seck, Abdourhamane DIOUF pense que « le franc CFA va mourir de sa belle mort.», alors que Madiacké Niang et Issa Sall n’ont pas voulu répondre clairement à la question dans le cadre de cette consultation.
Mais une chose est certaine, plus aucune élection présidentielle dans l’un des 14 pays n’échappera au débat sur le CFA. Après les états généraux du CFA qui ont eu lieu ce weekend à Bamako, la société civile anti-CFA s’est donné rendez-vous à Rome, le 23 prochain, pour une géante manifestation soutenue par le gouvernement italien.
Yasmina Fadhoum, Paris, Afrika Stratégies France