La mort en début de semaine du directeur des transports routiers du Togo a suscité une vive émotion. Deux jours plus tard, une désinfection des bureaux ce mercredi pour de « sérieux soupçon au covid-19 » a mis en panique le service. Le débat est plus que lancé sur le maintien en place des services publics alors que la pandémie ne cesse de croitre en ampleur dans un pays totalement démuni.
Médias et réseaux sociaux ont relayé en début de semaine la mort de Kokou Agbokpe, le directeur des transports routiers du Togo. Proche de la presse locale, sa mort, survenue « à la suite d’une courte maladie » a ému tout le pays alors que le nombre de cas confirmés du Covid-19 tourne autour du millier dans ce pays où les infrastructures sanitaires sont inexistantes. Depuis, la panique s’est emparée de ses services. De « sérieux soupçons » du coronavirus autour de ce décès ont obligé les autorités à procéder à une désinfection de la direction des Transports routiers avant une confirmation dans la foulée. Panique aussi au ministère des transports routiers où il a eu récemment deux séances de travail avec son ministre de tutelle. Réélu à la suite d’une présidentielle fortement contestée en février dernier, Faure Gnassingbé peine à constituer un nouveau gouvernement. Le président togolais préfère gérer la phase critique du Covid-19 avec l’équipe en place.
Un décès qui a ému le pays
Tout est parti de posts de journalistes et des messages sur les réseaux sociaux. A la suite d’une maladie d’à peine une courte semaine, Kokou Agbokpe a rendu l’âme, sur place à Lomé alors qu’il suivait des soins intensifs à la suite d’une infection au Covid-19. Si la raison de sa mort a été gardée secrète pendant deux jours, les diverses opérations des services d’hygiène ont fini par mettre la puce à l’oreille avant une confirmation en début d’après midi. Le directeur des transports routiers est décédé de la pandémie qui fait ravage dans le pays. Avec ses 11 millions d’habitants et surtout, un système de santé en délabrement, le Togo peine à faire face à la pandémie. Ce même jour, une équipe de médecins et d’infirmiers cubains venus prêter main forte a été priée de quitter le pays. Et pour cause, leur présence dérange les médecins locaux qui s’agacent de ce « qu’on ne leur fait pas suffisamment confiance » selon plusieurs sources gouvernementales contactées par Afrika Stratégies France. Une désinfection des bureaux et locaux de la Direction des transports routiers, en périphérie de Lomé, a eu lieu et le bureau du patron défunt a été placé sous verrous alors que quelques jours avant son hospitalisation, Kokou Agbokpe a multiplié des rencontres avec les responsables des services centraux. Des quarantaines sont en cours.
Victime du Covid-19
La désinfection des bureaux s’est faite sans trop de bruit pour ne pas alerter collaborateurs et employés. Ce mercredi, autour de 14h (GMT) les lieux ont été pris d’assaut par des forces de l’ordre et de sécurités ainsi que par des agents de la santé publique alerté par une décomposition rapide du cadavre et des symptômes d’étouffement avant le décès. Les services sanitaires et plusieurs agents de santé se sont rendus au nord de Lomé, la capitale du Togo où siège la direction et ont fait déguerpir systématiquement tous les agents et autres collaborateurs. La désinfection du bâtiment qui héberge son bureau a eu lieu et selon les dernières informations qui nous sont parvenues, plus de 30 personnes ont été placées en quatorzaine et parmi elles, au moins 5 présentent des symptômes du Coronavirus. Gilbert Bawara, ministre de la fonction publique réfléchit à un plan pour « davantage protéger les fonctionnaires et cadres de l’administration » publique. Le Colonel Mohaman Djibril qui coordonne la lutte contre la pandémie a signalé ce jour « des nombreux foyers de contamination« . En tout, 988 cas ont été testés positifs ce mercredi dont une vingtaine de décès et 300 cas encore actifs. Le pays semble démuni pour faire face à la situation. Le président de la République du Togo qui a fait une brève apparition aux funérailles de l’ancien Premier ministre ivoirien, Amadou Gon Coulibaly, mi-juillet, s’est auto bunkérisé depuis trois mois. « Pour être en sécurité face au covid-19 » selon un de ses proches ministres.
Afrika Stratgies France