Alors que les chiffres de la Banque centrale des états de l’Afrique de l’ouest (Bceao) lui confèrent sans ambiguïté sa place de tête de peloton dans l’Uemoa en ce qui concerne l’inclusion financière, le Togo s’est insidieusement retrouvé à la 2e place. Et pour cause, le remplacement malencontreux des données de 2022 par ceux de 2020. Une erreur qui, bien que rectifiée par un communiqué, peine à lever l’équivoque dans l’opinion. Explications !
En 2020 déjà, alors que les réformes ont commencé depuis 2015 et le 2e mandat de Faure Gnassingbé à porter leurs fruits, le Togo était 2e en termes de l’inclusion financière au niveau de l’Union économique et monétaire ouest africaine (Uemoa). Et en deux ans, le pays a décroché la première place. Sauf que le communiqué du conseil des ministres du mercredi dernier a repris, par mégarde sans doute, de trop vieux chiffres. Un couac que le ministère en charge du secteur s’est empressé de rectifier, suscitant un second communiqué. Mais l’emballée de la presse et l’instantanéité des réseaux sociaux ont eu quelque peu de la communication sur cette percée. Le premier communiqué a été largement repris, ce qui n’empêche pas de corriger le tir.
Les chiffres qui parlent d’eux-mêmes
Déjà en 2020, le taux d’inclusion financière avait connu un rebond allant jusqu’à 81,5% alors qu’il n’était que de 72,5 en 2016. Il a été naturellement accompagné d’une sensible remontée du taux de bancarisation, de 70,8% à 80,04% sur la même période, les deux facteurs allant souvent de pair. Des chiffres qui ont permis au Togo d’être placé en 2e position, une performance dont le pays ne s’est pas contenté. Dès 2021, le ministère de l’Inclusion financière et de l’Organisation du secteur informel a réaffuté ses armes et les résultats ne se sont pas fait attendre. Le taux d’inclusion financière est vite passé de 82,72% en 2021 à 85,72% l’an dernier, gagnant 3 points alors que celui de bancarisation a dépassé un regain de plus de 4 points passant de 80% à 84,18%. Le Togo est donc l’état membre le plus performant dans ces domaines au niveau de l’Uemoa. Ces performances ne sont pas que l’œuvre de Mazamesso Assih, jeune ministre de tutelle et son équipe mais aussi sont-elles dues à l’attention particulière que porte le chef de l’état à la question. D’ailleurs, Faure Gnassingbé a rattaché directement à la présidence ce ministère au cabinet duquel l’on « ne veut pas commenter le couac », ce sont des erreurs « qui peuvent arriver » et l’équipe préfère se concentrer pour maintenir le plus longtemps possible la première place. Mais la rectification vaut la peine, les résultats étant dus à de colossaux efforts de part et d’autre.
Un ensemble de mécanisme cohérent
Les performances jamais égalées par un état dans la sous-région dans les domaines cités ont été obtenues grâce à un ensemble d’instruments cohérents, mis en place progressivement par le gouvernement. Il s’agit notamment, au-delà du Fonds National de Finance Inclusive (FNFI) en 2014, de la Stratégie Nationale d’Inclusion Financière (SNIF) adoptée en 2021. Le FNFI a porté rapidement ses fruits avec 106,19 milliards de FCFA de crédit jusqu’à la fin de l’année 2022 mais surtout, un autre aspect important, le conséquent taux de remboursement qui est de 94,45%. Ainsi, le système peut compter sur la régularité du remboursement pour tenir. Finalement, plus de 1,83 millions de personnes en ont bénéficié dans tout le pays. Un nouveau produit comme N’KODEDE a doublé le plafond de prêts qui était de 5 millions, ce qui conforte les ambitions des entreprises bénéficiaires. Avec un taux de pénétration en constante progression, 589 points en 2021 contre 422 l’année précédente ou encore l’indice synthétique d’inclusion financière qui, de 0,467 en 2019 est passé à 0,564 en 2020 et l’accompagnement assidu du chef de l’état, les performances devraient continuer. Elles s’inscrivent dans un ensemble qui conforte la vision du président Faure Gnassingbé et promet un lendemain encore plus alléchant pour le Togo qui doit son salut à des réformes constantes.
Une succession de réformes
C’est un ensemble de réformes qui ont permis au Togo d’atteindre, en moins d’une décennie, sa vitesse de croisière sur ces performances d’inclusion financière et de bancarisation. Portées par le Fonds national de la finance inclusive, créé en 2014, ces réformes ont été accélérées par la création d’un ministère dédié « à la problématique de financement des couches les plus vulnérables » selon un récent document dudit ministère consulté par Afrika Stratégies France. Mais mieux, ce sont de multiples réformes cohérentes et complémentaires qui impactent l’ensemble de l’économie. Le climat des affaires est plutôt des plus assainis du continent avec d’élogieux classements internationaux. La maitrise de l’inflation, le suivi de l’endettement, la réduction sensible de l’extrême pauvreté grâce à de multiples mesures sociales et la résiliation des populations portent l’économie et la conforte malgré l’épidémie de covid-19. La croissance économique qui a été de 5,9% en 2022 devrait persister sur sa courbe montante comme un couronnement des efforts des dirigeants et des populations.
Si le Togo a décroché aujourd’hui la première place, c’est donc la résultante de la convergence de nombreuses initiatives et réformes. Un choix dans lequel Faure Gnassingbé semble vouloir maintenir le cap, puisqu’il ne sert à rien de changer une stratégie gagnante. En attendant, le Togo peut se réjouir d’avoir décrocher la première place de l’inclusion financière devant la Côte d’Ivoire, le Bénin, le Sénégal ou encore le Burkina Faso, le Mali, le Niger et la Guinée Bissau.
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