Longtemps « Service » dédié, le Bureau Port de l’Office togolais des recettes (Otr) est devenu récemment une direction. Au-delà du fait d’en renforcer le dynamisme, cette nouvelle stature conforte la posture stratégique de ce pôle. Akaya Piguendéléwè dont les choix correspondent à la vision du gouvernement s’est fait pour mission première d’atteindre 70% des revenus de l’office tout en multipliant par deux d’ici la prochaine décennie son apport au budget national.
L’Office togolais des recettes (Otr) est le principal contributeur au budget de l’état. Ce pôle financier est une cumulation ingénieuse de deux services fiscaux, la Direction générale des Impôts et celle des Douanes. Un prototype copié sur l’exemple rwandais et parfaitement perfectionné par adaptation aux réalités de terrains. « Un coup de génie » rétorque Philippe Tchodié, son Commissaire général. Un avis largement partagé par Akaya Piguendéléwè. Le nouveau directeur du bureau Otr Port en est persuadé, « cela a relancé le dynamisme, conforté notre apport et surtout, assaini les canaux de fraudes« . Son service récemment transformé en direction est le poumon du dispositif avec environ 65% des recettes de l’Office, ce qui en fait le nœud cardinal de la machine. Son triptyque, la dématérialisation, le renforcement des ressources et la compétitivité. Une vision construite dans l’antichambre de la présidence et soigneusement mise en place par le Commissaire général et son équipe.
Le défi de la dématérialisation
Dans le parking du service des Douanes du port autonome de Lomé, en périphérique est de la capitale, quelques véhicules administratifs. Les centaines voire les milliers de transitaires qui y pavanaient ont disparu sans crier gare, « tout se fait en ligne maintenant » précise le directeur. Pour Akaya Piguendéléwè, cela a trois avantages subséquents, « l’économie en paperasse, la rapidité des opérations et la traçabilité » qui permet « d’écarter les possibilités de fraudes« . A cela s’est ajouté une coopération plus accrue entre les lieux de provenance de marchandises et le pôle d’alerte de Lomé. « En temps réel, nous savons ce qui vient, d’où il vient, les conditions de transport et même la valeur » insiste celui qui, jusqu’en 2021, était chef service avant de revenir en début de cette année avec une stature nouvelle, celle de « directeur ». Si certains agents de douanes qui pouvaient profiter des faux frais pour faire fortune récriminent sans crier, l’immense majorité est satisfaite et enthousiaste. « La présomption permanente de fraudes qui pèse sur nous est dissipée par les nouvelles donnes » se réjouit l’un d’entre eux et surtout, « nous sommes mieux traités ». Le secteur de douanes étant assimilé aux magouilles et corruptions tous azimuts, la dématérialisation et l’assainissement des canaux ont imposé des primes et indemnités. « C’est un honneur que d’être bien traité et de servir son pays sans être assimilé à un corrompu » esquisse Akaya Piguendéléwè. Mais l’objectif final, prévient-il, « c’est de mobiliser de l’argent pour notre pays ». Et il interprète son retour au Port « comme un appel à mieux faire dans ce sens ».
Conforter la contribution au budget
L’année dernière, sur les 814 milliards attendus, 504 avaient été collectés entre janvier et juillet 2022. « Preuve qu’on peut faire mieux » déduit le directeur Ort-Port. Environ 65% proviennent de sa direction, dont le gouvernement attend encore beaucoup plus dans les années à venir. Cela passe, détaille Akaya Piguendéléwè « par une stratégie harmonieuse qui intègre nos réalités » mais aussi et surtout, « la motivation des troupes douanières et l’efficacité des systèmes de contrôles ». Depuis son retour au Port, le nouveau directeur dont la méthode est basée sur la consultation et la concertation multiplie des rencontres. Et puisque déjà entre 2019 et 2021, sa méthode a porté de fulgurants fruits, il entend garder le cap, « tout en améliorant » car selon lui, « aucune méthode n’est parfaite ». D’ailleurs bien que l’opinion s’accorde à saluer son pragmatisme, lui, jette des fleurs à son prédécesseur, « il a fait ce qu’il pouvait avec les moyens dont il disposait » constate-t-il. Mais Akaya Piguendéléwè ne doute pas de ce que les nombreux échanges avec les collaborateurs du président de la Républiquel’ont beaucoup aidé dans son approche globale. « La secrétaire générale de la présidence qui a fait de longues années dans des institutions internationales n’a manqué aucune occasion de nous aider » s’époumone-t-il, rappelant « la confiance du chef de l’état qui a été primordiale ». Une confiance renouvelée au Commissaire générale, Philippe Tchodié et qui, par lui, leur arrive à eux tous, directeurs de divers secteurs « comme un appel insistant à mieux faire ». Le nouveau directeur de l’Otr Port tient aussi à l’œil le défi de la concurrence.
Rester fortement concurrentiel
Le Togo bénéficie, contrairement à ses voisins d’un port en eaux profondes, capable de recevoir toutes catégories de bateaux. « Les divers investissements ces dernières années ont permis d’être dans les standards internationaux » selon Akaya Piguendéléwè. Il faut donc, pour lui, ajuster les tarifs en fonction des autres pays de la sous-région afin de rester compétitif. « L’inter land doit rester notre partenaire de premier choix » concède-t-il. Malgré les bouleversements liés à la pandémie de Covid-19 et les crises politiques au Burkina Faso et au Mali, il veut maintenir la dynamique d’un Port de Lomé attrayant. « A prix égaux avec nos voisins, notre rapidité est un atout » car le plus insupportable pour l’opérateur économique, lance-t-il, « ce n’est pas le coût seulement mais surtout la rapidité qui amoindrit les frais« . Et à chacune de ses rencontres avec le chef de l’état, le défi de la rapidité revient sans cesse. Un facteur intégré par le Commissariat général et qui rejaillit au Port de Lomé. « Nous sommes la voie d’entrée de la plus grande quantité de marchandises » et donc, « la rapidité doit être notre crédo« . Au mois de janvier lors de notre passage au port de Lomé, Akaya Piguendéléwè a qui la corporation affuble le surnom d’homme des réformes travaillait déjà assidûment sur sa stratégie interne. Trois mois après, les premiers fruits portent à l’horizon, « dans les prochaines années, nous devons multiplier par deux au moins nos recettes » promet-il, rappelant que « la fraude zéro est à portée de mains« .
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